"Ca ne doit plus jamais arriver !" : après l'agression d'un arbitre en plein match, le football amateur d'Indre-et-Loire face à une grève historique

Les arbitres ont fait valoir leur droit de retrait et ne seront pas sur les pelouses durant deux week-ends. À leurs places : des joueurs, dont certains ont la mauvaise habitude de critiquer le corps arbitral.

Article rédigé par Thomas Giraudeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un arbitre de football lors d'une rencontre amateur. (SALINIER QUENTIN / MAXPPP)
Un arbitre de football lors d'une rencontre amateur. (SALINIER QUENTIN / MAXPPP)

C'est une décision radicale : deux week-ends sans arbitre sur les terrains de football d'Indre-et-Loire. Les arbitres du district de football de Tours ont exercé leur droit de retrait après l'agression violente de l'un des leurs, au début du mois de mars : un joueur, mécontent d'une décision, s'en est pris physiquement à l'arbitre en plein match. Bilan : quatre jours d'arrêt de travail et une plainte déposée contre le joueur. Le joueur encourt jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. Son club, l'US Montbazon, s'est lui retiré de toutes les compétitions jusqu'à la fin de la saison et l'entraîneur a démissionné.

En s'éloignant des pelouses les deux prochains week-ends, "Pour les clubs, ça va être très compliqué. C'est mettre éventuellement en difficulté des bénévoles", reconnaît le président de l'association des arbitres amateurs en Indre-et-Loire, Damien Bouchaillou. Un trésorier, un secrétaire de club, des joueurs devront donc prendre le sifflet pour remplacer l'arbitre officiel, sinon, le match est annulé. "Il y a peut-être certains joueurs qui vont se dire qu'ils vont pouvoir davantage contester, mais c'est avant tout une réelle prise de conscience : ça ne doit plus jamais arriver !", souligne-t-il.

"C'est très facile de critiquer l'arbitre"

Ce dernier aimerait par exemple que les clubs mettent au sifflet les joueurs habitués à contester les arbitres. C'est d'ailleurs ce que va faire Nicolas Moreau, à la tête du FC Bourgueil : "C'est le meilleur moyen de leur faire comprendre le rôle de l'arbitre. C'est très facile d'être sur le banc de touche ou d'être dans son rôle et de critiquer l'arbitre, qui n'a pas vu ceci ou cela... L'arbitrage est un rôle compliqué, il faut être calme, raisonné et attentif. En les obligeant à le faire, ça leur permet de se rendre compte de la situation", précise-t-il. 

Le président du district d'Indre-et-Loire, lui, aurait voulu aller plus loin pour marquer le coup. "Un week-end sans foot, on ne joue pas ! Dans certains départements, une agression comme il y a eu là, ils en ont une ou deux par week-end", regrette Philippe Gallet, qui craint que ces violences poussent certains à ranger définitivement le sifflet. On compte aujourd'hui environ 20% d'arbitres en moins qu'il y a cinq ans.

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