CAN 2024 : Jean-Louis Gasset, guide de la Côte d'Ivoire face à la pression de tout un peuple
Après trois éditions sans atteindre le dernier carré, la sélection emmenée par le septuagénaire français devra réussir à dominer la dimension émotionnelle de cette Coupe d'Afrique, qui débute samedi sur ses terres.
Voilà 10 ans que le pays attend ce moment. Initialement désignée en 2014 comme hôte de l'édition 2021 de la Coupe d'Afrique des nations, la Côte d'Ivoire va enfin commencer à vibrer, samedi 13 janvier, avec le match d'ouverture du tournoi, opposant ses Eléphants à la modeste Guinée-Bissau. Le tout après deux reports, pour des raisons organisationnelles et météorologiques qui n'ont fait qu'accentuer la pression autour de la sélection, poussée par 27 millions d'Ivoiriens.
A la tête de l'équipe, le Français Jean-Louis Gasset (70 ans). Nommé sélectionneur en mai 2022 à la suite de trois opérations maintien réussies en Ligue 1 avec Montpellier, Saint-Etienne et Bordeaux, l'illustre adjoint de Laurent Blanc, notamment chez les Bleus (entre 2010 et 2012) est attendu au tournant. "Quand tu organises une telle compétition, toute la nation est mobilisée. Avec la Côte d'Ivoire, tu ne peux pas espérer moins qu'une place dans le dernier carré, assure Patrice Beaumelle, le prédesseur de Gasset sur le banc ivoirien, qui officie désormais au MC Alger. Déjà lors de mon premier passage chez les Eléphants [en tant qu'adjoint d'Hervé Renard de 2014 à 2015], c'était une grande fierté pour ce peuple de savoir qu'ils allaient accueillir le plus grand événement africain. Les gens n'avaient que cela à la bouche."
Neuf années de frustration à évacuer
"Aujourd’hui les attentes sont énormes autour du sélectionneur, confirme Choilio Diomandé, directeur de la publication du magazine Abidjan Sport. Depuis le sacre à la CAN 2015, il n'y a plus rien eu. Pourtant, les Ivoiriens se disent qu'il y a mieux à faire avec tout le vivier qu'on a", assure-t-il en faisant référence aux trois Coupes d'Afrique sans passer le stade des quarts de finale et aux deux Coupes du monde manquées. Sur le papier, les pachydermes disposent en effet d'un effectif de grands talents. Outre le buteur de Dortmund, Sébastien Haller, revenu à temps de blessure à la cheville ou encore l'ex-Barcelonais Franck Kessié au milieu, de nombreuses têtes connues de Ligue 1 composent la liste de 27 joueurs appelés : Serge Aurier, Nicolas Pépé, Jérémie Boga et Seko Fofana.
Mais si la Côte d'Ivoire se pose en favorite du groupe A (où se trouvent Nigeria, Guinée équatoriale et Guinée-Bissau), elle ne sort pas particulièrement du lot au moment de jauger les nombreux candidats à la victoire finale. La faute aux multiples critiques qui ont émaillé le début de mandat de Jean-Louis Gasset. "A son arrivée, il y a eu beaucoup de débats sur ses qualités et son âge avancé. Ce n'est que très récemment que les regards ont commencé à changer, détaille le journaliste ivoirien, insistant sur les deux matchs amicaux d'octobre, où les Eléphants ont tenu en échec le Maroc (1-1) et l'Afrique du Sud (1-1). Le fait d'accrocher un demi-finaliste du Mondial dans un match référence a fait positivement évoluer l'image de Gasset auprès du peuple".
Le déclic est intervenu l'été dernier au sortir d'un revers cinglant en Zambie (3-0), qui a conduit l'Héraultais à remodeler sa défense en attirant trois nouveaux joueurs, vite installés dans le onze : Ousmane Diomandé (Sporting) et Evan Ndicka (Roma) en charnière, ainsi que le jeune gardien d'Angers Yahia Fofana. Depuis leurs débuts, les Eléphants ont encaissé deux fois moins de buts en moyenne. "On l’a vu encore lors du dernier match amical contre la Sierra Leone [victoire 5-1, samedi] lorsque Gasset a procédé à une revue d'effectif à la mi-temps. Sans eux, la défense était à la rue et se rendait coupable de beaucoup de fautes", souligne le journaliste.
Gasset, meneur d'hommes
S'il semble désormais avoir trouvé la bonne formule sur le terrain, le grand défi pour Jean-Louis Gasset sera néanmoins de trouver les ressorts pour "permettre à son groupe de se sublimer" en utilisant positivement la pression populaire, "un peu à la manière de France 1998", selon Patrice Beaumelle. "Il faut arriver à créer une bulle autour de la sélection, réussir pendant les matchs à tirer profit d'un soutien qui s'annonce énorme pour les Eléphants à domicile, puis vite retourner en vase-clos pour ne pas trop y laisser d'énergie", estime-t-il en fin connaisseur, fort de ses sept participations à la CAN, pour deux titres avec la Zambie et la Côte d'Ivoire lorsqu'il était adjoint.
"En Afrique, cette composante humaine est primordiale pour aller au bout, poursuit Patrice Beaumelle. A chaque tournoi, tu crées un lien, une histoire avec ton groupe. C'est une affaire de partage, d'authenticité. Il y a une proximité que tu ne retrouves pas souvent en Europe, où tout est plus aseptisé. Jean-Louis Gasset va devoir forcément faire de l'humain". Un mode de fonctionnement qui devrait coller à celui que l'on présente souvent comme le génie tactique qui chuchotait à l'oreille de Laurent Blanc, au point que Zlatan Ibrahimovic le décrive comme "un type vraiment fantastique" durant ses années PSG.
"Des personnes comme lui dans le football, il n'y en a plus beaucoup. Quand il est arrivé à Bordeaux, il avait essayé de connaître les hommes avant de connaître les footballeurs. Il trouve toujours les bons mots, même quand vous êtes moins bons, pour vous redonner confiance", témoignait sur TF1 Matthieu Chalmé, qui l'a côtoyé lors de la saison du dernier titre des Girondins en 2009. De quoi faire espérer toute la Côte d'Ivoire, qui rêve que le sélectionneur reste dans la mémoire des Eléphants.
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