Affaire Paulo Fonseca : "Depuis quelques semaines, on est passé à un stade supérieur" dans les tensions, dénonce le porte-parole des arbitres
Olivier Lamarre, qui fait partie du Syndicat des arbitres professionnels (Safe), tance le coup de sang de l'entraîneur de l'Olympique lyonnais, Paulo Fonseca, contre l'arbitre de la rencontre de Ligue 1 entre Lyon et Brest, dimanche.
C'est un nouveau dérapage envers l’arbitrage français. Une semaine après les propos déplacés de Pablo Longoria, le président de l'OM qui avait crié "à la corruption", c’est l'entraîneur de l'Olympique lyonnais, Paulo Fonseca, qui est sorti de ses gonds, dimanche 2 mars. Alors que son équipe affrontait Brest dans le cadre de la 24e journée de Ligue 1, le technicien portugais est allé provoquer, presque front contre front, l'arbitre du match, Benoît Millot, qui venait de lui adresser un carton rouge.
Dans un contexte de plus en plus tendu entre dirigeants, entraîneurs, joueurs et arbitres, Olivier Lamarre, porte-parole du syndicat des arbitres de football élite (Safe), revient pour franceinfo: sport, sur les conséquences de ce énième "coup de sang".
franceinfo: sport : Actif au sein du Safe depuis plus de dix ans et ancien arbitre en Ligue 1 et Ligue 2 entre 1995 et 2009, de quelle manière avez-vous vu évoluer les actes violents, brutaux, envers les arbitres ?
Olivier Lamarre : Dans le monde professionnel, on a toujours été habitué à ce que des dirigeants, des joueurs, des entraîneurs critiquent des décisions arbitrales. Mais là, depuis quelques semaines, on est passé à un stade au-dessus. Entre des accusations de corruption, avec des regrets exprimés derrière et une menace physique, une intimidation qu’on pourrait même qualifier de brutalité parce qu'il y a un tête contre tête, on a franchi des limites.
Avez-vous la sensation que les propos déplacés de Pablo Longoria ont fait sauter un verrou et qu’à présent, certaines personnes se sentent plus libres d’avoir des comportements inappropriés avec les arbitres ?
Je ne l'espère pas. Je veux croire que M. Fonseca est peut-être la seule personne dans le foot professionnel qui n'a pas entendu la semaine dernière l’appel au calme que tout le monde a lancé, que ce soit la ministre des Sports, le président de la Fédération, le président de l'équipe de football professionnel, les médias.
J'ai assisté la semaine dernière au conseil d'administration de la Ligue de football professionnelle (LFP) - où je représente les arbitres - et nous avons eu ce débat-là. Tous les présidents ont dit qu'on avait une responsabilité énorme vis-à-vis des gens qui nous regardent, vis-à-vis des gens qui viennent dans les stades, vis-à-vis des gens qui aiment le foot. Donc il faut que l'on soit attentif, sinon on ne sait pas jusqu'où peuvent aller certaines personnes influençables par les propos qui seraient déplacés, et qui pourraient aller commettre l'irréparable.
Comment expliquez-vous cette montée de la violence envers les arbitres ?
On arrive à une partie du championnat où tout le monde est un peu sur les nerfs, où il y a des enjeux plus grands. Mais c'est comme ça tous les ans, à la même époque. Sauf que là, ça va plus loin. Je pense que certains se trompent de combat en mettant sur l'arbitrage les raisons de leurs difficultés.
En plus, dans le cas de M. Fonseca, il s'énerve alors que la décision de l'arbitre va aller dans son sens [le pénalty n’a pas été accordé à Brest]. C'est de toute façon inexcusable, mais c'est encore plus incompréhensible. C'est en cela que je dis que c'est une faute grave. Une faute grave envers le football professionnel, envers l'image qu'on veut donner, envers l'image qu'on donne aux jeunes qui jouent dans leur club, aux amateurs de foot qui jouent tous les dimanches.
Justement, quel impact cette situation a-t-elle sur le football amateur ?
Quand un entraîneur professionnel fait ça, ou un acteur du foot professionnel, il donne un mauvais exemple et certains, après, s’autorisent à le faire au niveau départemental ou régional. Chaque année, plusieurs centaines d'arbitres se font casser la figure au niveau amateur. Il y a un impact direct.
Par conséquent, peut-on craindre une raréfaction du nombre d'arbitres en France ?
Bien sûr. Le jeune qui débute l'arbitrage, qui apprend son métier d'arbitre, à force d'avoir autour de lui un environnement hostile, il peut avoir envie d'arrêter. Je crois qu'il y a 30% des nouveaux arbitres qui arrêtent au bout d’un an parce que c'est trop dur. On doit les aider, notamment les jeunes qui débutent.
Pour vous, quelles sanctions doivent donc être infligées à Paulo Fonseca ?
Il faut que la sanction soit absolument exemplaire pour que tous les acteurs du foot professionnel comprennent qu'on ne peut pas réaliser ce type de dérapage. La commission de discipline doit respecter une procédure juridique très stricte, donc elle ne pourra pas inventer des choses qui n'existent pas dans le code disciplinaire. Mais on ne comprendrait pas qu'après ce qu'il a fait, M. Fonseca puisse coacher depuis son banc de manière libre pendant de nombreuses semaines, de nombreux mois. Ce qui s'est passé est grave, c'est a minima de l’intimidation, c'est même de la brutalité puisqu’il y a eu un contact. Et la brutalité, c'est plusieurs mois de suspension, c’est une faute grave.
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