Ligue 1 : "Un match comme un autre", "On s'en fout d'eux"... Pourquoi il n'y aucune rivalité entre l'OM et le Paris FC

L'Olympique de Marseille reçoit le Paris FC pour son premier match de championnat au Vélodrome, samedi, à 17 heures.

Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Mason Greenwood et Maxime Lopez. (AFP)
Mason Greenwood et Maxime Lopez. (AFP)

Après une semaine riche en émotions, marquée par l’affaire Rabiot-Rowe, l’Olympique de Marseille espère se remettre la tête à l’endroit en Ligue 1, samedi 23 août, face au Paris FC. Cette rencontre de la 2e journée est un véritable évènement : pour la première fois depuis dix ans, des supporters parisiens sont autorisés à se déplacer au stade Vélodrome. Une première depuis le 5 avril 2015, et une victoire 3-2 du PSG. Ce qui amène à s’interroger sur les rapports entre l’OM et le PFC, puisque cela reste un Marseille-Paris, dans les faits.

La Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) a d’ailleurs classé la rencontre à 4 sur 5 sur l’échelle des risques, alors que seulement 150 supporters parisiens - bien identifiés par les dirigeants du PFC - ont été autorisés à faire le déplacement en bus depuis la capitale. "C’est quand même un évènement, parce que ce n’est pas neutre de faire venir des Parisiens à Marseille, même si c’est le PFC. C’est signe que la préfecture est prête à faire l’effort d’encadrer des déplacements", souligne ainsi Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste du monde des tribunes.

Un Paris FC à l'accent marseillais

Difficile pourtant de parler de rivalité entre les deux clubs, qui ne se sont affrontés que huit fois (cinq victoires pour l’OM, deux nuls, une défaite), la dernière opposition remontant à 1982. "Accepter un déplacement encadré peut donc paraître normal puisqu’il n’y a pas d’antécédents. Mais c’est quand même un évènement parce que les autorités sont généralement frileuses sur les déplacements de supporters. C’est donc un signe d’ouverture de la part de la préfecture", apprécie Nicolas Hourcade. 

"Il n’y a pas de contentieux entre les deux clubs, ni sur le terrain, ni en tribunes. Il n’y a aucune rivalité sportive. Il n’y a aucun joueur au PFC qui pourrait être perçu comme problématique par les supporters marseillais. Et il n’y a pas non plus de rivalité entre supporters. Le contexte est plutôt sain", évacue le sociologue. Même son de cloche du côté des tribunes des deux clubs. Interrogés, les Ultras Lutetia du Paris FC ont été francs : "C’est un match avec aucune rivalité entre les deux clubs. Pour nous, c’est une équipe comme les autres."

Du point de vue parisien, les rivaux sont plutôt les voisins franciliens croisés lors des années Ligue 2 comme le Red Star, Créteil et Orléans. En attendant peut-être de lutter avec le PSG. À Marseille, Fred balaye vite une éventuelle rivalité avec le PFC : "On s’en fout, il n’y a pas d’animosité, ce n’est pas un match particulier. C’est comme jouer le Havre ou autre". Avant d’ajouter, en souriant : "Et si ça peut nous permettre d’enfin battre des Parisiens en Ligue 1...". Mais alors, quelle différence les Marseillais font-ils entre un Parisien du PSG et un Parisien du PFC ?

"La rivalité Marseille-Paris, c’est un mythe. On sait qu'elle est née dans les années 1990 avec Bernard Tapie et Canal+, pour faire mousser le championnat et avoir un 'clasico' français", balaye Benjamin, abonné dans le virage sud du Vélodrome, et qui rappelle que "les rivaux historiques de l’OM sont d’abord Toulon, Saint-Etienne, et Bordeaux. Puis est arrivée la rivalité avec Lyon sous Aulas". Pour Fred, habitué du virage nord, l’antagonisme Paris-Provence est réel : "Si on n’aime pas le PSG, c’est pour ses valeurs, son historique."

"Le PSG représente le Paris business, bling bling qu’on n’aime pas. Le Paris FC revendique les mêmes valeurs populaires que l’OM."

Fred, abonné en virage nord

à franceinfo: sport

D’autant que le Paris FC se présentera au Vélodrome avec un fort accent provençal, avec plusieurs Marseillais dans ses rangs : Ilan Kebbal, Julien Lopez et son aîné Maxime Lopez, ancien joueur de l’OM, où il a été formé. "C'est le match qu'on attendait le plus avec mon frère Julien. Ça va être quelque chose de retrouver ce stade", se réjouissait d’ailleurs le grand frère Lopez en mai dernier. "On est content de revoir Maxime Lopez, c’est ça l’évènement du match, parce qu’on a un affect particulier avec nos anciens minots, vu qu’on en forme très peu", témoigne d'ailleurs Benjamin.

Des anciens du PSG dans les rangs du PFC

Mère d’Ilan Kebbal, formé lui au Burel FC dans les rues de Marseille, avant de se révéler au Stade de Reims puis au Paris FC, Biba Kebbal aussi est ravie : "llan est supporter de l’OM à vie, comme Maxime, mais ils sont professionnels et viennent pour gagner. Moi, en tant que mère, je serai partagére, car j’aime l’OM mais je veux que mon fils brille aussi… Mais sinon, il n’y a aucune rivalité avec le PFC. D’ailleurs, quand Ilan y a signé, on me disait plus que c’était dommage que l’OM passe à côté de ses minots, plutôt que de nous dire qu’il était devenu parisien…"

Personne donc ne considère les Parisiens du PFC comme des ennemis, à Marseille. "Même si on sait que parmi les ultras du Paris FC, il y a des anciens ultras du PSG", rappelle Benjamin, en référence aux anciens abonnés du virage Auteuil qui ont fondé le Old Clan, un des deux groupes d'ultras du Paris FC. "Au moment du plan Leproux, quelques supporters du PSG sont effectivement allés au PFC comme d’autres au Red Star. Mais c’était il y a 15 ans. Les supporters du PFC n’ont pas de lien aujourd’hui avec ceux du PSG. Ils font leur vie de leur côté. Le PFC attire plutôt des jeunes supporters qui ne peuvent pas suivre le PSG financièrement, ou qui le trouvent trop hors sol", nuance Nicolas Hourcade.

"S’il y a des incidents samedi, on n’est pas près de revoir des Parisiens à Marseille", prévient toutefois le sociologue, avant d’ajouter : "L’autre gros enjeu est celui de la réciprocité de la mesure. Organiser un déplacement lors du match retour sera beaucoup plus compliqué. Ce serait faire venir les supporters marseillais sur le territoire du PSG puisque les deux stades parisiens sont proches". "On le sait, c’est triste mais c’est comme ça. Leur stade est trop proche du Parc des Princes, on n’aura jamais le droit d’y aller", souffle Benjamin. 

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