"Nous ne sommes pas des hooligans", les deux principaux groupes de supporters de Saint-Etienne lancent leur combat contre la dissolution

L'AS Saint-Etienne joue son maintien dans l'élite du football français, samedi 29 mars, face au Paris Saint-Germain pour le compte de la 27e journée de Ligue 1 (19h00). Si l'enjeu sportif est important, la rencontre pourrait être l'une des dernières des Green Angels et des Magic Fans (les deux principaux groupes de supporters stéphanois) dans les tribunes de Geoffroy-Guichard. Visés comme plusieurs autres groupes du championnat de France par le ministère de l'Intérieur pour une possible dissolution, ils ont donné une conférence de presse, samedi.

"Bien qu'ils soient imparfaits, nos groupes sont structurés. Ils existent depuis 33 ans. Nous sommes des interlocuteurs sérieux de l'AS Saint-Etienne, des pouvoirs publics, des associations de la ville, des parlementaires... Cette dissolution est une ineptie. Cette décision est politique. Elle apporte plus de problèmes qu'elle ne va en résoudre. On va se battre jusqu'au bout pour sauver nos associations et indiquer au ministère qu'il fait fausse route", a appuyé l'un des porte-paroles des Green Angels.

"Il y a une méconnaissance de la réalité de la vie d'une association de supporters"

Les Ultras défendent leur importance sociale et se défendent de tout lien avec le hooliganisme. "Nous ne sommes pas la Légion X, ni les Strasbourg Offenders [deux autres groupes visés par une possible dissolution, impliqués dans des faits de violences]. Nous ne sommes pas des supporters qui venons au stade pour la violence et qui recherchent constamment la confrontation physique", assurent-ils, fustigeant un "amalgame" volontaire du ministère de l'Intérieur destiné à "mélanger les torchons et les serviettes".

Dans son courrier adressé aux groupes de supporters stéphanois, le ministère de l'Intérieur estime "supporter l’équipe de l’Association sportive de Saint-Étienne ne constitue plus qu’un prétexte à une recherche constante de confrontations physiques par vos membres au profil violent, à l’encontre des supporters adverses lors des rencontres sportives ou en marge de celles-ci".

Dans un communiqué daté de samedi, le ministère de l'Intérieur évoque notamment l'envahissement de la pelouse lors du match de barrages contre Auxerre le 29 mai 2022, "occasionnant un préjudice de 80 000 euros pour la collectivité", "20 blessés parmi les policiers et gendarmes mobilisés" et une condamnation d'une petite dizaine de supporters. Le ministère note "10 faits de violence grave" commis par les Green Angels entre 2021 et 2025 et "13" pour les Magic Fans entre 2020 et 2024.

"Cette mesure va détruire ce qui a été construit pendant 33 ans. Elle n'écartera pas les personnes qui se comportent mal."

Pierre Barthélémy, l'avocat des groupes de supporters

en conférence de presse

"Sur toute la saison dernière, il n'y a eu que 24 interpellations à l'occasion des rencontres [de l'AS Saint-Etienne]. C'est un épiphénomène. ll y a une méconnaissance à Paris, au sein des services centralisés de l'adminsatrition sur la réalité d'une association de supporters, a fortiori à Saint-Etienne. Deux coups de téléphone et cinq minutes de travail de terrain auraient suffi pour se rendre compte que ce n'est pas la réalité (...). Tant que l'effort d'identifier les coupables individuellement ne sera pas fait par l'Etat, la police et la justice, déstructurer ne fera qu'amplifier le problème", répond Pierre Barthélémy, l'avocat des deux groupes de supporters.

Des manifestations sont prévues dans les rues de Saint-Etienne et aux abords du stade Geoffroy-Guichard samedi en amont du match contre le PSG. Les deux groupes de supporters stéphanois seront donc auditionnés mardi. Le ministère de l'Intérieur pourrait alors prononcer leur dissolution par un décret signé de la main du Premier ministre. Si tel est le cas, Magic Fans et Green Angels auront sept jours pour déposer un recours devant le Conseil d'Etat.