Ligue 1 : sauvé d'une relégation, l'OL face au défi de se reconstruire avec un budget restreint et des ambitions

A quoi ressemblera l'équipe au soir du 1er septembre, lorsque la fenêtre des transferts se refermera ? Sous le coup d'une rétrogradation administrative en Ligue 2, l'Olympique lyonnais a finalement vu la sanction de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) levée en appel, le 9 juillet dernier, pour lui permettre de s'aligner dans l'élite, et en Ligue Europa cette année.

Pour autant, le club rhodanien, qui débute sa saison avec un déplacement à Lens samedi 16 août, a vu ses indemnités de mutation de joueurs encadrées, de même que sa masse salariale "réduite de 50%", selon le directeur technique Matthieu Louis-Jean, le 30 juillet. L'OL doit donc faire attention à calculer chaque dépense, comme cela a été entrepris depuis l'arrivée de la nouvelle direction. Cette dernière est désormais incarnée, depuis la mise à l'écart de l'ex-président John Textor au début de l'été, par l'Américaine Michele Kang, en charge jusqu'ici uniquement d'OL Lyonnes, l'ancienne section féminine du club.

Un OL à la recherche des bons coups

Exit Alexandre Lacazette, parti à la fin de son contrat chez les Saoudiens de Neom. Plus de Rayan Cherki (parti à Manchester City), de Lucas Perri (désormais à Leeds) ou de Thiago Almada (de retour de prêt à Botafogo pour signer à l'Atlético de Madrid) en ce qui concerne les titulaires de la saison écoulée. Lyon a fait le grand ménage, pour alléger ses frais structurels (départs également de Jordan Veretout, de Duje Caleta-Car en prêt, ainsi que de certains prêtés définitivement transférés comme Saïd Benrahma, Johann Lepenant, Adryelson et Amin Sarr, en plus de la résiliation du contrat de Nemanja Matic), et reste dans l'expectative par rapport à son plus grand talent, le Belge Malick Fofana.

"On va changer de logiciel au niveau du recrutement. Les joueurs hors de prix, c’est fini. On va essayer de se positionner sur de forts potentiels en fonction de nos besoins. Il y aura aussi des joueurs expérimentés", a récemment révélé Matthieu Louis-Jean, épaulé par le responsable de la cellule recrutement Benjamin Charrier. En témoigne, le champion du monde argentin Nicolas Tagliafico, qui a finalement accepté de resigner libre.

Pour se renforcer, l'OL a par ailleurs jeté son dévolu sur des profils plus accessibles, qui correspondent au projet de jeu de son entraîneur Paulo Fonseca, à l'image du jeune ailier Afonso Moreira (Sporting), qui ne compte que 11 entrées en jeu chez les professionnels. Mais également le défenseur Ruben Kluivert (Casa Pia), fils cadet de Patrick Kluivert.

Des profils plus offensifs comme l'international tchèque Pavel Sulc (Viktoria Plzen) et l'Espoir anglais de Liverpool Tyler Morton ont également signé au milieu. "On espère avoir encore deux ou trois arrivées, dont un attaquant supplémentaire et probablement un ailier droit aussi", a annoncé "MLJ" le 9 août, alors que l'OL a trouvé un accord avec Majorque pour la signature du gardien slovaque Dominik Greif.

"On aura peut-être le septième budget de Ligue 1, mais on sera compétitifs pour les premières places. L’objectif est de faire mieux que la saison dernière."

Matthieu Louis-Jean, directeur technique de l'OL

Le Progrès du 1er août

Malgré le recrutement de ces joueurs méconnus du grand public, le directeur général délégué Michael Gerlinger et Michele Kang ont affirmé, après l'annonce du maintien en Ligue 1, que les ambitions ne seront pas revues à la baisse. "Il y a deux priorités. La première, c’est de rétablir une discipline financière stricte. C’était une des causes majeures de nos difficultés. Nous devons veiller à ce que tout le monde respecte le budget. Mais je crois que la réussite d’un club de foot commence sur le terrain. Les victoires rendent les supporters fiers, attirent les partenaires, renforcent la crédibilité du club. L’objectif est clair : restaurer la confiance, aussi bien dans l’équipe que dans la direction", disait ainsi la présidente post-DNCG, taclant au passage John Textor.

"Il y a tout pour réussir"

"J'ai 100% de contrôle sur l'organisation. Il n'y a personne d'autre qui pourra influencer nos décisions au jour le jour", expliquait-elle encore. Reste que le mercato est encore largement perturbé par les ruines du mandat de son prédécesseur, toujours actionnaire majoritaire de la holding Eagle Football. L'homme au chapeau de cow-boy - dont le club fétiche de Botafogo a par ailleurs réclamé un remboursement de "sommes précédemment empruntées" par l'OL selon lui - a été à l'origine de la signature du gardien américain Matt Turner pour huit millions d'euros (finalement prêté avec option d'achat en MLS), avant la confirmation de la rétrogradation administrative confirmée, dans un premier temps, par la DNCG le 24 juin.

Un prix qui paraît surévalué pour un simple remplaçant de Nottingham Forest, dont la nouvelle direction se serait bien passée. "Il faut vérifier la situation contractuelle", avançait Michael Gerlinger le 10 juillet, ouvrant la porte à une annulation de la transaction, qui n'a donc pas eu lieu. Malgré ces acrobaties, l'OL a rassuré lors d'une belle préparation, ce qui n'avait plus été le cas depuis la fin de l'ère Jean-Michel Aulas en 2022-2023.

Hormis une courte défaite face au grand Bayern Munich (1-2) samedi, l'équipe de Paulo Fonseca a écrasé Hambourg et Majorque, 4-0 à chaque fois, et battu Getafe (2-1), affichant une belle entente sur le terrain. "On subit un peu la situation du club mais il y a bien pire. Il y a des clubs où les mecs ne sont même pas payés, où les infrastructures sont catastrophiques. Nous, on a un staff et une direction qui travaillent très bien, des infrastructures au top. Il y a tout pour réussir, le reste ce sont des excuses", a martelé le défenseur Clinton Mata, fin juillet dans les colonnes de L'Equipe.

Outre la pépite anglaise Alejandro Gomes Rodriguez, le jeune Khalis Merah a étonné durant l'été. Si la mauvaise gestion de l'académie est pointée du doigt depuis plusieurs mois, ces deux-là pourraient bien être revus au cours de la saison. De quoi rappeler la dernière phase d'austérité sous Rémi Garde (2011-2014), où le club s'était largement appuyé sur son centre de formation pour garder le cap malgré la nécessité d'investir pour la construction du Groupama Stadium.

Clin d'œil du destin, c'est sur la pelouse de Lens, désormais coaché par Pierre Sage, ancien directeur de la formation lyonnaise et écarté de son poste d'entraîneur de l'équipe première par John Textor en janvier, que l'OL reprend. Et ce, toujours avec un Paulo Fonseca en tribunes, le temps de finir de purger sa suspension pour son coup de sang contre l'arbitre Benoît Millot. Il faudra encore du temps pour assainir complètement la structure, mais pour la reprise de la Ligue 1, Lyon a entamé sa mue.