Ligue 1 : pourquoi le PSG a jeté son dévolu sur Lucas Chevalier en dépit de la grande saison de Gianluigi Donnarumma
Le numéro 2 de l'équipe de France rejoint officiellement le club de la capitale samedi, en provenance de Lille. A 23 ans, il est attendu pour remplacer le portier italien, grand artisan de la campagne victorieuse en Ligue des champions.
A l'échelle de la Ligue 1, c'est un transfert retentissant. Le Paris Saint-Germain a officiellement débauché Lucas Chevalier à Lille, samedi 9 août. Le gardien, numéro 2 de l'équipe de France sans avoir encore porté le maillot bleu, débarque à Paris pour les cinq prochaines saisons, ce qui devrait pousser l'Italien Gianluigi Donnarumma, en fin de contrat en 2026, vers un départ malgré sa brillante campagne de Ligue des champions.
Un mouvement qui peut interroger, alors que le PSG compte déjà dans ses rangs le Russe Matvey Safonov, l'Espagnol Arnau Tenas, et qu'il vient de recruter le jeune portier italo-brésilien Renato Marin à l'AS Rome. Mais l'achat du Nordiste - que le conseiller parisien Luis Campos a vu évoluer lors de son passage comme directeur sportif au Losc, lui faisant signer son premier contrat professionnel en 2018 - a tout du mariage de raison.
Le jeu au pied, atout recherché par Luis Enrique
Son profil peut correspondre à l'entraîneur parisien Luis Enrique, qui voit son dernier rempart comme un maillon de plus dans la construction. "Son jeu au pied peut offrir plus de perspectives que Gianluigi Donnarumma, Lucas est perfectible mais il est déjà bon dans ce secteur, juge Karim Boukrouh, entraîneur des gardiens de Troyes, qui a coaché le jeune Lucas Chevalier en 2011 à Marck, avant de l'aider à intégrer le centre de formation lillois, où il a lui-même exercé. Il a beaucoup de longueur, il est capable sur un pas d'envoyer des ballons à plus de 60 mètres. C'est une arme parce qu'il en devient moins prévisible".
"Il a été à bonne école avec Paulo Fonseca à Lille, qui lui a donné beaucoup de responsabilités, souligne son ancien formateur. Aujourd'hui, il n'a pas peur de construire, d'accepter la pression, de fixer, d'aspirer les adversaires pour créer des décalages. Je trouve quand même qu'il cherche beaucoup son pied droit, ce qui est logique puisqu'il est droitier. Donc l'axe d'amélioration, c'est son pied gauche, pour l'utiliser un peu plus souvent, pas qu'autour de lui", poursuit celui qui a passé les six dernières saisons à Toulouse.
"Je trouve des solutions dans des zones à risques, c’est assez satisfaisant de voir une passe dangereuse, qui casse une ou deux lignes. Mon jeu est différent des autres gardiens de Ligue 1. J’accepte de me mettre en difficulté. Quand je joue un six-mètres, je pose le ballon, et potentiellement, on se met dans une situation dangereuse, mais si on réussit à l’effacer, cela peut nous permettre d’ouvrir l’équipe adverse."
Lucas Chevalierà So Foot en décembre 2023
Paulo Fonseca - désormais à Lyon - n'hésitait d'ailleurs pas à encenser son ancien gardien dans le Nord début 2024. "Quand il a commencé à jouer, ça a été facile de voir qu’il avait beaucoup de qualités. Il a vraiment beaucoup progressé. Notre jeu n’est pourtant pas facile pour un gardien parce qu’il doit jouer et faire partie de l’équipe", disait le Portugais, jugeant que Lucas Chevalier était même "le futur de la France".
En 2024-25, le mur tricolore a d'ailleurs réussi plus du double de passes longues en championnat en comparaison avec Gianluigi Donnarumma, souvent pointé du doigt au pied (3,3 passes par match, contre 1,5 pour le Transalpin). Et ce, alors qu'il présente un taux de réussite légèrement supérieur dans l'exercice (39% contre 35% selon le site spécialisé FBRef).
"Des réflexes de chat"
Si "Gigio" n'a plus à prouver sa domination sur sa ligne, Lucas Chevalier s'est aussi révélé décisif. La saison écoulée, le Lillois a permis, à lui seul, d'éviter 12 buts toutes compétitions confondues selon le site Sofascore (53 encaissés sur la saison, contre 65 attendus au vu de la qualité des tirs adverses). A titre de comparaison, le gardien de la Nazionale en a, lui, pris deux de plus que les statistiques prédisaient.
Avec ces faits d'armes, la recrue parisienne a été élue meilleur gardien de l'élite lors des derniers Trophées UNFP, trois ans après sa nomination comme révélation des gardiens de Ligue 2, lors de sa saison en prêt à Valenciennes. "Déjà la saison dernière, il avait été performant. Il continue de l'être avec son club, que ce soit en Ligue 1 ou sur la scène européenne", expliquait d'ailleurs Didier Deschamps en novembre, au moment d'offrir sa première convocation au Lillois.
"Il a des réflexes de chat", estimait de son côté le défenseur du Losc Bafodé Diakité à propos de son ex-coéquipier. Autoritaire dans les airs avec son mètre 89, il possède la panoplie complète, avec un style félin pour plonger. "C'est un terme qui lui va bien : il est capable, même statique, de sortir des arrêts sur des poussées importantes ! Il a des jambes exceptionnelles, des qualités athlétiques hors normes et des caractéristiques assez surprenantes puisqu'il bouge très vite au sol et dans ses déplacements malgré sa taille, lui permettant d'aller très haut", assure Karim Boukrouh, qui "ne lui trouve pas de point faible".
Des références en Ligue des champions
Reste que Lucas Chevalier va arriver, à 23 ans seulement, dans un club avec un nouveau statut, où tous ses faits et gestes seront scrutés. D'autant plus après la belle saison de Gianluigi Donnarumma. De quoi le placer sous haute pression.
"Il est insouciant, sans complexe et avec beaucoup de confiance. Mentalement, il ne se pose aucune question et s'amuse. Je pense que c'est sa force, il me fait penser à Fabien Barthez. On ne sent pas quelqu'un d'inhibé ou de stressé par les événements et la meilleure preuve, c'est ses matchs en Ligue des Champions. À chaque fois que le niveau s'élève, lui élève son niveau."
Karim Boukrouh, ex-coach des gardiens de Lucas Chevalierà franceinfo: sport
Auteur de prestations remarquées à l'automne dernier contre le Real Madrid (1-0), l'Atlético de Madrid (3-1) ou encore la Juventus (1-1), il s'était vu couvert de louanges par son entraîneur Bruno Genesio : "Lorsque vous savez que vous avez un gardien de très haut niveau qui peut soit vous maintenir dans le match, soit vous permettre de garder un résultat, ça vous donne beaucoup de force". "Il fait partie de ceux qui ont été surclassés et qui répondent toujours aux attentes. Dès la formation, tout le monde a toujours mis en avant, sa capacité à s'adapter très vite. Quand il avait 16 ans, il jouait déjà en U17, puis à 17 ans, il était en National 2 avec les adultes. Plus le challenge est important et plus ça le stimule", ajoute Karim Boukrouh, pas inquiet pour l'intégration dans la capitale de celui qui n'a, selon lui, "rien à envier à Thibaut Courtois", le portier belge du Real Madrid.
Une chose est sûre, s'il parvient à répondre favorablement aux attentes cette année, Lucas Chevalier devrait rapidement se muer en une option tout aussi fiable que son modèle, Mike Maignan, formé au PSG avant d'éclore au Losc, le n°1 en sélection. Pas forcément de quoi instiller un doute dans l'esprit de Didier Deschamps d'ici au Mondial 2026, le gardien milanais de 30 ans ayant toujours été au rendez-vous chez les Bleus. Mais avec la nomination d'un nouveau sélectionneur, à l'issue de la compétition, les hiérarchies pourraient ensuite être bousculées.
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