Interview "Commenter est une autre forme de performance"... Gabriella Papadakis raconte sa nouvelle vie de consultante pour la télé américaine

Désormais retraitée, la championne olympique en titre de danse sur glace est consultante pour la chaîne américaine NBC lors des championnats du monde à Boston (Etats-Unis).

Article rédigé par Anaïs Brosseau - envoyée spéciale à Boston
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Gabriella Papadakis au micro de NBC pour les championnats des Etats-Unis, fin janvier 2025. (INSTAGRAM - GABRIELLA PAPADAKIS)
Gabriella Papadakis au micro de NBC pour les championnats des Etats-Unis, fin janvier 2025. (INSTAGRAM - GABRIELLA PAPADAKIS)

Couper le cordon en douceur. Pour ses premiers championnats en tant que "retraitée" officielle, Gabriella Papadakis assure le rôle de consultante de luxe pour la chaîne américaine NBC. Lors des Mondiaux 2025, organisés à Boston (Etats-Unis), la Française – championne olympique en titre de avec Guillaume Cizeron en 2022 – apporte son expertise au commentaire des programmes de danse sur glace. Alors qu'elle sort d'une tournée de spectacles pour présenter un duo féminin inédit avec Madison Hubbell, Gabriella Papadakis trouve dans cette expérience au micro de NBC une autre "forme de performance" et une façon de "faire partie de l'événement". Elle s'est confiée à franceinfo: sport.

franceinfo: sport : Vous assistez à vos premiers championnats comme "retraitée", mais aussi comme commentatrice pour la chaîne américaine NBC. Comment le vivez-vous ? 

Gabriella Papadakis : C'est différent... Ma dernière participation à une compétition remonte à trois ans, mais je suis encore très liée avec le milieu compétitif. Toutes les personnes dont j'ai commenté les passages vendredi sont d'anciens concurrents, des personnes avec qui j'ai partagé la glace pendant très longtemps. Donc je suis encore très au courant de qui sont les patineurs en compétition. Je suis un peu dans un entre-deux.

Beaucoup de choses se sont passées ces dernières années. J’ai pris du recul. Ce qui me frappe en étant ici, c'est de me rappeler la personne que j'étais la dernière fois où j'ai participé à un championnat du monde et de réaliser à quel point j'ai changé. C'est très positif de pouvoir dresser cet état des lieux. 

N'est-ce pas trop difficile de voir les autres concourir et de ne pas prendre part à la bataille ? 

Évidemment, ça me manque un peu. Et en même temps, je trouve que dans le fait de commenter, il y a aussi quelque chose qui tient de la performance. Je ne suis pas ici en tant que spectatrice, ce qui aurait été beaucoup plus difficile je pense. Comme je suis là aussi pour donner une performance, même si elle est différente, j'ai quand même l'impression de faire partie de l'événement. Je trouve l’expérience très riche.  

À quel point est-ce difficile de commenter en anglais, qui n'est pas votre langue maternelle ? 

Cela ajoute une difficulté supplémentaire, mais j'aime ce challenge. Il faut qu'on me comprenne, que je trouve mes mots car j'ai un peu moins de facilité en vocabulaire en anglais qu'en français. Mais surtout, la plus grosse difficulté est que je parle, comme tous les Français de manière générale, avec un ton très monotone. Et les Américains, pas du tout. Donc je travaille encore à essayer d'animer un peu ma voix. C'était vraiment le premier retour qu'ils m'ont fait lorsque j'ai commenté pour NBC pour la première fois aux championnats des Etats-Unis en janvier.  

Qu'est-ce qui vous plaît dans ce travail de commentatrice ? 

Pouvoir parler à une audience dont une partie est fan et connaît le patinage et à une autre qui ne connaît pas vraiment la discipline. Pour cette dernière, on cherche à montrer ce qu'on aime du patinage, on essaie de les inviter dans ce monde-là. J'aime trouver cette balance. Le patinage me passionne depuis toujours, donc cela me plaît de partager cette passion et de faire en sorte que les téléspectateurs soient aussi enthousiastes que moi. 

Gabriella Papadakis et Madison Hubbell, lors du spectacle Art on ice, à Zürich (Suisse), le 6 février 2025. (ARND WIEGMANN / AFP)
Gabriella Papadakis et Madison Hubbell, lors du spectacle Art on ice, à Zürich (Suisse), le 6 février 2025. (ARND WIEGMANN / AFP)

Vous venez d'achever une tournée de galas avec Madison Hubbell, ancienne danseuse sur glace américaine. Comment avez-vous vécu le tourbillon médiatique que ce duo féminin a provoqué ?  

Je ne m'attendais pas à autant de bruit mais c'est chouette. C'est la preuve que cela intéresse les gens et cela attire les regards sur le patinage. Les gens veulent voir des duos féminins. Ils sont étonnés que cela n'existe pas déjà. Je suis contente d'avoir pu apporter cette pierre à l'édifice.  

Comment expliquez-vous ce grand intérêt du public ? 

Je pense que c'était le bon moment. Beaucoup de choses négatives se passent dans le monde actuellement. On a aussi l'impression de vivre un retour en arrière sur certaines avancées passées, beaucoup de mouvements se font attaquer. Je pense qu'une partie de la population prend à cœur le fait de constater qu'il y a encore des gens qui essayent de faire avancer des choses. Cela redonne de l'espoir et montre que tout ne va pas mal. Je suis heureuse de faire partie de ce mouvement-là.  

Après ces mois chargés, quels sont vos futurs projets ? 

Me reposer chez moi ! Je n'y suis pas allée depuis plusieurs mois. Je n'ai pas eu de jours off depuis deux mois. Ensuite, avec la fin des compétitions, les patineurs vont commencer à préparer la saison prochaine. J'ai déjà prévu d'aller aider au niveau chorégraphique et dans des centres d'entraînement un peu partout dans le monde. Et enfin, je vais continuer à travailler sur mes projets personnels. 

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