"Il n'y aura pas de perdant, seulement deux vainqueurs", la folle histoire des cousins Arthur Rinderknech et Valentin Vacherot, en finale à Shanghai

Un rêve devenu réalité. Le Français Arthur Rinderknech, 54e mondial, et le Monégasque Valentin Vacherot, 204e à l'ATP, ont tous les deux décroché leur billet pour la finale du Masters 1000 de Shanghai (Chine), samedi 11 octobre. Une finale (début à 10h30 heure française) qui aura des airs de cousinade du dimanche, puisque les deux joueurs sont cousins du côté maternel. Ils sont ainsi les premiers membres "d'une même famille à s'affronter en finale d’un Masters 1000, et les quatrièmes à disputer une finale sur le circuit pro après les frères Mayer en 1981, Sanchez en 1987 et McEnroe en 1991", a écrit le compte X Opta Jean.

Samedi, après sa victoire, Valentin Vacherot avait encouragé son cousin, qui lui succédait sur le court, avec un message écrit sur l'une des caméras : "Aggies [Aggies de Texas A&M, en référence à leur université américaine] on top ! Allez Arthur". Un peu plus tard, il était revenu dans le stade, mais en tribunes cette fois, comme ils l'ont fait à chacun de leurs matchs respectifs cette semaine, pour assister à la victoire du Français.

Après sa balle de match concrétisée, Rinderknech n'a pu cacher son émotion, accroupi sur le court, les larmes aux yeux et les mains à plat au sol pendant de longues secondes. En face de lui, Valentin Vacherot l'observait, stoïque, séchant ses larmes avant de venir sur le court pour l'enlacer. Une image inédite entre deux futurs adversaires, qui viennent d'écarter rien de moins que Djokovic et Medvedev, 25 Grands Chelems à eux deux.

Des cousins élevés comme des frères

Et pour cause, ces deux-là ont grandi comme des frères. Déjà très proches, ils sont partis ensemble dans une université américaine avant de lancer leur carrière sur le circuit ATP. Ils ont passé deux ans dans une grande université américaine au Texas, à l'Université A&M. Arthur Rinderknech est parti le premier, entre 2014 à 2018.

Valentin, de quatre ans son cadet, l'a rejoint trois ans plus tard sur les recommandations d'Arthur, et ont tous deux été chapeautés par Kevin O'Shea, coach adjoint à l'université A&M et ancien 12e mondial, deux fois finaliste de l'Open d'Australie en 1981 et 1982. "Arthur était très protecteur [envers Valentin], assurait O'Shea au journal L'Equipe, jeudi 9 octobre.

"Parfois, dans les équipes universitaires, les seniors peuvent s'en prendre un peu aux premières années, les brancher. Arthur a été clair avec les gars : "Personne ne touche à Val, je ne plaisante pas." Pourtant, Arthur était le plus grand farceur du groupe !"

Kevin O'Shea, coach adjoint à l'université A&M et ancien 12e mondial

à L'Equipe

"Leur lien est unique, poursuit leur ancien coach. Ils se parlent tout le temps, passent leurs vacances ensemble, skient ensemble... Ils sont plus que des cousins, ils sont comme des frères." Un lien très fort, qui explique leurs émotions après la victoire d'Arthur Rinderknech, samedi. "L'histoire est exceptionnelle. Ça n'arrivera sans doute plus jamais, mais on l'aura vécue une fois. On pourra la raconter à nos enfants et à nos petits-enfants. On est extrêmement fiers de faire vivre ça à notre famille", racontait même l'aîné des deux, vendredi à L'Equipe, après leur qualification respective en demi-finale.

Dimanche, en finale, la bataille aura un goût particulier entre les deux cousins, qui ne se sont affrontés qu'une seule fois, en juillet 2018, en quart de finale d'un tournoi ITF à Ajaccio, en Corse, où Arthur Rinderknech s'était imposé en deux sets. Depuis, l'eau a coulé sous les ponts. Ce dernier a fait le plein de confiance depuis son association avec l'ancien Top 10 Lucas Pouille en juin dernier, et n'a jamais été aussi régulier et aussi fort.

Quant à Valentin Vacherot, il réalise un grand bond au classement ATP avec au moins 146 places de gagnées et une arrivée, a minima, dans le top 60. "C'est exceptionnel... Même dans les plus grands rêves, on n'aurait pas pu rêver de ça, les deux cousins en finale d'un Masters 1000, face aux meilleurs joueurs du monde", a confié Arthur Rinderknech, très ému au micro de l'ATP après sa victoire, samedi. "Demain, on s'amusera comme quand on avait douze ans. Il n'y aura pas de perdant demain, seulement deux vainqueurs." Afin de se créer un nouveau souvenir de famille.