La foule en haut des sommets pyrénéens pour applaudir l'exploit de Froome

En haut du Col de Pailhières, Akinaru, Japonais, est à bout de
souffle. Avec ses amis il s'est lancé dans l'ascension de ce col
hors catégorie de 15 km de long avec ses pentes à 10% par moment.
Dans un râle, il arrive juste à articuler : "It was very
hard" , c'était vraiment dur. Ses compagnons de grimpée ne
peuvent qu'acquiescer.

Un peu plus loin, David, un Espagnol a le sourire aux lèvres. Lui
aussi s'est offert cette montée du Tour de France. "C'était
vraiment facile" , s'amuse t-il avant d'avouer : "Non,
je vais vous dire la vérité, j'en ai vraiment 'chié'. En plus on
avait fait quelques petits cols avant, c'est ça qui nous a tué.
Avec le poids et l'âge aussi."

Jean, 74 ans, réussit l'ascension

Pour tous ces cyclotouristes, grimper un col du Tour de France est
un véritable plaisir. La majorité sont des cyclistes avertis qui
enchaînent les kilomètres chaque année, entre 5.000 et 10.000.
Jean est particulièrement fier d'être arrivé en haut de
Pailhères. À 74 ans, il est sec comme un grimpeur et connait cette
montagne par cœur pour l'avoir grimpée "x et x fois" .

Il a mis une heure et demie pour réussir l'ascension. Nairo
Quintana, le coureur colombien qui est arrivé en haut du col de
Pailhières le premier a mis environ 45 minutes. "Mais c'est
son travail" , sourit Jean avant d'avaler une bouteille d'eau.
Car non seulement la montée est difficile, mais en plus elle s'est
déroulée sous un soleil de plomb.

Dopé au pastis-magret

Dans le dernier col de la journée, de jeunes amateurs d'un club
de Castres participent à une course cycliste. Ils ont grimpé les
cinq derniers kilomètres de la montée vers Ax 3 Domaines avec une
étonnante facilité. "C'était sympa, l'ambiance était là" ,
explique Gauthier, l'un de ces jeunes. Ils ont eu le droit de passer
la ligne d'arrivée sous les vivas du public nombreux. "On est
vraiment dans le Tour de France, mais c'était dur. On ne peut pas
dire que c'était facile. Ils vont avoir du mal les vrais" , raconte le jeune homme.

Du mal ? Pas si sûr. Tandis que Chris Froome franchit la
ligne d'arrivée après une montée d'une étonnante facilité, Jean,
lui, a mis plusieurs heures pour grimper les deux cols du jour. "Mais à 60 ans, je ne suis plus autant entraîné. Et puis
moi c'est sûr que je ne me dope pas. Je suis au pastis et au
magret" , lance-t-il dans un grand rire .

Dimanche devant la télé

Et pour lui comme pour les autres, monter à vélo est
particulier. "Si je n'étais pas monté à vélo, explique
Jean, je serai resté à la maison devant la télé. Mais c'est
quelque chose de magique." Canapé, télé, c'est le programme
de dimanche pour bon nombre de ces coureurs amateurs tandis que le
peloton s'attaquera à cinq cols, dont quatre de première catégorie,
lors de la neuvième étape du Tour entre Saint-Girons et
Bagnères-de-Bigorre.