"Toutes les nuits, je revois cette image du cargo qui nous percute" : un mois après une collision entre un voilier et un porte-conteneurs, les interrogations du skipper

Fin mai 2025, en pleine course, le Class 40 de Cédric de Kervenoaël et Thomas Jourdren a été littéralement coupé en deux lors d'un accident. Une enquête a été ouverte.

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le Class 40 "NST Cabinet Z" a été percuté par un cargo, au large de Brest, fin mai 2025. (PREFECTURE MARITIME DE L'ATLANTIQUE)
Le Class 40 "NST Cabinet Z" a été percuté par un cargo, au large de Brest, fin mai 2025. (PREFECTURE MARITIME DE L'ATLANTIQUE)

L’image était très spectaculaire : un voilier de course littéralement coupé en deux après avoir été percuté par un porte-conteneurs au large de Brest. Cet accident, qui s'est déroulé en pleine nuit, le 28 mai dernier, s'est déroulé lors de la Normandy Channel Race entre la Normandie, l'Angleterre et l'Irlande.

Les deux marins à bord du Class 40, qui avaient été hélitreuillés, avaient déposé une plainte. Depuis, une enquête inédite dans le milieu de la course au large a été ouverte pour déterminer les responsabilités : qui avait la priorité et qui est en faute ?

Un mois après, les investigations pour mise en danger de la vie d'autrui, violences involontaires ayant entraîné une incapacité de moins de trois mois, et non-respect des règles de surveillance en mer se poursuivent pour éclaircir les circonstances d'un drame évité de justesse.

"Tout ça n'aurait pas dû arriver"

Moins d'un mois après, le traumatisme est toujours aussi profond pour le skipper Cédric de Kervenoaël, qui a toujours quatre côtes cassées. "J'y pense quotidiennement... Toutes les nuits, je revois cette image du cargo qui nous percute. Il faudra sans doute envisager d'aller consulter. J'ai un peu discuté avec des gens de la SNSM et des gens qui sont des secouristes qui m'ont dit que souvent on enfouit les choses et après ça, ça ressort pas toujours comme on veut", confie-t-il. 

Les enquêteurs ont déjà saisi la boîte noire du cargo et l'ordinateur de bord du voilier de 12 mètres à peine. Les auditions ont démarré, notamment celle du capitaine du porte-conteneurs battant pavillon italien avec un équipage philippin. Cédric de Kervenoaël, qui est aussi avocat, sera, lui, entendu la semaine prochaine. "J'attends qu'il y ait des sanctions parce que je pense qu'il est quand même assez inadmissible aujourd'hui, en 2025, avec tous les moyens techniques et technologiques dont on dispose, d'être percuté. Si le navire de commerce avait fait une veille normale, tout ça n'aurait pas dû arriver", assure le marin.

Sans attendre les conclusions, il a décidé avec son équipier Thomas Jourdren de louer très vite un autre bateau pour prendre le départ d'une transatlantique, fin octobre.

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