: Récit Volley : finaliste du championnat, Poitiers renaît de ses cendres treize ans après sa liquidation judiciaire
L'Alterna Stade poitevin volley-ball affronte Tours, samedi, en finale aller de championnat de France, dans un remake d'une affiche déjà jouée en 2011 et 2012.
Finale aller de championnat de France de volley : Poitiers-Tours. L'affiche, au bon goût de derby, fleure le début des années 2010 et même des années 1990. Pourtant, elle se tiendra bien, samedi 10 mai, dans une salle Lawson-Body comble (le match retour est prévu à Tours le 17 mai). L'équipe poitevine s'est qualifiée, le vendredi 2 mai, pour la finale de la Marmara SpikeLigue (autrefois connue sous le nom de Pro A puis de Ligue A) en disposant de Chaumont en demi-finales des playoffs. Une première depuis... 2012 et le marasme de sa liquidation judiciaire.
"Je suis bien sûr surpris de cette qualification. La saison a été très particulière, avec beaucoup de remous, confie à franceinfo: sport Cédric Enard, manageur de l'Alterna Stade poitevin volley-ball depuis janvier 2024, appelant à rester "humble" devant des résultats arrivés plus vite que prévus. L'année tumultueuse débute avec l'arrivée tonitruante de l'enfant du pays et star de son sport Earvin Ngapeth, double champion olympique en titre. Un retour aux sources suivi d'un emballement médiatique, d'un début de saison prometteur et d'une salle qui affiche complet.
"Dès le deuxième match d'Earvin, les 2 468 places se sont vendues en 1h10, alors qu'avant, on tournait en moyenne autour de 1 300 à 1 400 personnes", se souvient Mickaël Pichon, chargé de communication bénévole du club et fidèle supporter. "On a vendu l'équivalent de quatorze ans de boutique en quatre mois. Et on continue de vendre des maillots d'Earvin avec le numéro 86", ajoute auprès de franceinfo: sport le président du club François Garreau, qui a poussé pour augmenter le prix des places tout en restant "raisonnable" (28 euros la place en finale).
Un groupe déstabilisé par les départs
Mais le départ de l'icône pour la Turquie trois mois après son arrivée, suivi de celui du pointu Dusan Nikolic, déstabilise l'effectif. Le pointu remplaçant ne fait pas l'affaire, provoquant un trou d'air. "Pour moi Dusan était le cœur du groupe, Earvin en était le sang. Or, on a perdu les deux en même temps, illustre l'entraîneur canadien Dan Lewis. Cela a été dur pas seulement physiquement, mais aussi dans la tête et l'état d'esprit. Il a fallu du temps pour reconstruire."
L'intégration, à deux journées de la fin de la saison régulière, du pointu Nik Mujanovic, meilleur marqueur du championnat en provenance de Paris, change la donne. Les joueurs rehaussent leur niveau, le jeu se stabilise. "On a toujours été l'outsider. Mais on est dans une bonne dynamique. Si on étudie bien notre adversaire, qu'on s'entraîne bien tous les jours, on aura une chance contre Tours", assure Dan Lewis, ravi de revoir ses joueurs avec l'envie de "se donner les uns pour les autres".
2012, la chute de deux étages
Mais bien plus que de se sortir d'une saison faite de hauts et bas, Poitiers revient surtout de très loin. En 2011, au terme déjà d'une finale Poitiers-Tours, le club remporte le deuxième trophée de champion de France de son histoire, avant de s'incliner la saison suivante face à ce même Tours en finale. Pire encore, le Stade poitevin met la clé sous la porte quelques semaines plus tard, plombé par des dettes. Les sections professionnelle et amateur disparaissent, remplacées par une nouvelle structure : le Stade poitevin volley beach. Un nom qui permet de conserver l'acronyme historique (SPVB).
Auréolé de son prestige de place forte du volley tricolore, Poitiers retourne sur les parquets avec une équipe première inscrite en troisième division (Elite), privée de presque toutes ses anciennes gloires.
"Ça nous a fait bizarre de passer d'une finale de Pro A au championnat Elite avec 500 spectateurs, alors qu'en 2012 on avait 2000 supporters en moyenne à Lawson-Body."
Mickaël Pichon, chargé de communication bénévole de l'Alterna SPVBà franceinfo: sport
Deux saisons plus tard, l'équipe remonte en deuxième division (alors Ligue B), puis immédiatement en première division pour la saison 2015-2016. Depuis, le club n'avait jamais dépassé les quarts de finale en playoffs.
Un "naming" pour changer d'envergure
En 2023, le club change une nouvelle fois de nom, devenant Alterna SPVB, du nom de son sponsor principal, le fournisseur d'énergie local Alterna Energie. L'opération de "naming" est initiée par la nouvelle équipe dirigeante, arrivée en 2022, pour faire passer un cap au club. "J'ai proposé, il y a trois ans, un plan pour redresser un club qui avait 1,450 million d'euros de budget. La saison prochaine, on sera sur 2,410 millions. Donc ça a beaucoup bougé", se réjouit le président François Garreau.
En plus de dénicher un "namer", François Garreau choisit d'étoffer le staff en embauchant quatre salariés supplémentaires (25 au total désormais), avec notamment un manageur général (Cédric Enard), et réouvre le centre de formation (prévu en août 2025) : "On est sur un projet à cinq ans, 2023-2028. Mais cette saison est un accélérateur car les partenaires sont enchantés de ce qu'il se passe", sourit le président, conscient des chantiers à venir, notamment de la possible qualification en compétition continentale.
Le défi européen
"En 2019, année où on atteint les demi-finales de Challenge Cup, le coût net pour le club s'est élevé à 100 000 euros", rappelle François Garreau. "On n'est pas prêts, mais on va travailler pour répondre à ce challenge, sans mettre le club en danger. Il ne faut pas flamber, avertit Cédric Enard. On va vivre quelque chose en accéléré, comme l'arrivée d'Earvin Ngapeth où notre équipe de salariés a tenu le choc et franchi le palier."
Sportivement, le club devra étoffer son effectif. "Il nous reste un joueur titulaire à recruter. Le fait d'être européen pourrait nous aider à négocier. Et on a déjà prévu une enveloppe supplémentaire pour le manager", promet François Garreau. L'autre dossier touche à l'enceinte : Lawson-Body n'étant plus homologuée pour des rencontres européennes, les matchs devront être délocalisés. Dans l'enceinte du club de basket poitevin ou à l'Arena du Futuroscope et ses 5 200 places ?
"On va d'abord finir la saison et savourer. Quel que soit le résultat, ce sera une énorme réussite inespérée pour le club. Il faudra aussi bien se reposer ensuite", prévient Cédric Enard. Pour poursuivre le chantier de la reconstruction, et remettre Poitiers au centre du volley tricolore.
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