Pourquoi un Tour de France femmes de trois semaines n’est pas pour tout de suite

Depuis sa création en 2022, l’épreuve est passée de huit à neuf jours de course. Les organisateurs répètent qu’ils ne veulent surtout pas aller trop vite.

Article rédigé par Andréa La Perna - envoyé spécial sur le Tour de France femmes
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le peloton du Tour de France femmes au départ de la 5e étape, à Chasseneuil-du-Poitou, le 30 juillet 2025. (MAXPPP)
Le peloton du Tour de France femmes au départ de la 5e étape, à Chasseneuil-du-Poitou, le 30 juillet 2025. (MAXPPP)

La question revient à chaque fois que le tracé est dévoilé en octobre ou dès que la course s’apprête à faire son retour dans le quotidien des Français en plein été. Pourquoi le Tour de France femmes ne dure-t-il qu’une grosse semaine quand celui des hommes s’étend sur 21 étapes et trois semaines de course ? Habituée à devoir y répondre, Marion Rousse, la directrice de l’épreuve, fait toujours preuve de la même patience et avance les mêmes arguments.

"On évolue au même rythme que le cyclisme féminin, qui n'a d'ailleurs plus rien à voir avec la première édition. Mais le modèle reste toujours fragile. Il ne faut pas aller trop vite et aller droit dans le mur. Plusieurs modèles ont existé avant et se sont effondrés", répétait-elle à franceinfo: sport fin mai. En 2025, le Tour de France femmes a ajouté une journée de course supplémentaire pour proposer neuf étapes, en plus de sa propre cyclosportive, prévue le 2 août entre Chambéry et le col de la Madeleine.

"J'ai de la pitié pour les garçons"

"On verra au fil des années comment ça évolue, comme on l'a fait ces dernières années avec la professionnalisation. On a maintenant un peloton de 154 coureuses toutes préparées, après avoir reconnu les parcours. Je crois que c’est un bon format", a appuyé Franck Perque, l’architecte du tracé. Aucune coureuse interrogée n’a regretté le fait de ne pas avoir droit à trois semaines de course, même s'il n'a jamais été question de la possibilité de s'infliger cet effort au long cours. "Les filles sont capables de faire trois semaines, mais pas les structures des équipes", soufflait l'an dernier le dirigeant d'une équipe World Tour.

Certaines grimpeuses se sont montrées favorables à cette idée, y voyant forcément leur intérêt car spécialistes de l’endurance. La jeune Marion Bunel, notamment, mais elle espère que, si cette évolution se matérialise, les choses se fassent "pas à pas". La sprinteuse Lorena Wiebes, elle, prie pour que l’effort n’excède pas "deux semaines". "J’ai de la pitié pour les garçons personnellement [tellement c’est dur]. Trois semaines, on n’en a pas besoin", a tranché de son côté la Suissesse Marlen Reusser, qui n’aura vécu qu’une étape cette année.

Il y a trois ans, une grande partie des coureuses du Tour de France femmes n’était même pas professionnelle. Peu d’entre elles avaient déjà couru en haute montagne. La progression est nette, mais le peloton masculin évolue encore sur une autre planète. 250 000 euros de primes sont prévues sur l’ensemble de la course pour les coureuses, contre 2,5 millions d’euros chez les hommes en 2025. Si aujourd’hui, la caravane publicitaire compte 50 véhicules, cela reste trois fois inférieur à celle de l’épreuve masculine.

Le peloton féminin doit encore s'étoffer

"Il y a encore plein de choses à améliorer. Je ne suis pas sûre de vouloir dès maintenant un Tour de trois semaines. Les équipes masculines comptent 25 coureurs, nous c’est 15 environ. Ce n’est tout simplement pas possible de vivre un Tour de trois semaines et de courir le reste du calendrier", ajoute la Néerlandaise Demi Vollering, vainqueure en 2023. Coureuses et organisation de course sont sur la même longueur d’onde : il faut pérenniser et ne pas chercher à grandir à tout prix. "Les championnes elles-mêmes ne le réclament pas. Pourquoi comparer une course qui a quatre ans à une autre qui a 120 ans ?", a appuyé le directeur du Tour masculin Christian Prudhomme, mercredi.

En 2026, le Tour de France femmes continuera à proposer neuf jours de course mais s’affranchira du sillage de l’épreuve masculine. Le Grand Départ sera donné de Suisse, à Lausanne, le 1er août, six jours après la parade des hommes sur les Champs-Elysées (le 26 juillet). De quoi espérer de prochaines évolutions et un passage à deux semaines d’ici 2030 ? "Si je vous donne ma version du Tour en 2030, je vais certainement me planter, répond Marion Rousse. Mais oui, j'espère qu'il sera encore plus grand."

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