Tour de France femmes : les transferts dans le cyclisme féminin, un marché de plus en plus structuré
Sur un développement exponentiel depuis cinq ans, le peloton féminin ressemble de plus en plus à celui des hommes, y compris dans la manière dont les contrats sont négociés.
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Quand les cuisses s’actionnent sur le Tour de France femmes, les tractations se mettent en pause. "On ne négocie pas pendant le Tour, explique l’agent Bastien Le Masson, qui conseille notamment Victoire Berteau et Célia Le Mouël. Le Tour a un impact mais sur des négociations déjà engagées. Il permet de les faire fructifier si la coureuse est performante". Dans un marché de plus en plus structuré, le temps des signatures s’est déplacé. "En 2024, on discutait déjà de la saison 2026", développe l’agent, au départ de la 4e étape.
Les choses sérieuses commencent dès l’hiver, lors des stages en Espagne, autour de Calpe où la quasi-totalité des équipes masculines et féminines s’établissent. Bastien Le Masson s’y rend pour faire un point avec ses coureuses et rencontrer tous les managers. "Toutes les équipes sont concentrées sur 20 kilomètres. C’est le moment idéal pour sonder les besoins et repérer les tendances".
Les contrats se signent au printemps
Le début des discussions pour un transfert se déroule souvent pendant les classiques du printemps avec des signatures parfois validées pendant le triptyque ardennais fin avril. Officialisé fin octobre, le transfert de Demi Vollering chez FDJ-Suez était par exemple déjà conclu début mai, avant le départ de la Vuelta. Toutefois, les acteurs du monde du vélo s’accordent à dire que l’avenir des stars du peloton féminin se joue de plus en plus deux ans à l’avance, comme chez les hommes.
Toutes les lignes ont bougé. "Avant le premier Tour de France en 2022, les agents étaient anecdotiques dans le peloton féminin", rappelle Bastien Le Masson. "Aujourd’hui, le dialogue entre les agents et équipes est quasi-permanent, rapporte Philippe Raimbaud, un agent expérimenté, auprès d’Evita Muzic ou encore Audrey Cordon-Ragot, qui a pris sa retraite en 2024. J’ai connu une époque où les filles étaient livrées à elles-mêmes. Elles n’avaient de professionnelles que le nom. Maintenant, il n’y a plus beaucoup de différences avec les hommes, sauf la dimension financière".
D’après le syndicat indépendant The Cyclist’s Alliance, plus de la moitié des coureuses touchent moins de 10 000 euros par an. Les disparités restent grandes dans le peloton féminin, même si le salaire minimum dans les équipes World Tour a doublé en cinq ans, passant de 15 000 euros annuels à plus de 30 000 euros. Certaines coureuses ont aujourd’hui des contrats d’image, même si cela ne concerne qu'une minorité. Il reste encore une forme de précarité, même au sein du peloton engagé sur le Tour de France femmes, censé regrouper le gratin mondial. Une forme d’incertitude entoure d'ailleurs deux équipes, menacées de disparition : Arkéa-B&B Hotels et Ceratizit.
Le Tour de France femmes change rarement la donne
"Certaines équipes ont mis le pied sur le frein et attendent de voir ce qui va se passer", décrit un agent. Globalement, les coureuses disponibles dès l’année prochaine sont peu nombreuses. Car contrairement au football par exemple, racheter des années de contrat n'est pas la norme dans le cyclisme et les équipes n'engagent qu'une fois le contrat précédent terminé. D’après un observateur averti, les deux plus gros noms en recherche d’un contrat en 2026 sont Alison Jackson (EF Education-Oatly), vainqueure de Paris-Roubaix 2023 et active dans les échappées sur ce Tour, ainsi que l’expérimentée Mavi Garcia (Liv Alula Jayco), victorieuse à Quimper dimanche.
"Est-ce que Mavi Garcia est plus forte aujourd'hui qu'hier ? Est-ce que sa victoire change l'idée qu'on a d'elle ? Non, tranche Philippe Raimbaud. C'est un tout petit milieu. Il y a encore assez peu de coureuses très performantes. Tout le monde sait à peu près qui est qui et qui a du potentiel." Si les journées de repos sur les Grands Tours servent parfois à se mettre à la table des négociations chez les hommes, la période entre le Giro et le Tour de France femmes ne le permet pas. "C’est même une période de stand-by", explique Bastien Le Masson.
La dernière fenêtre de discussions de la saison débute en août. Généralement, les deal sont conclus bien avant. "Pourquoi voulez-vous cette coureuse ? Comment l'intégrerez-vous dans l'équipe ? Qu'attendrez-vous d'elle ? Quelle sera sa progression ? Une fois qu'on a résolu toutes ces questions, on se met assez rapidement d'accord sur le côté financier", retrace Philippe Raimbaud, pour qui il n’y a pas de schéma type. "Parfois, c’est nous qui proposons une coureuse, parfois c’est une équipe qui appelle".
Certaines belles histoires sont nées complètement à contre-courant des tendances. Porteuse du maillot jaune sur cette édition, la Mauritienne Kim Le Court a accepté la proposition d’AG Insurance-Soudal à la toute fin de l’année 2023, après avoir passé plusieurs mois à prospecter elle-même. Si bien qu’elle avait dû reporter sa lune de miel. Certaines formations, comme FDJ-Suez, se mordent les doigts aujourd’hui de ne pas lui avoir donné sa chance.
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