Tour de France 2025 : avec plus d'une centaine de véhicules aux côtés des vélos, comment la sécurité s'organise-t-elle au cœur du peloton ?
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Les coureurs vont grimper, jeudi, le col de la Loze, dont certaines portions sont très pentues et difficiles à aborder pour les véhicules et les motos quand trop de spectateurs s'y trouvent.
Comme à l'école, l’appel est fait pour vérifier la présence de tous. Avant chaque début de Tour de France, les pilotes des véhicules qui circulent dans la course, au contact des coureurs, sont rassemblés pour des réunions de sécurité obligatoires. Au programme : les bons comportements à adopter au volant ou au guidon des motos pour éviter des situations comme celle de la collision entre une voiture de l’équipe Ineos-Grenadiers et une spectatrice lors de la 14e étape, ou celle du bouchon dans le col de la Loze en 2023, théâtre de l’arrivée de la 18e étape, jeudi 24 juillet.
Avec 49 coureurs qui n’avaient jamais participé au Tour de France au départ de cette Grande Boucle, Thierry Gouvenou, directeur de course, a averti : "Cela peut provoquer des accidents. Et s’il y a des chutes, c’est rarement la faute des pilotes. Ça vient surtout de la vitesse, du matériel et du comportement des coureurs". Les pilotes, eux, sont en général beaucoup plus expérimentés, comme Fabrice Roche, qui transporte un caméraman de France Télévisions à l’arrière de sa moto pour son 41e Tour de France. "Il faut avoir une licence de la Fédération française qui nous permet de rouler en course, explique cet ancien concurrent du Dakar en moto. Mais il n’y a pas vraiment de formation, il faut être un peu habitué à rouler dans le milieu des courses cyclistes, on est formé sur le tas", explique-t-il.
L'anticipation comme maître-mot
Entre les motos de l’organisation, des commissaires, de la presse, et les voitures de la direction de course, des équipes, des médecins et des invités, Thierry Gouvenou estime le nombre de véhicules à environ 130. Pour organiser tout ce petit monde, trois régulateurs en moto veillent au grain, pour demander aux voitures de dépasser au bon moment, ou au contraire, de ne pas dépasser. Avec un ordre de priorité bien précis. "S’il y a un incident, les coureurs ont la priorité pour repartir, après il y a le médical, les équipes pour le ravitaillement ou le dépannage, ensuite la presse et en dernier lieu, les invités", précise Thierry Gouvenou.
Aux "équipiers", comme il les appelle, le directeur de la course rappelle les règles, avec un maître-mot : l’anticipation. "Anticiper l’arrêt de véhicules intercalés dans les zones de forte affluence, connaître d’où vient le vent pour anticiper les mouvements des coureurs, avoir pris de l’avance dans les descentes parce que les coureurs vont parfois plus vite", liste Thierry Gouvenou. Mais il y a bien une chose que les pilotes ou conducteurs ne peuvent pas anticiper : le comportement imprévisible des spectateurs sur le bord de la route.
"Les spectateurs se comportent parfois comme des enfants", souligne Benoît Génauzeau, directeur sportif de l’équipe TotalEnergies. Désormais, il n'a plus le volant en mains : il est assis sur le siège passager de la voiture pour que le conducteur puisse se concentrer sur la route, et lui-même sur ses fonctions. Mais ce n’est pas le cas dans toutes les équipes. "Il faut s’adapter à la fois au public et aux coureurs. Dans les cols par exemple, malgré le cordage, il y a des spectateurs sur la route, et le passage s’ouvre au dernier moment. Quand on est devant les coureurs, on leur ouvre la route, mais la plupart du temps on se met derrière eux, justement pour avoir les mouvements de foule en visu", explique Fabrice Roche.
En règle générale, les motos peuvent s’intercaler s’il y a un écart "au minimum de 15 secondes entre les groupes, explique le pilote. Mais on s’adapte en fonction du terrain. Sur du plat, quand ça roule vite à 60-70 km/h, on ne s’intercale pas, car 15 secondes c’est très peu et il faut savoir être raisonnable. Et quand on filme le peloton, de manière générale, on se rapproche à 15-20 mètres. Puis dès qu’on n’est plus à l’antenne, on s’éloigne et on reprend de l’avance".
Les voitures aussi, disposent de leurs règles. Leur ordre est dicté par la position de leur meilleur coureur au classement général. Ainsi, celle du maillot jaune est toujours la première. "Puis il y a une règle tacite entre les équipes qui rend le fonctionnement à l’échelon course plutôt fluide. Les équipes respectent bien les rotations en course, les priorités sur les incidents. Quand il y a un besoin d’assistance, on en est informé par Radio Tour, donc on entame notre remontée de la file des voitures en klaxonnant pour doubler, explique Benoît Génauzeau. Nos véhicules sont de plus en plus électriques ou hybrides, donc les coureurs les entendent moins arriver, surtout quand il y a beaucoup de public. Donc il faut klaxonner également pour les prévenir".
Des cartons et la VAR, comme au football
Pour surveiller le bon déroulement de la course et sanctionner les éventuels comportements dangereux des pilotes, les commissaires de l’Union cycliste internationale (UCI) sont vigilants. "On arbitre la course sportivement, mais on regarde bien sûr l’aspect sécurité, parce que tout est lié. Un véhicule peut interférer sur le résultat sportif s’il gêne un coureur", explique Gianluca Crocetti, président du jury des commissaires sur ce Tour de France.
Depuis la fin de la saison 2024, ces derniers disposent d’un nouvel outil : le carton jaune, pour avertir une première fois un conducteur auteur d’un comportement répréhensible, puis le carton rouge pour l’exclure en cas de récidive. Comme au football, la VAR est aussi utilisée pour visionner des images qui auraient pu échapper aux commissaires. "C’est nous qui avons demandé que ces cartons soient étendus au-delà des coureurs, assure Pascal Chanteur, vice-président du CPA (Cyclistes professionnels associés), le syndicat des coureurs. Nous, on est sanctionnés, mais on n’est pas les seuls acteurs en course. Il y a les directeurs sportifs, l’organisation, la presse, et tout le monde doit tenir son rôle dans les meilleures conditions de sécurité".
En 2023, quand cette règle n’existait pas encore, la moto qui transportait Thomas Voeckler avait été exclue une journée après avoir chuté dans le col de la Loze en raison de la pente trop raide et du public trop nombreux. Pour le passage des coureurs ce jeudi dans le même col, les organisateurs ont prévu plus de cordages le long de la route et ont retiré huit motos de la course pour l’ensemble du Tour de France par rapport à 2024.
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