Tour de France 2025 : dans la roue de Denis, la moustache la plus célèbre de la caravane

Sur la Grande Boucle, toutes les stars ne tiennent pas un guidon entre les mains. À 66 ans, Denis se déplace lui à pied, en poussant une 2CV coupée en deux, chaque jour, sur les lignes de départ et d’arrivée. À en juger par le nombre de bises et de serrages de mains quotidiens, le Savoyard est une des stars du Tour de France. Caravanier pour une célèbre marque de saucissons, le moustachu le plus célèbre du Tour parcourt chaque été les routes de l’Hexagone depuis douze ans. "La moustache c’est personnel, mais ça a aidé pour avoir le contrat !", sourit Denis.

"Mon rôle est de faire déguster les produits, de couper les tranches comme il faut. J’aime le contact avec le public et l’énergie autour de la course", explique celui qui a été pâtissier et gérant de bar dans une autre vie. "J’ai aussi été agent départemental chez moi, en Savoie. L’hiver, je déneigeais les routes. L’été, je les préparais pour le passage du Tour de France", sourit celui qui voit la 19e étape s’élancer de sa chère cité d’Albertville. "Je suis Savoyard et fier de l’être, donc le rouge et le blanc sont mes couleurs ! Le Vichy me va très bien", plaisante-t-il en montrant la chemise de la marque qu’il représente.

Tailler le bout de gras avec Poulidor

À 66 ans, et malgré ses 12 Tour de France au compteur, le retraité ne s’est jamais lassé de sa vie de caravanier. "J’aime le contact avec les personnes, la découverte des paysages, l’organisation du Tour, avec ce travail d'orfèvre chaque jour dans une ville différente. C’est époustouflant", s’enthousiasme-t-il, avant de préciser : "Je suis entouré de jeunes, ça entretient ! Après nos artères se rappellent à nous. Mais je ne dirai pas combien de saucissons je mange sur le Tour, pour ne pas avoir de problème avec mon toubib et ma compagne ! J’en mange une tranche par-ci, par-là. Je suis là pour l’offrir, pas pour le manger."

Derrière sa charrette de plus de cent kilos, Denis livre le secret de sa longévité : "Ce qui m’a donné envie de faire le Tour de France, c’est ma passion pour la moto. Je préside un motoclub qui organise un gros évènement caritatif depuis 34 ans sur Albertville, donc je sais ce que c’est que de s’investir. Et, surtout; j’encadre à moto plusieurs courses cyclistes amateurs depuis plusieurs années". Longtemps, Denis a rêvé d’enfourcher sa bécane dans la roue du peloton.

"En tant que motard, le but était d’officier sur le Tour de France, de l’encadrer puisque j’ai beaucoup d’expérience en amateur. Je me serai contenté de la caravane, parce que je n’avais pas la prétention d’entourer le peloton."

Denis, caravanier depuis 12 ans

à franceinfo: sport

Mais l’opportunité ne s’est jamais présentée, alors, sur les conseils d’un ami motard, Denis a troqué sa moto pour une 2CV Cochonou il y a douze ans : "Tant pis pour la moto, nos 2CV font le même bruit que la moto. Même si elle roule à la force des jambes. Ce sont des roues et des phares d’origine, sinon c’est une copie. On n’a pas coupé une 2CV en deux ! Au moins, on a aucun problème mécanique. Celle-là ne cale jamais."

Un choix qui lui a permis, entre autres, de tailler le bout de gras avec Raymond Poulidor et Bernard Thévenet, deux héros de sa jeunesse. "C’est toujours un régal de partager ce genre de moments", savoure celui qui, aujourd’hui, n’assiste pourtant presque à aucune arrivée, comme tous les caravaniers : "Au mieux, on la voit à la télé à l’hôtel, mais rarement sur la ligne, car on doit souvent évacuer les lieux avant". Comme toutes les stars du Tour, Denis est parfois insaisissable.