Tour de France 2025 : Montmartre, "Onley fans", absence de suspense... Ce qu'on a aimé et pas aimé sur cette édition

Le Tour de France s'est achevé, dimanche, avec le sacre attendu de Tadej Pogacar, le 4e pour le Slovène, en six participations.

Article rédigé par Hortense Leblanc, Adrien Hémard Dohain - envoyés spéciaux sur le Tour de France
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
Le peloton du Tour de France lors de la 15e étape, entre Muret et Carcassonne, le 20 juillet 2025. (AFP)
Le peloton du Tour de France lors de la 15e étape, entre Muret et Carcassonne, le 20 juillet 2025. (AFP)

Revoilà le jour le plus triste de l'année, comme l'appelle Christian Prudhomme : le lundi qui suit la fin du Tour de France. La 112e édition de la Grande Boucle s'est achevée, dimanche 27 juillet, sur les Champs-Elysées, avec le 4e sacre de Tadej Pogacar. Après trois semaines passées sur les routes hexagonales, de Lille à Paris, en passant par la Normandie, la Bretagne, les Pyrénées, le mont Ventoux, les Alpes et le Jura, voici ce que franceinfo: sport retient.

On a adoré : Montmartre et la victoire de Van Aert

Le peloton n'en voulait pas, le public en rêvait. Pour la première fois de son histoire, le Tour de France a escaladé trois fois la Butte Montmartre, dimanche 27 juillet, avant de sez conclure sur l'arrivée classique des Champs-Elysées. Une nouveauté qui a fait une entrée fracassante dans l'histoire de la Grande Boucle, avec une ferveur populaire encore plus forte que lors des Jeux olympiques. Et surtout magnifiée par le duel d'anthologie entre Tadej Pogacar, maillot jaune sur le dos, et Wout van Aert.

Habitués à ferrailler sur les classiques, les deux hommes ont livré un bras de fer dantesque rue Lepic, sous la pluie, qui a tourné en faveur du Belge. Déjà vainqueur d'une étape d'anthologie sur le dernier Giro, Wout van Aert a ainsi renoué avec la victoire sur le Tour, pour la 10e fois de sa carrière. Une juste récompense pour celui qui s'est si souvent mué en coéquipier de luxe.

On a aimé : l'inventivité des pancartes 

"Onley Fans" pour les supporters d'Oscar Onley, "Y a du cidre à l'arrivée, pédalez comme jamais !" en Normandie, "J'ai une pancarte" pour un supporter faussement peu inspiré, "Mathieu vend des poules" et son cousin "Remco en veut des poules" par des copains à Toulouse... Vous vous êtes surpassés sur le bord des routes pour créer les meilleures pancartes possible. Dans son village, Kévin Vauquelin a même eu le droit à une montgolfière à son effigie, une idée inédite, de sa famille. Ça change des "Allez Alain Philippe", drôles pendant un temps mais un peu trop vus et revus. Et en plus, une pancarte peut aussi servir de protection contre le froid, n'est-ce pas Julian Alaphilippe ?

On a aimé : le vent de fraîcheur apporté par certains coureurs

Derrière les Pogacar, Vingegaard, Van Aert ou Van der Poel, ils n'étaient pas forcément parmi les stars du peloton avant le Tour de France, mais se sont révélés aux yeux du grand public. Florian Lipowitz (Red Bull-Bora Hansgrohe), Oscar Onley (PicNic-PostNL), Kévin Vauquelin (Arkéa-B&B Hôtels), ou encore Jordan Jegat (TotalEnergies) ont animé la course au classement général et se sont fait un nom auprès du public. Le premier, déjà troisième du Dauphiné, termine 3e et maillot blanc, devant Onley. Kévin Vauquelin s'est accroché pour réaliser un très bon Tour de France conclu par une 7e place, en ayant porté le maillot blanc. Par sa fraîcheur et sa façon de parler sans filtre, il est devenu l'un des chouchous des Français. Et Jordan Jegat réussit à se hisser à une surprenante 10e place, le meilleur résultat pour TotalEnergies depuis 2015 (Pierre Rolland, 10e). Sans oublier l'Italien Jonathan Milan, maillot vert dès sa première participation au Tour de France.

On a aimé : la première semaine

En partant des Hauts-de-France, la Grande Boucle ne prenait pas de risque : entre la chaleur des Nordistes et l'amour du vélo des voisins belges, néerlandais et britanniques, l'ambiance ne pouvait qu'être au rendez-vous. Malgré la pluie, elle l'a été. Et ce n'était pas tout. Car si le Tour a évité les pavés du Nord, le parcours pensé par Thierry Gouvenou n'a pas déçu, avec des côtes pour dynamiser les premières étapes. Ce qui a également été le cas ensuite en Normandie, avec là aussi des tracés spectaculaires et un public en folie. Avant le feu d'artifice breton, plus attendu, à Mûr-de-Bretagne. Autrement dit, la première semaine de ce Tour de France 2025 était celle à ne pas manquer. Comme quoi : il n'y a pas que les Pyrénées et les Alpes dans la vie.

On n'a pas aimé : le manque de suspense

Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard ont eu beau répéter que "le Tour n'est pas terminé" à chaque fois que le Slovène grattait des secondes sur le Danois, le suspense n'a pas duré bien longtemps. Les organisateurs avaient voulu rendre la première semaine plus spectaculaire en trouvant des côtes dans le Nord, la Normandie, ou en Bretagne, avant de tailler un contre-la-montre à Caen pensé pour offrir le maillot jaune à Remco Evenepoel. Raté. L'homme de cette première semaine, c'était déjà Tadej Pogacar. A la sortie des Pyrénées, le Slovène avait déjà plié le Tour avec quatre victoires d'étape et plus de quatre minutes d'avance au général. En dehors d'une chute ou d'une terrible fringale, il avait déjà course gagnée avant même le Ventoux et les Alpes. Dommage.  

On n'a pas aimé : les transferts trop longs entre les étapes 

En plus des 3 338,8 kilomètres à vélo, les coureurs du Tour de France ont parcouru plus de 3 000 kilomètres dans leur bus, pour rallier les villes départ du lendemain depuis les villes d'arrivée. Un chiffre record pour une édition de la Grande Boucle intégralement disputée en France. Deux heures entre Dunkerque et Amiens, deux heures entre Laval et Chinon, deux heures entre Châteauroux et Ennezat, deux heures trente entre La Plagne et Nantua...

De quoi retarder les soins, le dîner et le coucher, et ajouter de la fatigue aussi bien aux coureurs qu'aux suiveurs. Mais la palme revient aux 3h30 de route entre le Mont-Dore et Toulouse, le 14 juillet, à la veille de la première journée de repos, avec des équipes qui sont arrivées parfois au-delà de 23 heures à l'hôtel dans la ville rose, ce qui a empêché les coureurs de se coucher tôt et a réduit les effets bénéfiques d'une journée de repos. Le tout sans compter les indémodables (et interminables) bouchons à la sortie des étapes de montagne.

On n'a pas aimé : le chrono de Peyragudes

Soyons francs : les contre-la-montre ne déchaînent pas les passions, que ce soit pour les suiveurs ou pour les coureurs, en dehors des spécialistes de l'exercice et des prétendants au classement général. Mais alors, quand un chrono est organisé sur une ascension de 1ere catégorie comme entre Loudenvielle et Peyragudes, la poignée de coureurs intéressés par la victoire diminue encore. Sur un tel parcours, les spécialistes comme le champion de France Bruno Armirail ou le champion d'Europe Edoardo Affini n'avaient aucune chance de figurer dans le top 10.

La victoire allait se jouer, à coup sûr, entre les leaders du classement général. Le seul suspense aurait pu résider dans le fait de savoir si des sprinteurs seraient éliminés, hors délai, comme le maillot vert Jonathan Milan (Lidl-Trek). Mais, même cela, il n'y a pas eu de suspense après la décision des organisateurs, quelques minutes avant le départ, de rallonger les délais pour permettre à tout le monde d'arriver dans les temps. "Vraiment décevant", selon les mots de Wout van Aert, après un contre-la-montre dont 99% du peloton n'avait que faire, remporté par l'inévitable Tadej Pogacar

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