"Destination Lune" à l'Atelier des lumières : cosigné par Tom Hanks, un voyage pas vraiment immersif, mais un vibrant plaidoyer pour la science et l'esprit humain

Destination Lune, projet cher à l'acteur américain Tom Hanks, est visible à l'Atelier des lumières, temple parisien des expériences immersives, depuis mercredi 24 septembre. Coécrit par la star et par Christopher Riley, écrivain britannique spécialisé en histoire des sciences, il se présente comme une plongée rétrospective et prospective d'une cinquantaine de minutes dans l'espace et dans le temps. Le récit : un retour sur les missions Apollo qui envoyèrent au total douze hommes sur la Lune entre la fin des années 1960 et le début des années 1970, et les enjeux du nouveau programme Artemis qui vise à préparer une présence humaine permanente sur notre satellite naturel ainsi que des missions habitées sur Mars.

La narration de Destination Lune (The Moonwalkers pour la version originale créée à Londres) a été confiée à Tom Hanks. Dans l'adaptation française, l'acteur américain demeure présent au travers de la bande-annonce, des affiches de l'événement et bien sûr de ses mots traduits dans la langue de Molière. Jean-Philippe Puymartin, voix française de Tom Hanks au cinéma, prend le relais de manière impeccable. L'ensemble des commentaires est surtitré sur les murs de l'Atelier, en français pour les malentendants, mais aussi en anglais dans différentes parties du vaste espace de la rue Saint-Maur, ancienne fonderie convertie en centre d'art numérique depuis 2018.



La genèse de Destination Lune, c'est la passion et la fascination de Tom Hanks pour la conquête spatiale. Jeune adolescent, il avait à peine 13 ans quand il a suivi à la télévision, sidéré, la mission Apollo 11 et les premiers pas de Neil Armstrong sur le sol lunaire le 21 juillet 1969. Depuis, l'espace ne l'a jamais vraiment quitté. Et pas seulement quand il a incarné le commandant Jim Lovell dans le film Apollo 13 de Ron Howard en 1995.

Membre de l'association indépendante National Space Society, il a reçu en 2006 une distinction de la part d'un autre organisme, la Space Foundation, pour son engagement. Tom Hanks a produit par ailleurs la mini-série HBO From the Earth to the Moon (De la Terre à la Lune, 1998) et coécrit le documentaire IMAX Magnificent Desolation: Walking on the Moon 3D (2005).

Un grand spectacle en son, lumière et musique

Destination Lune, c'est donc avant tout l'admiration, les souvenirs et les émotions de Tom Hanks devant une épopée spatiale lancée en septembre 1962 lors d'un discours historique du président américain John Fitzgerald Kennedy, dans un contexte de tension et de rivalité avec l'URSS. Une aventure encore toute jeune à l'échelle de l'histoire de l'humanité, comme le souligne le narrateur à l'aide de quelques comparaisons éloquentes. Cette odyssée céleste s'affiche en format monumental sur tous les murs de l'Atelier des lumières, et redémarre une fois par heure. Des bancs et banquettes permettent aux visiteurs de suivre plus confortablement les projections géantes. L'aventure spatiale se décline en diptyque, voire en triptyque, avec un petit bémol dans ce cas précis : certains pylônes en fer forgé parasitent parfois la perspective.

Présenté comme un "voyage immersif", Destination Lune s'apparente plutôt à un grand spectacle en son, lumière et musique (belle, quoique parfois au niveau sonore un peu fort). La réalisation est cosignée par Nick Corrigan et Lysander Ashton. La bande originale, cinématographique et de haute tenue, a été écrite par la compositrice Anne Nikitin et enregistrée par le Royal Philharmonic Orchestra.

Les mots de Tom Hanks sont ponctués d'archives historiques des missions Apollo, de photos de la NASA restaurées que l'on savoure en format géant, de témoignages de pionniers de l'exploration spatiale et d'interviews d'astronautes de la nouvelle génération engagée dans le programme Artemis. Le récit retrace certaines des prouesses techniques qui ont permis l'accomplissement des voyages spatiaux. Ainsi, le décollage de la gigantesque fusée Saturn V, qui transportait les astronautes en orbite terrestre, constitue le temps fort et le moment vraiment immersif de l'expérience. À l'issue du compte à rebours, la mise à feu, les vibrations et le fracas des réacteurs emplissent les murs de l'Atelier et secouent nos oreilles et nos sens.

Parmi les autres moments marquants, les vieux films des astronautes sautillant sur le sol lunaire, l'infiniment grand du désert lunaire et l'infiniment petit – et multicolore – des roches ramenées sur Terre ne manquent pas de nous frapper, ni de nous émouvoir. Difficile de concevoir que lorsqu'une main humaine a saisi pour la première fois ces pierres tombées de l'espace, nul être vivant n'y avait touché depuis leur chute sur la Lune il y a cinq milliards d'années.

Un manifeste humaniste et optimiste

En cinquante minutes, il n'est pas possible de rentrer dans des descriptions trop détaillées du déroulement des vols et des missions – ce que certains regretteront peut-être. Les coauteurs de Destination Lune ont voulu s'adresser ostensiblement au plus grand nombre, toutes générations confondues, avec l'espoir de susciter de nouvelles vocations. Ils signent un vibrant manifeste en faveur de la science à un moment inquiétant de notre histoire, celui où des mouvances complotistes d'un côté, ultrareligieuses de l'autre, contestent jusqu'à l'authenticité des missions sur la Lune, quand elles n'affirment pas que la Terre est plate.

Dans son exposé, Tom Hanks offre enfin un message humaniste. Il affirme sa foi et son optimisme quant au devenir d'un genre humain qu'il entend juger à l'aune de ses accomplissements scientifiques. "Si l'humanité a réussi à envoyer douze d'entre nous sur la Lune, et à les ramener sains et saufs sur Terre, alors sincèrement, on peut résoudre n'importe quel problème", lance-t-il en guise de conclusion. Dans le contexte géopolitique de ces dernières années, on ne demande qu'à le croire.

"Destination Lune" (depuis le 24 septembre 2025). Un partenariat entre Culturespaces et le studio londonien Lightroom. Atelier des lumières, 38 rue Saint-Maur, 75011 Paris (du dimanche au jeudi : de 10h à 18h, vendredi et samedi : de 10h à 21h). Pour tous publics. À partir de 13 euros. Gratuit pour les enfants de moins de 3 ans. Tarif préférentiel en ligne