Paris Fashion Week : décryptage des défilés Maitrepierre, Litkovska, Issey Miyake et Pierre Cardin
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À la Paris Fashion Week féminine printemps-été 2026, 111 maisons ont présenté leur prêt-à-porter du 29 septembre au 7 octobre. Quatre d'entre elles – Maitrepierre, Litkovska, Issey Miyake et Pierre Cardin – ont retenu notre attention. Décryptage.
Pour prolonger le plaisir de cette Paris Fashion Week (PFW) féminine printemps-été 2026, retour sur les défilés des créateurs Alphonse Maitrepierre, Lilia Litkoska, Issey Miyake et Pierre Cardin, tous en phase avec leur époque.
Maitrepierre : un hommage à Paul Poiret
Alphonse Maitrepierre fonde sa marque en 2019, après avoir étudié à La Cambre, à Bruxelles, et fait ses premiers pas chez Jean Paul Gaultier puis Acne Studios. En 2021, il remporte le prix de la ville de Paris Marque émergente et rejoint le calendrier officiel de la Fashion Week la même année. En 2022 et 2023, il dévoile deux collections en collaboration avec Desigual réalisées à partir de matériaux recyclés et de tissus certifiés. À mi-chemin entre le prêt-à-porter et la couture, sa marque repose sur le savoir-faire d'artisans et d'artistes avec qui il collabore.
Sa collection En plein cœur, dévoilée au Musée des arts décoratifs, rend hommage au travail d'un créateur phare du siècle dernier qui y est exposé, Paul Poiret. Comme un dialogue entre passé et présent, la première silhouette reprend une illustration d'Iribe pour Paul Poiret. Les pois et rayures sont un clin d'œil à la signature du créateur d'antan, un point suivi d'un trait. Maitrepierre dévoile un vestiaire éclectique de pièces revisitées en trompe-l'œil : illusions de décolletés ultra-plongeant, broderies aux facettes futuristes ou faux plumages découpés au laser. Les volumes sont inspirés de pièces phares de Paul Poiret, comme ses manteaux et kimonos aux tombés nonchalants ou ses pantalons de zouaves, amples et décontractés. Ambassadrice de Nona Source, la marque maintient ses objectifs de neutralité, puisque 100% de la collection est réalisée à partir de dead-stock, de déchets ou de matériaux certifiés. La griffe collabore aussi avec les Teintures de France by Serge H pour des apprêts, broderies en 2D et 3D, découpes laser et traitement à l'ozone. À noter une capsule de huit chaussures réalisées à partir de matériaux bio-sourcés, made in Italy, avec le chausseur Carel.
Litkovska : "Le combat ne se déroule pas seulement sur le champ de bataille"
Auparavant connue sous le nom de Lilia Litkovskaya – celle qui a lancé sa marque en 2009 et défile depuis 2017 à Paris – a abandonné la translittération russe de son nom au profit de l'ukrainien Litkovska. Elle a été la seule Ukrainienne à s'être rendue à Paris pour la semaine de la mode en mars 2022, après avoir fui l'Ukraine le jour de l'invasion russe. En septembre 2022, elle renoue avec la PFW pour sa collection printemps-été 2023, puis fait des allers-retours entre la France et son pays.
Sa collection (Dis)Connected s'inspire de la philosophie de l'art brut, des œuvres créées en dehors du cadre de la culture dominante : ainsi sur les murs de la salle du défilé, la maille camouflage – habituellement utilisée pour protéger les guerriers ukrainiens – a été réinventée en rose pour devenir un symbole de force, de résilience et de défi. Selon Lilia Litkovska, "le combat ne se déroule pas seulement sur le champ de bataille, mais aussi en nous-mêmes, dans les choix que nous faisons pour résister à la conformité et rester fidèles à nous-mêmes". La collection s'inspire de ces idées : des textiles légers et fluides et des ornements – dentelle, soie et broderies – contrastent avec des accessoires comme ces fleurs en bois sculptées à la main transformées en bijoux et en tops. Fidèle aux codes de la marque, la couture est déconstruite : les vestes sont transformables, les robes se déploient en plusieurs formes, les coutures restent visibles, les bords sont laissés bruts. Le denim côtoie des tissus délicats créant des contrastes entre poids et fragilité. Chaque pièce s'adapte à celle qui la porte : transformable et polyvalente. La présentation était accompagnée d'une performance live de personnalités culturelles ukrainiennes : le musicien et compositeur Yuri Khustochka et l'écrivaine et chanteuse Irena Karpa.
Issey Miyake : l'expérimentation comme mot d'ordre
Satoshi Kondo développe ici des thèmes chers à la marque japonaise en explorant la frontière entre abstrait et concret, corps et sculpture. Présentée au Centre Pompidou, avec en toile de fond une performance musicale de Tarek et Jad Atoui, la collection Being Garments, Being Sentient prend la forme d'une série d'expérimentations. Le vêtement a pour fonction de couvrir le corps et de le protéger des conditions extérieures, c'est un moyen d'expression, de mise en scène ou de mise en valeur qui traduit l'identité et l'appartenance, mais est-il conscient ? Ici, le directeur créatif les envisage comme des êtres vivants capables d'exprimer une intention et l'acte de s'habiller est réinventé. Ainsi, en plaçant les manches à des emplacements inattendus, la série Arms instaure une dissonance ludique qui attire le regard sur le contraste entre les manches du vêtement et les bras de la personne qui le porte : la veste peut se porter avec un bras à l'extérieur. La série A Shopper's Body illustre, par exemple, l'état de consommation excessive en intégrant différents objets au corps de la personne qui le porte. Le vêtement, en jersey fin et extensible, qui épouse le corps comme une seconde peau, est doté de larges poches placées à des endroits inattendus... et toutes remplies de différents objets.
Par ailleurs, la maison poursuit ses expérimentations avec A-Poc Able Issey Miyake qui présentera une exposition lors d'Art Basel Paris (40 rue Volta, Paris, du 24 au 26 octobre) et dévoilera le projet Type-XIV Eugene Studio project, inspiré d'une série de l'artiste contemporain Eugene Kangawa, Light and Shadow Inside Me, qui se compose, d'une part, des images révélées par exposition prolongée à la lumière du soleil et, d'autre part, des compositions en noir et blanc réalisées sur papier argentique selon la technique du photogramme.
L'exposition proposera aussi des visites guidées menées par Eugene Kangawa et Yoshiyuki Miyamae, designer d'A-Poc Able Issey Miyake ainsi qu'un atelier invitant à explorer le processus créatif de l'intérieur.
Pierre Cardin : la projection dans un futur "en harmonie avec la nature"
Depuis le décès de Pierre Cardin, fin 2020, son neveu Rodrigo Basilicati Cardin, président du groupe, a fait revenir la griffe dans le calendrier officiel de la mode parisienne, que le couturier avait déserté ces trente dernières années. Après, en mars dernier, un défilé consacré à un voyage onorique vers la Lune, il a fait défiler, au dernier jour de la Paris Fashion Week, 59 mannequins à l'occasion du 59e anniversaire du siège de la marque situé au 59 faubourg Saint-Honoré depuis 1966.
Fidèle à ses codes avant-gardistes, la maison se projette "avec optimisme" dans un futur "en harmonie avec la nature" comme l'indique le texte projeté sur des écrans installés à l'intérieur et à l'extérieur de la boutique "We project with optimism towards a future in which we will harmonize with nature, humbly, and inteligently with out wasting its resources". Comme il nous l'avait indiqué en 2023, Rodrigo Basilicati-Cardin, sensible aux enjeux environnementaux du développement durable, s'inscrit dans une approche éco-responsable par l'utilisation de tissus recyclés ou dormants. Les mannequins coiffées de lunettes visières défilent devant ces écrans où est projeté un film montrant une ville futuriste avec ses gratte-ciels et ses habitats bulles - peut-on y voir une réminiscense du Palais Bulles, œuvre de l'architecte finlandais avant-gardiste Antti Lovag, installé sur la côte d'Azur dans les années 1970 ? Pierre Cardin en avait fait sa source d'inspiration : "Elle est faite comme le corps humain (...), il y a un cerveau, il y a un cœur", disait-il. Cette saison encore, les silhouettes poursuivent le style et les codes qui ont fait le succès du couturier et le vestiaire de demain propose comme pièce maitresse une combinaison intégrale, noire ou blanche, sorte de justaucorps en fibres "à faible impact environnemental" qui gaine le corps de la femme et de l'homme. Elle est dotée d'aimants intégrés pour y accrocher des empiècements géométriques graphiques : tuniques, harnais, gilets, cuissardes, nœuds papillon immenses... On a particulièrement aimé un ensemble bleu et blanc avec son sac bandoulière en forme de tube.
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