Six expositions mode à découvrir cet automne à Calais, Caudry, Mulhouse, Roubaix, Toulon et Toulouse

Wax à Mulhouse, costumes de bals à Toulon, vestiaire des années 1920 à Roubaix, Jean-Charles de Castelbajac à Toulouse... Voici un petit tour de France d'expositions consacrées à la mode à voir d'ici à la fin de l'année.

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 10min
Croquis de Jean-Charles de Castelbajac, 2025. (JEAN-CHARLES DE CASTELBAJAC)
Croquis de Jean-Charles de Castelbajac, 2025. (JEAN-CHARLES DE CASTELBAJAC)

La mode s'affirme comme un phénomène culturel et s'expose : elle est considérée comme un art plus accessible où le vêtement n'est plus du tout perçu comme superficiel, car la question du corps est plus centrale aujourd'hui dans l'identité, et particulièrement pour les jeunes générations.

Alors que Paris va vibrer au rythme de la Fashion Week féminine printemps-été 2026 (du 29 septembre au 7 octobre), en régions, des expositions consacrées aux créateurs méritent d'être notées sur votre agenda !

"WAX ! Akwaaba wo Ghana" à Mulhouse

Dernière ligne droite pour l'exposition WAX ! Akwaaba wo Ghana (Bienvenu au Ghana) qui rend hommage à ce tissu aux origines multiples – asiatiques, européennes et africaines – devenu emblème d'élégance et de revendication identitaire. Elle a été imaginée par la Hear (Haute école des arts du Rhin) avec l'anthropologue Anne Grosfilley en coproduction avec le Musée de l'impression sur étoffes à Mulhouse. C'est un trait d'union entre l'épopée d'un tissu mondial et l'aventure de jeunes designeuses formées en Alsace, à Mulhouse, qui invite sur les routes du wax de son origine à ses usages et ses déclinaisons artistiques les plus contemporaines. Elle fait découvrir le wax autrement et offre un voyage inattendu pour un "tissu d'élégance", loin des clichés et du folklore. La scénographie tisse un dialogue entre transmission et innovation, de l'histoire industrielle de Mulhouse aux techniques artisanales du Ghana. Riche d'archives anthropologiques et historiques, l'exposition met en lumière un projet de recherche et de création de collection mené par six étudiantes du département design textile de la Hear, en collaboration avec l'entreprise ghanéenne AICL (Akosombo Industrial Company Limited).

"WAX ! Akwaaba wo Ghana" jusqu'au 2 novembre au Musée de l'impression sur étoffes de Mulhouse.

"La Fête ! Costumes de travestissement, des bals costumés au ballet XVIIe-XXe siècles" à Toulon

À la Villa Rosemaine, consacrée au patrimoine de la mode et des textiles des XVIIIe et XXe siècle, cette exposition explore l'univers festif des déguisements du XVIIe au XXe siècle. Ce sont des créations rares : le costume de Shéhérazade de la création des Ballets russes, les costumes originaux de Zizi Jeanmaire dans Carmen en 1949, la tenue portée par Fanny Ardant dans Le Colonel Chabert et même un costume d'Arlequin de la fin du XVIIIe siècle, figure emblématique de la commedia dell'arte. L'exposition est construite autour des influenceurs de l'époque et des grandes égéries et figures mondaines des siècles passés qui ont su imposer des styles et des modes – Arlequin, la duchesse de Berry, Pierre Loti ou la marquise Casat. La haute couture depuis Charles-Frederick Worth a produit massivement pour les bals travestis et la scène, tout comme les costumiers et les couturières de province. La période moderne est essentiellement consacrée au ballet, qui est l'art le plus novateur au XXe siècle, des Ballets russes de Serge de Diaghilev à Roland Petit et Zizi Jeanmaire. Sans oublier le grand écran avec des robes historicistes créées pour des stars contemporaines – Isabelle Adjani et Fanny Ardant.

Exposition La Fête ! Costumes de travestissement, des bals costumés au ballet XVIIe-XXe siècles jusqu'au 16 mai 2026 à la Villa Rosemaine, à Toulon.

"Mariés 2.0. Carte blanche à Olivier Petigny" à Caudry

Olivier Petigny revisite les archétypes de la robe de mariée entre savoir-faire ancestral et modernité. Créateur spécialisé dans la robe de mariée sur mesure pendant dix ans, il crée depuis 2012 des costumes pour le théâtre avec la compagnie Les Enfants terribles. Il réinterprète les formes classiques grâce à l'utilisation de matières actuelles ou innovantes comme le néoprène ou le cuir et laisse libre cours à son imagination tout en déployant sa maîtrise des techniques de haute couture. Il a travaillé avec les dentelles des six manufactures de Caudry – Beauvillain Davoine, André Laude, Dentelles Méry, Dentelles Jean Bracq, Solstiss et Sophie Hallette – ainsi qu'avec la manufacture de tulle André Avio et les manufactures de broderie Albert Guegain et Maison Levêque. Les broderies Cornely sur dentelle ont été réalisées sur place au musée grâce à Agnès Darras, rebrodeuse, qui préserve les gestes ancestraux de cet art textile qui est aussi historiquement l'une des spécialités de Caudry. Résultat : 19 créations se déploient en six thèmes et tableaux à travers des modèles masculins et féminins. Olivier Petigny exprime sa vision personnelle du mariage du XXIe siècle : libre, inclusif et spectaculaire, en phase avec les évolutions de la société.

Exposition "Mariés 2.0. Carte blanche à Olivier Petigny" jusqu'au 23 août 2026 au Musée des dentelles et broderies de Caudry.

"Xavier Brisoux : maille infinie" à Calais

Pour la deuxième édition de Faiseurs de mode, les accrochages dédiés aux savoir-faire des métiers du textile, la Cité de la dentelle et de la mode invite Xavier Brisoux qui brouille les frontières entre textile et art et décloisonne les disciplines. Il crée des œuvres tridimensionnelles en maille, présentées pour la première fois au public pour certaines. Depuis 2020, le designer développe une technique inédite qu'il nomme maille haute sculpture : il fait évoluer la technique traditionnelle du tricotage pour en faire un métier d'art à part entière. Ce processus consiste en l'utilisation d'un métier à tricoter manuel auquel il associe une gestuelle de son invention afin de créer une maille en trois dimensions : chaque boucle tricotée est remontée à la main sur son aiguille pour créer un plissé qui donne densité et structure au tricot. Pour concevoir des formes nouvelles, certaines boucles sont mises de côté pour être associées ultérieurement avec d'autres. Le créateur tricote, détricote, retricote pour obtenir les formes et les volumes en se fixant comme défi technique de fabriquer ses pièces d'un seul tenant. Ses objets sculptures sont destinés aussi bien à l'univers de la mode qu'au design et à la décoration d'intérieur.

Exposition "Xavier Brisoux : maille infinie", jusqu'au 14 décembre, à la Cité de la dentelle et de la mode de Calais.

"Folles années. Un vestiaire années 20" à Roubaix

À l'occasion du centenaire de l'exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de Paris, qui marque le tournant esthétique des Années folles, La Piscine met en lumière un florilège des "perles" de ses collections textile et mode. Henri Clouzot, conservateur du Palais Galliera en 1925, décrit sur le programme de l'exposition internationale ce tournant esthétique radical des Années folles comme "la beauté dans la simplicité et le luxe dans la qualité de la matière". Étoffes de jacquard savamment tissées, tissus damassés aux motifs chatoyants, toilettes de jour et tenues de soirée parent les cabines du musée. En parallèle, on peut découvrir le mobilier moderniste de l'architecte décorateur Robert Mallet-Stevens (1886-1945) nouvellement restauré dans les espaces permanents.

Exposition "Folles années. Un vestiaire années 20", du 11 octobre 2025 au 15 février 2026 à La Piscine Roubaix.

Jean Patou (1887-1936) : robe de cocktail, 1925, en velours de soie et strass, Roubaix, La Piscine-Musée d'art et d’industrie André Diligent. (ALAIN LEPRINCE)
Jean Patou (1887-1936) : robe de cocktail, 1925, en velours de soie et strass, Roubaix, La Piscine-Musée d'art et d’industrie André Diligent. (ALAIN LEPRINCE)

"Jean-Charles de Castelbajac. L'imagination au pouvoir" à Toulouse

Les Abattoirs de Toulouse consacrent une exposition à l'un des plus grands couturiers de notre époque, Jean-Charles de Castelbajac. L'Imagination au pouvoir est un voyage au cœur de l'univers de cet artiste avant-gardiste où vêtements, accessoires, objets de design, peintures, dessins, racontent plus de cinq décennies de création. L'exposition embrasse les multiples facettes de ce travail entamé à la fin des années 1960 et poursuivi jusqu'à aujourd'hui. Créateur inclassable, ses détournements et collaborations font du dialogue un mode de création : entre l'art, la mode, la musique, l'histoire, le sacré, l'enfance et la pop culture. Cette exploration de la diversité du monde est nourrie d'une quête de liberté, par-delà les frontières entre les disciplines : le vêtement se fait à la fois œuvre, armure et parure, et le corps support de ses créations. Sa pratique transgresse les codes et témoigne d'un regard incisif porté sur une époque en mouvement. L'exposition est une exploration de ces allers-retours entre l'art et la mode mêlant les silhouettes de "JCDC" aux inventions des grands mouvements de l'histoire de l'art – surréalisme, Arte povera, nouveau réalisme, art conceptuel ou pop art – et celles de designers contemporains, sans oublier ses collaborations avec des artistes – Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, Cindy Sherman, Bettina Rheims, Robert Mapplethorpe, Vivienne Westwood ou Lady Gaga.

Exposition "Jean-Charles de Castelbajac. L'imagination au pouvoir", du 12 décembre 2025 au 23 août 2026, aux Abattoirs, à Toulouse.

Croquis de Jean-Charles de Castelbajac, 2025. (DR)
Croquis de Jean-Charles de Castelbajac, 2025. (DR)

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