"Je n'étais ni con, ni macho, j'étais Thierry Ardisson" : quand "l'homme en noir" se confiait
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Invité à de nombreuses reprises au micro des antennes de Radio France, Thierry Ardisson, mort lundi à 76 ans, s'est souvent livré à des confidences très personnelles.
"Il paraît que, quand on meurt, on voit arriver tous les personnages de sa vie" : ces mots, presque innocents, sont ceux de Thierry Ardisson, le 1er mai 2025, sur France Inter. Il vient alors présenter son dernier livre, une autofiction, L'Homme en Noir, où il y imaginait sa mort comme "un trip sous acide".
Et de glisser, toujours avec provoc', au micro de Léa Salamé : "Moi, je me suis dit, en fait, ce qui serait drôle, c'est qu'ils arrivent par le même escalier, avec la même lumière, les mêmes applaudissements, la même musique que des invités habituels..."
L'animateur et producteur, star du PAF, est mort lundi 14 juillet, à 76 ans, à Paris des suites d'un cancer du foie, ont annoncé son épouse et ses enfants dans un communiqué à l'AFP. "Thierry est parti comme il a vécu. En homme courageux et libre. Avec ses enfants et les miens, nous étions unis autour de lui. Jusqu'à son dernier souffle", a écrit sa femme, la journaliste de TF1, Audrey Crespo-Mara. Son souffle, justement, était souvent précis, calibré, prêt à sortir une "punchline" ou un slogan dont il avait fait sa marque de fabrique, au début de sa carrière dans la publicité.
"Il n'y a pas de regret"
Mais, derrière ces phrases provocantes, celui qui est né le 6 janvier 1949 à Bourganeuf, dans la Creuse, montrait souvent ses fêlures, et laissait éclater ses secrets. Comme dans ce roman, L'Homme en Noir, qui lui a permis de revisiter les moments clés de sa vie, en invitant des figures marquantes, réelles ou imaginaires, à participer à une sorte de "jugement dernier".
Interrogé en mai 2025 par Léa Salamé sur les critiques concernant son traitement des femmes dans ses émissions passées, Thierry Ardisson répliquait alors que c'était le "format" des interviews : les invitées connaissaient l'émission et y participaient volontairement pour promouvoir leurs œuvres, assurait-il.
Et de trancher : "Ce que je veux dire simplement, c'est que je le faisais aussi bien à un ancien Premier ministre qu'à une jeune actrice. Il n'y a pas de regret, en tout cas. Être outré OK, mais de là à battre ma coulpe en me disant : 'C'est terrible ce que j'ai fait, j'étais con et macho', non. Moi, je n'étais ni con ni macho, j'étais Thierry Ardisson."
"Je ne comprenais pas ce que je foutais dans cette famille"
Comme il le faisait depuis plusieurs mois avant sa disparition, Thierry Ardisson se confiait plus volontiers sur son enfance "très malheureuse". Comme en octobre 2024, au micro d'Elodie Suigo sur franceinfo : "En fait, j'étais très malheureux quand j'étais petit parce que chez moi, ma grand-mère habitait avec nous et il y avait des scènes de ménage avec ma mère, sa belle-fille. Je me réfugiais dans un petit bureau, et puis j'écrivais mon premier livre à l'âge de 12 ans. Je cherchais à m'échapper par la création. C’est le seul moment où je m'échappais de ce monde qui ne me plaisait pas du tout, en plus, je ne comprenais pas pourquoi on n’avait pas plus d'argent".
"J'ai une enfance de merde, ça, c'est la vérité, revenait-il également sur France Inter. D'ailleurs, à 16 ans, je suis parti. Je suis revenu 10 ans après. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais né là. Je croyais qu'il y avait une erreur en la maternité. Je ne comprenais pas ce que je foutais dans cette famille."
Et puis, viens la drogue, dans les années 1970. "Moi, j'ai toujours un peu vécu ma vie comme un roman, mais heureusement, parce que quand je me suis accroché à l'héroïne, j'ai eu cette espèce de sursaut", expliquait-il alors à Elodie Suigo.
"L'héroïne est ce que j'ai rencontré de plus dur dans ma vie. Et pourtant, j'en ai vu. Avec l'héro, vous n'avez plus envie de manger, plus envie de boire, plus envie de gagner de l'argent... Vous n'avez plus d'envie, vous êtes dans une espèce de nirvana en poudre."
Thierry Ardissonà franceinfo
Et de conclure : "Au début, on en prend pour être bien, à la fin, on en prend pour ne pas être mal et à un moment, je me suis dit : "Non, là, tu vas mourir, vraiment." Et donc je suis parti en Amérique. Voilà, je m'en suis sorti et je n'en ai plus jamais repris, c'était en 1976."
Sur Instagram, lundi, la journaliste Léa Salamé a souligné un "inventeur génial, concepteur insensé qui laisse une œuvre télé monumentale", précisant avoir "découvert, les dernières années, l'homme ultrasensible derrière les lunettes noires".
Un homme "flamboyant, érudit, excessif, provocateur évidemment", car, poursuit-elle, dans son hommage, il "savait que 'Dieu n'aime pas les tièdes' et il n'était pas tiède". Thierry Ardisson a mis en scène sa mort dans son dernier livre. "Quand j'ai lu le livre, je ne savais pas qu’il était malade. Aujourd'hui, je vais le relire, mais sans me marrer. Dans ce livre, il disait rêver que son nom soit dans le dictionnaire. Il le sera", conclut Léa Salamé.
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