Festival d’Avignon 2025 : huées et applaudissements pour "Nôt", le spectacle d’ouverture inspiré des "Mille et une nuits"

La dernière création de la chorégraphe capverdienne Marlene Monteiro Freitas a divisé le public, partagé entre enthousiasme et déception.

Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Scène du spectacle "Nôt" de Marlene Monteiro Freitas. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)
Scène du spectacle "Nôt" de Marlene Monteiro Freitas. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

La température refuse de baisser samedi 5 juillet à Avignon : 31 degrés à 22 heures. Dans la Cour d'honneur du Palais des papes, le public fourni attend impatiemment de découvrir la dernière création de Marlene Monteiro Freitas, qui ouvre le 79e Festival d'Avignon : Nôt (nuit, en créole capverdien). Sur la grande scène, huit danseurs et musiciens évoluent dans un décor froid et figé : une clôture grillagée, des lits et des chaises basses. 

La chorégraphe capverdienne s’est attaquée au chef-d'œuvre de la littérature arabe Les Mille et une nuits. La langue et la culture arabes sont à l’honneur de cette 79e édition du Festival. Marlene Monteiro Freitas s’est replongée dans l’univers de Shéhérazade pour l’occasion. Résultat : une performance originale, un univers onirique, brouillant tous les repères. Dans cette adaptation, l’imaginaire s’est affranchi de l’œuvre originelle. Les artistes, dont certains portent par intermittence des masques aux grands yeux, comme prisonniers d’un étrange sort, sont pris dans un délire frénétique.

Survivre nuit après nuit 

Quelle est l‘histoire des Mille et une nuits ? Il était une fois un sultan nommé Shahriar, qui, parce qu’il a été trompé, condamne à mort sa femme et jure de faire exécuter chaque matin la femme qu’il aura épousée la veille. Shéhérazade, fille du grand vizir, se porte volontaire pour l'épouser et lui raconte chaque nuit un conte dont elle interrompt la fin au matin. Le sultan reporte l'exécution de jour en jour afin de connaître la suite du récit commencé la veille. Au bout de mille et une nuits, il renonce à son projet.

Scène du spectacle "Nôt" de Marlene Monteiro Freitas. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)
Scène du spectacle "Nôt" de Marlene Monteiro Freitas. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

Sur la scène, les artistes alternent des tableaux grinçants. Marlene Monteiro Freitas, chorégraphe et danseuse de 46 ans née au Cap-Vert et installée eu Portugal, Lion d'Argent à la Biennale de Venise en 2018, affirme avoir travaillé sur les variations d’échelles dans les différents aspects de la pièce.

On croit deviner les références, compris les clins d’œil, saisi le sens général de l’œuvre onirique pour ensuite être totalement déstabilisé. Nôt est un spectacle grimaçant, déserté par l’émotion et peuplé de cauchemars. Les danses d'automates ou les masques contribuent à cet esprit carnavalesque dépouvu de joie. 

La création de Marlene Monteiro Freitas a divisé le public avignonnais : des spectateurs ont quitté les lieux pendant la performance, certains discrètement, d’autres un peu moins, et à la fin les applaudissements et les huées se sont équilibrés. 

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