: Reportage "Pour garder le lien avec les clients" : à Lyon, cette boulangerie est ouverte le 1er-Mai, malgré une polémique "lunaire"
En plein débat sur l'ouverture de certains commerces en ce jour férié, cet artisan du 6eme arrondissement de Lyon, lui, a fait son choix. Pour le plus grand plaisir des clients, bien présents.
Ouvert ou fermé ? C'est la question de ce 1er mai, alors qu'une proposition de loi soutenue par la ministre du Travail veut assouplir le droit du travail sur la question, quand les syndicats s'y opposent fermement. Quelque 12 millions de Français et touristes sont par exemple privés de baguette fraîche et de croissants le 1er-Mai : les boulangeries n'ont pas le droit d'ouvrir... ou presque.
Un flou juridique subsiste quant à l'ouverture des boulangeries pour la Fête du travail : si la plupart restaient ouvertes les années précédentes, des contrôles inopinés de l'inspection du travail en 2024 ont troublé cette tradition française : certains patrons se sont vus reprochés de faire travailler des salariés et des apprentis ce jour-là.
"Des clients réguliers ont besoin qu'on soit ouvert"
Une règle "lunaire" dénonce le patron d'une boulangerie du 6eme arrondissement de Lyon. Contrairement à la très grande majorité des autres, lui a choisi d'ouvrir. Dès 7h, les premiers clients sont venus acheter leur pain au chocolat ou leur croissant : un "jour comme un autre" selon Mathieu Jullien, le gérant.
A une différence près toutefois : la boulangerie est ouverte chaque 1er mai, et plus généralement, chaque jour férié depuis son installation ici, en 2019. Cette année, il s'est posé la question d'une fermeture, avant de glisser que c'était "impensable" : "Ça permet de maintenir le lien avec nos clients. Et on a des clients réguliers qui viennent tous les jours, qui ont besoin qu'on soit ouvert. Ça m'agace parce qu'encore une fois, on empêche les patrons et les salariés de faire comme ils le souhaitent. C'est lunaire", dénonce-t-il.
"Mon épouse qui est en contrat sur la boulangerie, qui est salariée dans l'entreprise, ne peut pas venir m'aider aujourd'hui dans le cadre d'une solidarité familiale parce qu'elle a un contrat en cours."
Mathieu Jullienà franceinfo
D'ordinaire, huit personnes travaillent quotidiennement à la boulangerie. Ce jeudi matin, Mathieu Jullien était donc seul, ou presque : il a appelé sa sœur, Marie-Amélie, à la rescousse. "Il m'a demandé si j'étais disponible. Et pour mon frère, je suis toujours disponible ! Je trouve que c'est assez ridicule. Chaque fois qu'on essaye d'ouvrir, on nous met des bâtons dans les roues. Que ceux qui ne veulent pas travailler restent à la maison et que ceux qui veulent travailler puissent venir travailler", glisse-t-elle.
"Si les boulangeries ont besoin d'ouvrir, autant qu'elles le fassent !"
Au cours de la matinée, les clients sont de plus en plus nombreux. S'ils sont partagés sur la question du travail, ils sont globalement bien contents de trouver leur viennoiserie du matin. "Dans mon sac, j'ai deux pains suisses aux pralines et je suis ravie d'avoir pu en trouver ce jeudi 1er mai. Si les boulangeries ont besoin d'ouvrir, autant qu'elles le fassent", sourit une cliente.
"Je pense qu'aujourd'hui, on doit vivre aussi avec notre temps. C'est comme les pharmacies. Il y a des pharmacies de garde et ça ne choque personne depuis toujours... Ça permet quand même aux gens qui sont sur Lyon de pouvoir bénéficier de pains frais", estime une autre. "C'est la fête du travail. Ça me semble logique que ce soit fermé, mais je comprends aussi qu'il y en ait une ou deux qui soient ouvertes", reconnaît un client.
Environ 200 personnes viennent quotidiennement dans cette boulangerie. Mathieu Jullien explique qu'une journée non travaillée, c'est environ 4000 euros de chiffre d'affaires en moins et difficiles à rattraper.
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