: Reportage "Tout augmente sauf nos revenus" : à Blois, les difficultés financières des agriculteurs au cœur d'une nouvelle journée d'action
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Dans le Loir-et-Cher, des agriculteurs se sont mobilisés vendredi à l'appel de la FNSEA pour alerter sur leur situation, conséquence selon eux de l'effondrement des prix dans certaines filières, d'une accumulation de normes et de la concurrence étrangère.
"Cela fait six mois que je me réveille presque chaque matin avec la même question : mais pourquoi j'ai repris la ferme ?" Installé depuis six ans dans la campagne de Blois (Loir-et-Cher), Damien, 26 ans, a vécu une année cauchemardesque. La faute aux aléas climatiques du printemps (grêle, tempête) et à la virulence du puceron mauve, un nuisible qui affecte certains arbres fruitiers.
Sa récolte de pommes va être divisée par quatre, entraînant une cascade de conséquences sur sa trésorerie, ses projets, ses prêts à la banque et ses factures du quotidien. Alors, vendredi 26 septembre, l'arboriculteur installé à Mont-près-Chambord a conduit son tracteur pour rejoindre la manifestation lancée par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, deux syndicats productivistes qui défendent une agriculture intensive.
A Blois, comme dans l'ensemble de la France, les agriculteurs ont relancé la mobilisation agricole pour alerter sur leurs difficultés financières, conséquences selon eux d'une accumulation de normes, de la concurrence étrangère et de l'effondrement des prix dans certaines filières. Le projet d'accord de libre-échange UE-Mercosur, dont Bruxelles a lancé le processus de ratification et qui va faciliter l'entrée de produits sud-américains en Europe, figure en tête de leurs griefs. C'est d'ailleurs autour de ce projet très impopulaire dans l'opinion que la cinquantaine d'agriculteurs a axé ses actions.
"Les tracteurs valent le prix d'une maison"
Ils ont d'abord érigé un cimetière "en hommage à l'agriculture française" sur un rond-point. En guise d'ornements, des banderoles hostiles à Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Les manifestants ont aussi distribué des tracts aux automobilistes autour d'un message : "Mangez français". Et dénoncé la concurrence déloyale tout comme les normes, notamment environnementales, qui asphyxient selon eux l'agriculture française. "Aujourd'hui, il y a de la colère partout dans les fermes, car les agriculteurs ne s'en sortent plus, explique Olivier Hardouin, président de la FNSEA dans le Loir-et-Cher. Tout augmente sauf nos revenus."
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"Les charges ont explosé depuis cinq ans : les engrais ont été multipliés par cinq en quelques années, les phytosanitaires par trois, les tracteurs valent le prix d'une maison, mais derrière, les prix ne suivent pas", souffle Sylvain, un éleveur de chèvres qui possède aussi des cultures d'orge et de blé. Pour illustrer son message, il sort son téléphone : le cours du blé affiche 130 euros la tonne, contre le double en janvier 2023. "Travailler et produire nous coûte plus cher qu'avant, alors qu'on vit dans un monde où les gens veulent payer moins cher, car le problème du pouvoir d'achat nous touche tous", déplore-t-il.
L'agriculteur installé à Vallières-les-Grandes, entre Blois et Tours, dit d'ailleurs jongler entre les crédits, les aides de la Politique agricole commune (PAC) et les rentrées d'argent de sa femme pour ne pas finir l'année dans le rouge. Ce père de quatre enfants, syndiqué chez la FNSEA dont il porte fièrement le drapeau vert et blanc, a d'ailleurs interpellé le préfet de Loir-et-Cher devant la préfecture où le cortège s'est arrêté.
Son message ? Que l'Etat stoppe le projet d'accord UE-Mercosur, même si la France n'a pas la capacité de convoquer, à elle seule, une minorité de blocage au sein des 27. Et que l'Etat négocie un maintien du niveau des aides de la PAC, sous peine "d'accélérer le désarmement agricole". "Si notre agriculture meurt, qui va nourrir les gens et qu'en sera-t-il de la fameuse souveraineté agricole dont on nous parle ?" interroge-t-il, au moment où certains de ses collègues déversent du fumier devant la préfecture sous le regard indifférent des policiers.
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Camille n'en pense pas moins. Cet éleveur scrute chaque jour le prix du kilo de porc, qui culmine actuellement à 1,60 euro. Soit 30 centimes de moins que le prix moyen de 2024. Un manque à gagner qui se chiffre en dizaines de milliers d'euros à l'année pour cet agriculteur qui a repris, il y a quelques années, l'exploitation de son père (1 200 porcs). "Il me dit souvent : 'Comment tu fais ?' Et pour être honnête, ça fait quelques mois que je m'interroge. Les vieux en ont ras-le-bol, les jeunes aussi, et franchement, je ne sais pas où on va." Après une première mobilisation en forme "d'avertissement", la FNSEA a promis de ressortir les tracteurs si elle n'était pas écoutée. Sans communiquer de nouvelle date à ce stade.
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