"Mon salaire s'en va entre le loyer et l'électricité" : ces locataires qui vivent dans des passoires énergétiques, défavorisés par la modification des DPE

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Article rédigé par France 2 - A. Sylvain, D. Fossard, J. Fantauzzo. Édité par l'agence 6Medias
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Le gouvernement annonce un assouplissement de la règle du DPE, diagnostic de performance énergétique. En conséquence, 850 000 logements classés "F" et "G", les pires notes, vont sortir du statut de passoire thermique. Les propriétaires concernés vont donc être dispensés de travaux pour pouvoir continuer à louer ces logements. Un coup dur pour certains locataires qui ont du mal à payer leurs factures d'énergie.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

À Galgon, en Gironde, Corinne a rendez-vous avec un diagnostiqueur. Avec un DPE, un diagnostic de performance énergétique "G", son logement est reconnu comme une passoire thermique. Le diagnostiqueur remarque un passage sous le seuil de sa porte. "Il y a de l'air, il y a des limaces grises la nuit qui se retrouvent dans la salle de bains, dans la cuisine", commente Corinne.

16 degrés toute l'année

Séparée, elle a pris ce logement en urgence. Hiver comme été, presque tout son salaire, 2 300 euros, passe dans les factures d'énergie. Il lui reste 300 euros pour vivre. "Il arrive un moment où je ne peux plus payer", déplore-t-elle. "Mon salaire s'en va entre le loyer et l'électricité", ajoute-t-elle. Depuis janvier, ce type de logement est pourtant considéré comme indécent par la loi, mais beaucoup de propriétaires ne font pas les travaux nécessaires.

"Je ne comprends pas comment, à l'heure actuelle, on peut continuer à proposer des logements" comme celui-ci, s'étonne Aurélien Calmels, coordinateur Slime 33, chargé de mission CREAQ. Malgré ces factures élevées, Corinne continue à avoir froid. Il ne fait jamais plus de 16 degrés chez elle, même en plein été. "Ce n'est pas agréable. Des fois, on n’a pas le moral. Des fois, je m'en vais toute une journée, je ne travaille pas, mais je m'en vais toute une journée pour récupérer de la chaleur, on va dire", confie Corinne. Ce jour-là, Olivier Coste, un travailleur social réalise dans la foulée quelques menus travaux d'isolation en espérant que le propriétaire prendra le relais. Malheureusement, des logements comme celui-ci, il en voit encore beaucoup trop.

Un dispositif d'aide pour les ménages dans le besoin

"Des fois, dans certains cas, ce sont des propriétaires occupants qui n'ont pas les moyens de faire les travaux. Parce que même s'il y a effectivement des aides possibles, il faut malgré tout sortir un peu d'argent", explique Olivier, qui œuvre pour l'association Le Lien. Mais ici, c'est tout le logement qu'il faut isoler. Pour l'instant, le propriétaire a refusé de faire les travaux. Pour le convaincre, Corinne peut compter sur l'aide d'un conseiller juridique que nous rencontrons à Libourne (Gironde).

"On rappelle la loi à toutes les parties, que ce soit aux locataires mais aussi aux propriétaires. Et par la suite, si jamais il y a des recours qui sont engagés, on peut accompagner les recours, que ce soit le locataire ou le propriétaire", nous explique David Coutreau, conseiller ADIL 33, précisant : "C'est totalement gratuit. Notre démarche s'inscrit dans le cadre d'un dispositif financé par le département". Ce dispositif permet de venir en aide à un millier de ménages en grande précarité énergétique chaque année en Gironde.

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