Loi Egalim : le plastique a-t-il vraiment disparu des cantines ?
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Le plastique est interdit dans toutes les cantines de France depuis le 1er janvier 2025. Mais la loi est-elle appliquée? France Télévisions a enquêté et fait des découvertes déconcertantes : malgré les promesses des industriels, il reste du plastique dans les cantines, bien caché dans des barquettes pourtant réputées 100% naturelles.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
L'équipe a rendez-vous dans une cantine dite sans plastique. La cuisine est gérée par Scolarest, une société de restauration collective qui sert 300 000 repas par jour dans les écoles. Les plats sont réchauffés à même une barquette végétale, comme le plat du jour, un poulet au ketchup : "Ce n'est pas du plastique, nous dit la directrice générale de Scolarest. C'est de la cellulose."
Est-ce vraiment de la cellulose ? L'équipe de l'Oeil du 20 Heures n'a pas réussi à récupérer une barquette, mais la fiche technique est arrivée quelques jours plus tard : la barquette serait composée de pulpe de cellulose, laminée par un film d'origine végétale. Aucune mention de plastique. Direction, donc, les poubelles de la commune, où l'on retrouve les mêmes barquettes. "C'est bien le menu du lundi, émincé de poulet, sauce ketchup du chef", confirme la journaliste.
Cette barquette n'est-elle vraiment composée que de cellulose ? Que contient ce film qui est au contact des aliments ? Pour le savoir, l'équipe a envoyé la barquette dans un laboratoire de la région bordelaise qui a analysé cette pellicule. Que nous disent ces résultats ? "Ça contient du plastique. Il y a dans votre barquette des polymères d'origine pétro-sourcée. Le film n'est pas 100 % végétal et ça reste encore une fois du plastique", confirme Etienne Grau, enseignant-chercheur à l'Université de Bordeaux (Gironde) Impossible donc, que ce soit de la cellulose, assure le chercheur.
Face à ces résultats, Scolarest, le prestataire dans les cantines, renvoie vers Rescaset qui, lui, vend les barquettes. Celui-ci précise : "Nous ne sommes pas fabricants du produit évoqué. Nous nous référons aux éléments fournis par notre fournisseur. Les résultats d'analyse sur l'origine fossile du film que vous évoquez nous étonnent." Personne ne semble connaître la composition de la barquette et c’est d’autant plus étonnant qu'en quelques clics sur le site du ministère de l'Agriculture, on lit dans ce guide à destination des cantines cette alerte : "Certains fabricants trompent les consommateurs en ne nommant pas leurs produits clairement comme du plastique. À notre connaissance, tous les contenants réemployables sur le marché comportent malgré tout des couches, films plastiques et ne sont donc pas conformes."
Selon le ministère de la Transition écologique, l’utilisation d’une barquette en plastique pour réchauffer les plats dans les cantines est passible d'une amende jusqu’à 45 000 euros. Si la question est sensible, c'est aussi parce que ces nouvelles barquettes inquiètent certains scientifiques. L'Œil du 20h a pu avoir accès en avant-première à une étude inédite menée dans un laboratoire. Neuf barquettes en cellulose ont été analysées.
Un "risque supplémentaire pour développer certains types de maladies comme le diabète de type 2"
Au contact des aliments ou de l'huile, par exemple, le film plastique de ce modèle de barquette libère, avec la chaleur, des molécules. Celles-ci sont ensuite testées sur des poissons pour savoir quel est leur impact sur les hormones. "Sur plusieurs barquettes en cellulose, nous avons mis en évidence ce phénomène de perturbation hormonale ou perturbation endocrinienne. L'exposition répétée à des perturbateurs endocriniens peut être un facteur de risque supplémentaire pour développer certains types de maladies comme le diabète de type 2", explique Jean-Baptiste Fini, professeur titulaire au Muséum national d'Histoire naturelle.
Pour supprimer le plastique, les communes de moins de 2 000 habitants bénéficient d'un délai. Pour toutes les autres, les autorités recommandent de réchauffer les plats dans de l'inox ou du verre, certes plus cher que le plastique.
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