Cédric Jubillar décrit comme "impulsif, colérique" par l'avocat général, trente ans de prison requis contre l'accusé

Ce direct est désormais terminé.

L'accusation a requis, mercredi 15 octobre, une peine de trente ans de réclusion criminelle contre Cédric Jubillar pour le meurtre de son épouse, Delphine. L'avocat général, Pierre Aurignac, qui a prononcé ces réquisitions en toute fin de journée, a expliqué que cette peine était justifiée, selon lui, au regard du profil de l'accusé, décrit comme "impulsif, colérique, avec un sentiment de toute puissance", mais aussi par le fait qu'il ne reconnaît pas son crime et n'a donc pas manifesté de regrets. Le représentant du ministère public a toutefois exclu de demander une condamnation à perpétuité, "qui ne doit être réservée qu'à des récidivistes ou des faits sériels ou des actes de torture et barbarie, ce qui n'est pas le cas dans ce dossier".  

"II n'y a que votre avis qui compte", lance le premier avocat général aux jurés. "Cédric Jubillar est coupable du meurtre de Delphine. II n'y a que votre avis qui compte", avait déclaré plus tôt dans l'après-midi Nicolas Ruff face aux jurés. "Vous n'avez pas le droit de vous dire que ce n'est pas lui parce qu'il est trop bête, ou parce que chien qui aboie ne mord pas. Ou que c'est lui parce que tout le monde le pense, ou parce que c'est le mari. Ce serait une justice des 'on dit', une justice fainéante", a-t-il insisté lors de son réquisitoire. Delphine Aussaguel "n'a pas seulement disparu, elle est morte", a-t-il ajouté.

Les propos des enfants du couple Jubillar rapportés à la barre. Malika Chmani et Laurent Boguet, les avocats de Louis et Elyah, ont plaidé mercredi matin au nom de leurs jeunes clients, âgés de 11 et 6 ans. "Nous sommes dans un dossier de féminicide. C'est facile de le définir : il faut qu'un conjoint ait donné la mort à sa compagne", a toné Laurent Boguet. Il s'est agacé du fait que Cédric Jubillar relativise en permanence les menaces de mort qu'il aurait proférées devant témoins à l'encontre de son épouse. "Lorsqu'on annonce qu'on va tuer, qu'elle va être enterrée, et qu'on ne la retrouvera jamais, et que, cinq ans plus tard, c'est la réalité, par définition : c'est accablant !", a assené l'avocat.

 L'affaire Jubillar, "paroxysme du féminicide", plaide une avocate de partie civile. Pauline Rongier, l'avocate d'une amie de Delphine Aussaguel, a prié mardi les jurés de trouver le "courage" de le condamner malgré l'absence de corps, dans ce "cas d'école, voire paroxysme du féminicide". Paroxysme, "car il l'a tuée, mais en plus, l'a fait disparaître, peut-être à jamais", a-t-elle estimé, lors de sa plaidoirie devant la cour d'assises du Tarn. 

 Cédric Jubillar entre dénégations et contradictions lors de son ultime interrogatoire. Le dernier interrogatoire de l'accusé de 38 ans s'est achevé après environ huit heures de questions réparties entre vendredi et lundi. Il a réaffirmé n'avoir aucun lien avec la disparition de son épouse, ni aucune idée de ce qui avait pu lui arriver. Confronté à ses nombreux changements de versions, l'accusé a toutefois semblé pour la première fois déstabilisé lundi. 

Le verdict attendu vendredi. Cédric Jubillar aura une dernière fois la parole vendredi, puis les six jurés accompagnés de trois magistrats professionnels, dont la présidente, se retireront pour délibérer. Le verdict est attendu vendredi dans l'après-midi ou au cours de la soirée.