Jean-François Kahn, journaliste et fondateur de "Marianne", est mort à l'âge de 86 ans

Le patron de presse avait aussi lancé "L'Evénement du jeudi", titre disparu en 2001.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-François Kahn au festival de littérature de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), le 6 juin 2022. (MARTIN BERTRAND / HANS LUCAS / AFP)
Jean-François Kahn au festival de littérature de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), le 6 juin 2022. (MARTIN BERTRAND / HANS LUCAS / AFP)

Le journaliste et essayiste, Jean-François Kahn, est mort, jeudi 23 janvier, à l'âge de 86 ans, a annoncé Le Point, une information confirmée par la direction de Marianne à franceinfo. Cette figure médiatique avait créé le magazine L'Evénement du jeudi en 1984, titre disparu en 2001, et surtout l'hebdomadaire Marianne en 1997. Il en avait été le directeur jusqu'en 2007.

Le Premier ministre lui a rendu un hommage appuyé sur X. François Bayrou a salué "un géant et un homme rare". "Il incarnait le 'centrisme révolutionnaire'", a également écrit le patron du MoDem. Jean-François avait soutenu à plusieurs reprises la candidature de François Bayrou à l'élection présidentielle.

Fils du philosophe Jean Kahn et frère du médecin généticien Axel Kahn, Jean-François Kahn avait opté, dans un premier temps, pour l'enseignement. Mais "pour fuir la dureté du professorat, je suis devenu journaliste par faiblesse", confiait-il il y a quelques années. 

"L'Express", "Le Monde", Europe 1...

Entré très jeune à Paris-Presse, il avait couvert la guerre d'Algérie et révélé l'affaire Ben Barka, l'opposant marocain enlevé en plein Paris par des policiers en 1965 et dont le corps n'a jamais été retrouvé. L'Express, Le Monde, Europe 1, la direction des Nouvelles Littéraires, du Quotidien de Paris, brièvement celle du Matin : "JFK" a assouvi tout au long de carrière sa passion pour la presse et n'a jamais mâché pas ses mots, lui qui était connu pour ses déclarations enflammées.

En 1986, après cinq ans de débat "Face à face" avec Alain Duhamel, il avait été licencié d'Europe 1 pour avoir traité de "requins" les patrons d'Hachette, alors propriétaire de la radio. A la même époque, son talent d'intervieweur l'avait amené souvent sur le plateau de "L'Heure de vérité" sur Antenne 2.

En lançant L'Evénement du jeudi, il avait décidé que le journal appartiendrait à ses lecteurs. Pour un "Pascal", le billet de 500 francs d'alors, on devenait ainsi actionnaire de l'EdJ. Le succès avait suivi, et le magazine avait prospéré pendant une petite décennie, avant de finir dans l'escarcelle d'Hachette et de disparaître après quelques vaines tentatives de relance.

Elu eurodéputé... avant de démissionner

Jean-François Kahn avait, lui, quitté le navire en 1997 pour lancer Marianne, un nouveau succès de presse même si les recettes publicitaires n'ont pas été au rendez-vous. Il s'était exprimé pour la dernière fois dans les colonnes du journal en mai 2011, après des critiques concernant ses commentaires sur l'affaire Dominique Strauss-Kahn. Il avait choqué en parlant de "troussage de domestique", avant de s'excuser pour cette "connerie".

"Je tourne la page de journaliste. Je l'aurais fait de toute façon. Ça fait 50 ans quand même, j'ai donné", déclare-t-il ensuite sur RTL, tout en reconnaissant que la polémique sur ses déclarations ont été un "déclic".

Sur le plan politique, il s'était présenté aux élections européennes de 2009 sur une liste MoDem mais sans prendre la carte du parti, rappelle l'AFP. Il avait démissionné sitôt élu pour reprendre la plume et les débats qu'il affectionnait tant.

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