Reportage "C'est venu me soulager financièrement" : des Montpelliérains expérimentent une Sécurité sociale de l'alimentation

Des députés écologistes présentent une proposition de loi pour soutenir l'idée d'une Sécurité sociale de l'alimentation. Une caisse alimentaire commune est déjà expérimentée à Montpellier.

Article rédigé par franceinfo - Margaux Queffélec
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'épicerie solidaire L'Esperluette fait partie des 57 lieux conventionnés par la caisse commune d'alimentation de Montpellier, le 19 février 2025. (MARGAUX QUEFFELEC / RADIO FRANCE)
L'épicerie solidaire L'Esperluette fait partie des 57 lieux conventionnés par la caisse commune d'alimentation de Montpellier, le 19 février 2025. (MARGAUX QUEFFELEC / RADIO FRANCE)

Et si votre panier de courses était remboursé de la même manière qu'une consultation chez le médecin ? Une proposition de loi, déposée par des députés écologistes, pour instaurer une Sécurité sociale de l'alimentation est débattue jeudi 20 février à l'Assemblée nationale. Elle a déjà été adoptée par la Commission des affaires économiques. 

Cette proposition de loi vise à encadrer et encourager des expérimentations de caisses locales communes d'alimentation, qui existent déjà dans une quarantaine de villes et villages en France. C'est le cas depuis deux ans à Montpellier. "Je viens chercher des œufs, du riz et un petit peu d'avoine", déclare Elsa qui fait ses courses dans cette petite épicerie d'un quartier populaire de la ville héraultaise. Une fois à la caisse, elle ne sort pas son portefeuille, mais règle en "Mona".

"Je cotise 50 euros chaque mois. En contrepartie, sur une application que j'ai sur mon téléphone, il y a 100 Mona qui tombent, l'équivalent de 100 euros. Avec ces 100 Mona, je peux aller régler des denrées alimentaires sur 57 lieux à Montpellier, donc des lieux de vente, des maraîchers, des éleveurs conventionnés."

Elsa, qui cotise à la Sécurité sociale alimentaire à Montpellier

à franceinfo

Cette Montpelliéraine fait partie des 350 participants à cette expérimentation locale d'une Sécurité sociale de l'alimentation, lancée il y a deux ans par plusieurs associations et un comité d'habitants. "J'étais en plein dans une période très difficile financièrement, sans salaire et je n'avais pas du tout envie que mes enfants mangent moins bien, raconte Elsa. C'est venu me soulager financièrement. On mange différemment, on réfléchit plus à d'où viennent les produits, quels producteurs on a envie de favoriser."

Elsa fait partie des 350 participants à l'expérimentation et pose avec l'application Mona qui leur permet de dépenser son budget course. (MARGAUX QUEFFELEC / RADIO FRANCE)
Elsa fait partie des 350 participants à l'expérimentation et pose avec l'application Mona qui leur permet de dépenser son budget course. (MARGAUX QUEFFELEC / RADIO FRANCE)

Lucas Martin, boulanger, est un des 30 producteurs et artisans dont les produits sont conventionnés. Il effectue sa livraison. "Je ramène ma caisse remplie de pain au levain avec des farines bio et locales, décrit le boulanger. Ce qui me plaisait, c'est de permettre à des gens qui n'ont peut-être pas les moyens (de se rendre dans ces boutiques). Mais même l'idée d'aller dans des boutiques comme ça, où on peut penser que c'est plus cher, ça peut permettre à ces gens-là d'accéder à ces produits."

"On a à peu près 48% des personnes qui sont dans la caisse, qui sont sous le seuil de pauvreté, décrit Kilian, salarié au sein de la caisse alimentaire. Il y avait cette volonté de faire une partie de la caisse à représentativité de la métropole, mais quand même de surreprésenter les personnes en situation de précarité pour être aussi un soutien à des personnes qui en auraient vraiment besoin."

Par conséquent, la caisse est financée en partie par de l'argent public et de fondations, mais la majorité de son budget provient des cotisations des adhérents. "En fonction de leurs moyens, de manière libre, à partir d'un euro par mois si tu as peu de moyens et sans limites, si tu en as beaucoup. Et donc on a des contributions qui sont à 180 euros et même une à 250 euros." L'objectif est d'étendre l'expérimentation à 1 200 foyers montpelliérains d'ici à 2028.

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