: Reportage "Ma première pensée va à mes salariés" : les craintes d'un patron après la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites
Le Conseil constitutionnel a validé vendredi le report de l'âge légal de départ en retraite à 64 ans. Dans cette entreprise de travaux publics en Seine-Saint-Denis, les places assises au bureau sont chères et les blessures courantes.
Il est presque 18 heures vendredi 14 avril quand l'information tombe sur franceinfo. "C'est l'info de cette soirée, le Conseil constitutionnel valide l'essentiel de la réforme des retraites...", peut-on entendre à la radio. Assis à son bureau, Francis Dubrac, patron d'une entreprise de travaux publics, ne réagit pas immédiatement, le visage impassible pendant quelques secondes, le temps de mesurer les impacts de la réforme sur sa société. Avec cette validation, le l'âge légal de départ est reporté de 62 à 64 ans, une mesure qui devrait entrer en vigueur dès le 1er septembre. Cette mesure, a du mal à passer dans cette entreprise de Seine-Saint-Denis
"Ma première pensée, elle va vis-à-vis de mes salariés. Je suis dans un domaine d'activité un peu compliqué sur le plan de l'engagement physique de nos salariés. On allonge le départ à la retraite. Il y a un moment où les corps vont lâcher !", explique le chef d'entreprise, qui se réjouit, tout de même de la censure de "l'index seniors". Avec ce dispositif, chaque entreprise aurait dû mettre en place et calculer, pour mesurer l'intégration des salariés âgés de plus de 55 ans, les formations qui leur sont proposées pour évoluer professionnellement. "Une usine à gaz qui n'aurait servi à rien dans l'employabilité des seniors", selon le chef d'entreprise.
"Ça ne sert à rien si c'est pour finir les deux dernières années en maladie"
Hakim connaît les blessures et les arrêts maladie. Ce géomètre a été opéré des genoux. A 55 ans, il continue de travailler sur les chantiers de voirie : routes, trottoir, enfouissement de câbles électriques, de tuyaux de gaz sous le bitume. "C'est un peu compliqué, lâche Hakim. On fait attention pour éviter les accidents du travail. Si je dois sauter dans des tranchées, mon genou peut ne pas tenir. Alors, jusqu'à 64 ans, c'est un problème !"
Hakim a commencé à travailler après l'âge de 20 ans. Il ne bénéficie donc pas du dispositif carrières longues et ne peut pas partir sans décote avant 64 ans. Le calcul est le même pour son collègue, Ahmed, conducteur de travaux. "J'ai pas manifesté mais sincèrement je suis très solidaire avec le mouvement, lance Ahmed. Ça sert à rien de faire des réformes comme ça, si c'est pour finir les deux ou trois dernières années en maladie. Maintenant, j'ai un poste à responsabilité. Je travaille moins sur les chantiers qu'avant. Mais c'est pas à la portée de tout le monde."
Comme dans toutes les entreprises du BTP, les places assises, au bureau, sont chères dans la société de Francis Dubrac, avec à peine une trentaine pour 400 salariés.
"Bien souvent, les gens de terrain ne peuvent pas être recasés, même avec une formation tardive, dans des tâches administratives. On ne trouve malheureusement pas de postes de reclassement pour ces salariés inaptes définitifs."
Francis Dubrac, chef d'entrepriseà franceinfo
Le dirigeant ne voit que les avancées technologiques et les nouvelles machines pour réduire la pénibilité sur les chantiers et pouvoir garder ses ouvriers du bâtiment jusqu'à leur nouvel âge légal de départ.
À regarder
-
Vagues, rafales : la tempête Benjamin a battu des records
-
Tempête Benjamin : sauvetage en pleine mer
-
Nouvelle-Calédonie : 50 détenus attaquent l'État en justice
-
Cancer : grains de beauté sous surveillance grâce à l'IA
-
La langue des signes est-elle en train de mourir ?
-
Un malade de Parkinson retrouve l'usage de ses jambes
-
Ils crient tous ensemble (et c'est ok)
-
Obligée de payer une pension à sa mère maltraitante
-
Maison Blanche : Donald Trump s'offre une salle de bal
-
Musée du Louvre : de nouvelles images du cambriolage
-
Traverser ou scroller, il faut choisir
-
Manuel Valls ne veut pas vivre avec des regrets
-
Nicolas Sarkozy : protégé par des policiers en prison
-
Piétons zombies : les dangers du téléphone
-
Tempête "Benjamin" : des annulations de trains en cascade
-
Femme séquestrée : enfermée 5 ans dans un garage
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Cambriolage au Louvre : une nacelle au cœur de l'enquête
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter