: Témoignages "C'est une angoisse totale" : la suspension de la réforme des retraites sème la confusion chez les sexagénaires

Suspendre la réforme des retraites, c'est ce qu'a concédé le Premier ministre lors de son discours de politique générale. Sébastien Lecornu veut proposer au Parlement de geler toute mesure d'âge et de durée de cotisation en attendant un nouvel accord avec les partenaires sociaux ou bien l'élection présidentielle de 2027.

Face à cette annonce, les futurs retraités sont partagés. Philippe espérait une suspension de la réforme. Lorsqu'il apprend la nouvelle, le Toulousain jure de joie. "C'est pour moi une très bonne nouvelle parce que je tombe pile poil dans le créneau de naissance en 1965, sur une période qui va être impactée par ce changement", se réjouit-il.

"Ce n'est pas clair du tout"

Lui est très informé sur les conséquences d'une telle suspension : "Premièrement, je peux partir à la retraite à 62 ans au lieu des 63 prévus par la réforme de 2023. De plus, je peux partir à taux plein à 64 ans. Je ne pouvais partir qu'à 65 ans."

Mais tout le monde n'est pas aussi pointu que Philippe sur ses futurs droits à la retraite. Marianne est infirmière, elle aura 62 ans le mois prochain, mais ne sait pas quand elle peut prétendre à sa retraite. "C'est une angoisse totale, souffle-t-elle. À quel âge on va avoir la retraite totale, à quel âge on va pouvoir arrêter... Ce n'est pas clair du tout."

La confusion et la désillusion sont également de mise pour Hakim, lorsqu'il apprend que le dossier pourrait être rouvert par le prochain président de la République. "À chaque changement de gouvernement, il y a une nouvelle réforme qui tombe", s'agace-t-il. Alors pour lui, la suspension de la réforme des retraites, "ce n'est pas du concret".

Des modifications espérées

À 64 ans, Éric, qui fait les marchés avec son père depuis ses 18 ans, a tous ses trimestres depuis bien longtemps. Pour le moment il ne veut pas raccrocher. Ce qu'il retient du discours de Sébastien Lecornu, c'est surtout cette possible conférence avec les partenaires sociaux pour rediscuter entre autres du travail pénible : "Je pense que la modification, c'est la pénibilité avant tout".

"Quelqu'un qui a fait de la maçonnerie toute sa vie, ce monsieur là, à 60 ans, il faut le lâcher."

Éric, 64 ans

à franceinfo

Ces futurs retraités sont échaudés par le serpent de mer qu'est devenue cette réforme. Claire aurait aimé que le Premier ministre aille plus loin, avec "une annulation pure et simple, puis on recommence à zéro". Elle ajoute, cinglante : "Et qu'on essaye surtout que ça soit crédible et juste". Pour cette travailleuse indépendante, la piste la plus intéressante pour plus de justice, serait la retraite à points, un système mentionné par le Premier ministre.