"Impasse", mesures "imparfaitement ciblées"... L'institut Montaigne épingle la transition écologique dans les transports
L'enquête menée par l'Institut Montaigne auprès de 10 000 Français, publie jeudi, démontre par ailleurs "une très large adhésion à l’objectif de la transition".
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Le secteur des transports est "le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France et le seul où les émissions ne baissent pas", rappelle l'Institut Montaigne dans une étude publiée jeudi 9 octobre, , que révèle France Inter avec Le Monde et Ouest-France. D'après cette étude qui met en cause les politiques mises en place par les pouvoirs publics, la transition écologique dans les transports "semble dans une impasse" avec des mesures "imparfaitement ciblées". L'enquête menée par le think thank libéral auprès de 10 000 Français démontre "une très large adhésion à l’objectif de la transition". Neuf Français sur dix "se disent concernés" par l'urgence climatique et 64% sont "prêts à changer leurs habitudes".
L'Institut Montaigne pointe des mesures trop contraignantes et mal expliquées. C'est le cas notamment pour les zones à faible émission, les ZFE, dont l'objectif est de restreindre la circulation des véhicules les plus polluants. En imposant "des interdictions ou une fiscalité accrue sans alternatives crédibles à court terme, les pouvoirs publics ont inversé le calendrier de la transition", analyse l'enquête. C'est une "erreur" qui place "de nombreux ménages, surtout ruraux, face à des contraintes immédiates sans solution viable", tance l'Institut Montaigne.
"On a pensé à la contrainte avant de penser à l'offre."
Nicolas Laine, auteur de l'étudeà France Inter
"Par exemple, pour la taxe carbone, ceux qui étaient les premiers touchés par ces dispositifs n'avaient le plus souvent aucune solution de rechange", regrette Nicolas Laine, auteur de l'étude. Il déplore des "discours excessivement centrés sur l'écologie et pas assez sur les bénéfices individuels comme la santé". Nicolas Laine rappelle que "pour un ménage de la classe moyenne, l'achat d'un véhicule électrique neuf, c'est l'équivalent d'un an de revenus", d'autant que dans "les zones rurales et les périphéries, l'offre de transport en commun est souvent très insuffisante".
S'agissant des aides de l'État, quand elles existent, elles sont souvent "imparfaitement ciblées", souligne Nicolas Laine. Ainsi, "le bonus écologique profite à 80% à la moitié des ménages les plus aisés et il est réservé aux seuls véhicules neufs", dénonce l'auteur de l'étude. Quant au leasing social, il "concerne une partie infime du parc, 0,1% des voitures en circulation", précise Nicolas Laine. "Vous avez des milliers de ménages, surtout dans les zones rurales, qui se retrouvent sans aucune alternative." Selon l'étude de l'Institut Montaigne, pour les ménages modestes, "les dispositifs publics, comme le bonus écologique ou le leasing social", sont mal "ciblés", ou souffrent d'une "diffusion trop restreinte pour compenser l’absence de marché de l’occasion électrique et l’inégale couverture des transports collectifs".
"L’acceptabilité citoyenne, variable décisive de toute trajectoire de transition"
"L'injonction à changer sans possibilité de le faire provoque un sentiment d’injustice, voire de colère chez un quart des Français interrogés par l'Institut", souligne l'étude. L'Institut alerte sur "le risque" de provoquer une poussée de mécontentement, comme ce fut le cas lors du mouvement des Gilets jaunes, ou d'aboutir à décourager la population à un moment où l'adhésion des Français est "indispensable pour accélérer la transition" écologique. Dans ce contexte, "l’acceptabilité citoyenne constitue une variable décisive de toute trajectoire de transition", estime l'Institut Montaigne.
Cette étude préconise également "une plus grande participation des usagers des services de transport collectif à leur financement", ce qui impose de ne pas "favoriser des dispositifs comme la gratuité des transports en commun". Enfin, il est "impératif de recentrer le récit de la transition des mobilités sur ses bénéfices concrets, ancrés dans les usages quotidiens et les spécificités des territoires", recommande l'Institut Montaigne.
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