Législatives 2024 : les "petits" partis vont-ils survivre à cette campagne express ? Cinq questions à un politologue
On connaît désormais les candidats des différents partis aux élections législatives. Trois blocs se détachent : le Nouveau Front populaire, "l'Arc Républicain" et l'extrême droite. Mais qu'en est-il des petits partis ? Décryptage avec Christophe Boutin.
La dissolution surprise de l'Assemblée nationale impose une campagne inédite pour les législatives qui auront lieu le 30 juin et le 7 juillet prochain. Après avoir déposé leur candidature dimanche 16 juin, les candidats ont moins de deux semaines pour convaincre leurs électeurs. Au-delà des gros blocs politiques, les petits partis, eux, ont rencontré des difficultés à se présenter. Certains ont même renoncé à entrer dans la course, comme le parti animaliste. Quel avenir pour ces partis ? Franceinfo a rencontré Christophe Boutin, politologue et professeur des universités en droit public à Caen.
franceinfo : Les législatives sont-elles un mode de scrutin qui favorise les petits partis par rapport aux européennes ?
Christophe Boutin : Les européennes, c'est un mode de scrutin national à la proportionnelle. Donc c'est le meilleur mode de scrutin pour les petits partis, avec une réserve bien sûr qui est le taux minimum pour pouvoir obtenir des députés. En France, comme dans d'autres pays européens, nous avons retenu le taux minimum avec les 5%. C'est ce qui permet d'obtenir la répartition. En revanche, pour être présent au second tour des élections législatives, il faut avoir obtenu 12,5% des électeurs inscrits. Le mode de scrutin est uninominal à deux tours, non pas à un tour comme pour les européennes et limité à une circonscription dans laquelle l'enracinement du parlementaire va jouer un rôle important.
"Les législatives ne sont pas le lieu par excellence de l'apparition de nouvelles formations."
Christophe Boutin, politologueà franceinfo
La campagne express de trois semaines des législatives complique encore plus les choses pour ces partis ?
Absolument. C'est encore plus difficile parce qu'ils n'ont presque pas le temps de se faire connaître. En plus, dans le cas de cette campagne de 2024, il y a une sorte de dramatisation de la campagne qui propulse trois grands blocs en avant et qui donc éclipsent très largement ceux qui ne sont pas directement intégrés dans les trois grands blocs. C'est le cas du Parti Pirate qui estime que les voix qu'il pourrait obtenir au premier tour empêcheraient certains candidats du Nouveau Front populaire de parvenir au second tour. Et donc, le parti n'y va pas. Une autre solution, c'est la négociation qui peut se faire avant l'établissement des candidatures, avec une répartition des circonscriptions, comme pour le groupe Liot.
Cette absorption des petits partis par les plus grands partis met-elle en danger la pluralité politique ?
Oui et non. Les trois blocs sont composés de manière différente. Vous avez un bloc qui est articulé autour d'un parti unique, le Rassemblement national, alors que les deux autres blocs sont des blocs de coalitions, plus ou moins fragiles lors de l'exercice du pouvoir. La Nupes par exemple, entre 2022 et 2024, a connu d'importantes tensions internes. Il n'est pas exclu qu'au sein de la majorité présidentielle, on voie apparaître de multiples tensions à la suite de la dissolution ou même après les élections législatives.
Les petits partis dépendent aussi beaucoup des financements publics, là où les plus gros trouvent des fonds ailleurs ?
La répartition des fonds publics pour les partis politiques repose sur deux éléments : d'une part, le nombre de parlementaires et d'autre part, les suffrages qui ont été obtenus lors des dernières élections législatives. Donc, ne pas se présenter, effectivement, c'est perdre un financement public, c'est certain. C'est notamment le cas du parti animaliste qui ne présente aucuns candidats pour les législatives par manque de moyens.
Est-ce que le nombre de candidats a baissé pour ces élections en 2024 par rapport aux législatives de 2022 ?
Pour la Basse Normandie - là où je travaille - dans les trois départements de la Manche, de l'Orne et du Calvados, l'ensemble connaît une baisse de 30 % du nombre de candidats par rapport à 2022. Ce qui n'est pas illogique. On peut avoir deux lectures. Première lecture : c'est dommage pour le pluralisme. L'autre lecture qu'on vous donne aussi, c'est que parfois, on a des candidats qui n'ont aucune chance d'être élus et qui viennent perturber l'élection. Ils n'apportent pas véritablement un élément démocratique. Il faut trouver un juste milieu.
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