Reportage "Ça dormait dans le garage depuis trop longtemps" : cette association récupère les matériaux de chantier et les revend à prix cassés

Particuliers et professionnels sont de plus en plus adeptes des matériauthèques qui récupèrent des matériaux de chantier pour les revendre à petit prix.

Article rédigé par Arthur Fradin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La matériauthèque Siléo, à Montrevault-sur-Evre (Maine-et-Loire), récupèrent des matériaux de chantier pour les revendre à petit prix. (ARTHUR FRADIN / RADIO FRANCE)
La matériauthèque Siléo, à Montrevault-sur-Evre (Maine-et-Loire), récupèrent des matériaux de chantier pour les revendre à petit prix. (ARTHUR FRADIN / RADIO FRANCE)

Pour donner une seconde vie aux objets, vous connaissiez les brocantes ou encore les recycleries, mais connaissiez-vous les matériauthèques ? Le concept essaime un peu partout en France avec de nombreuses associations qui récupèrent des matériaux de chantier et les revendent à petit prix. L'objectif est d'éviter la déchetterie, à l'heure où le secteur du bâtiment génère chaque année plus de 200 millions de déchets en France, soit près de trois quarts des déchets du pays, et où on estime qu'un quart de ces déchets sont encore viables.

Dans le Maine-et-Loire, à Montrevault-sur-Evre, cette matériauthèque a trouvé son public de particuliers et professionnels, un an et demi après sa création. Au cœur d'une zone industrielle devant un grand entrepôt blanc, des employés de la matériauthèque Siléo sont en train de vider le coffre de la voiture de Sébastien, un quadragénaire : "La, il y a de la faïence, du parquet, des choses qu'on avait achetées et puis finalement on est partis sur d'autres plans. Ça dormait dans le garage depuis trop longtemps."

La matériauthèque Siléo, à Montrevault-sur-Evre (Maine-et-Loire), récupèrent des matériaux de chantier pour les revendre à petit prix. (ARTHUR FRADIN / RADIO FRANCE)
La matériauthèque Siléo, à Montrevault-sur-Evre (Maine-et-Loire), récupèrent des matériaux de chantier pour les revendre à petit prix. (ARTHUR FRADIN / RADIO FRANCE)

"Ce n'est pas juste jeté ou brûlé"

Comme lui, ils sont nombreux, chaque semaine, à venir ici, se débarrasser de matériaux dont ils n'ont plus besoin. "Là, on peut prendre les caissons, les tables, explique Noémie, responsable RSE dans une entreprise près de Cholet. Nous, on fait des produits d'entretien pour l'extérieur des bâtiments. On voulait se débarrasser des bureaux vu qu'on changeait le mobilier et en fait l'ensemble des prestataires qu'on trouvait nous faisaient payer la prestation. Là, au moins, ça nous revient à zéro coût et je sais qu'au moins, ce n'est pas juste jeté et broyé ou brûlé." Noémie a raison, tout le principe de la matériauthèque, c'est en effet donner une seconde vie aux matériaux.

Entreposés sur des palettes et des rayons de stockage métallique, ils sont ensuite revendus à des prix nettement moins chers qu'en magasin traditionnel : "Des radiateurs rayonnants à 10 euros, en ce moment ça doit se vendre 100 euros pièce, se réjouit un acheteur. Quand j'ai fait ma terrasse, je suis venu là. J'ai acheté des plots réglables pour un euro/pièce alors que ça vaut 5 ou 6 euros dans les autres magasins."

Une politique de prix que nous explique, David Roux, le responsable d'exploitation : "Cette matière-là était vouée à aller à la benne et donc il faut lui redonner une vie et il faut qu'elle circule. Donc, il faut vraiment qu'elle ne soit pas chère pour que les gens puissent la racheter facilement."

"On voudrait que le grand public ait ce réflexe là de la matériauthèque, avant d'aller dans une grande surface neuve."

David Roux

à franceinfo

"Et puis on voudrait que cette matière reparte dans le monde professionnel pour que demain on puisse reconstruire des bâtiments, montés par des professionnels, avec des matériaux du réemploi", conclut le responsable d'exploitation. La matériauthèque Siléo, qui a déjà collecté sur les six premiers mois de 2025, autant de matériaux que sur tout 2024, a vu sa fréquentation augmenter d'un tiers par rapport à à 2024.

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