La gratuité des transports en commun coûte cher et peine à détourner les automobilistes du volant, juge la Cour des comptes

Ils recommandent de recentrer les réductions tarifaires sur les critères de ressources, d'augmenter la lutte contre la fraude ou d'encourager les collectivités à publier des évaluations en cas de changement tarifaire significatif.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des passagers montent à bord d'un bus gratuit à Dunkerque (Nord), le 23 juillet 2017. (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)
Des passagers montent à bord d'un bus gratuit à Dunkerque (Nord), le 23 juillet 2017. (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Dunkerque, Aubagne, Compiègne ou encore la métropole de Montpellier. En France, une quarantaine de collectivités ont rendu leurs transports en commun gratuits pour tous les voyageurs. Mais la mesure, censée encourager des mobilités plus écologiques alors que les transports sont le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre en France, ne remplit cet objectif que partiellement, selon un rapport de la Cour des comptes publié lundi 15 septembre. Pour un coût souvent élevé : "Si la gratuité peut, dans le cas de petits réseaux, constituer une solution parmi d'autres aux problèmes de fréquentation, c'est-à-dire de sous-utilisation des transports collectifs, elle entraîne, pour les réseaux importants et étendus, des effets négatifs sur le plan financier, tout en ne s'accompagnant que d'un report modal des automobilistes très limité", pointent les magistrats.

Ils observent que, sur les plus petits réseaux, où des bus "circulent souvent presque à vide", cela permet d'augmenter la fréquentation pour un coût limité. La situation est en revanche différente dans les réseaux importants déjà bien fréquentés, où "l'instauration de la gratuité est très coûteuse, car elle s'accompagne de pertes de recettes tarifaires importantes et de coûts supplémentaires liés au nécessaire renforcement du réseau existant, davantage sollicité".

"Un rapport à charge", dénonce un maire

Ainsi, la gratuité augmente la fréquentation des transports en commun "principalement dans les centres urbains pour des déplacements de courtes distances, soit davantage au détriment de la marche et de l'usage du vélo que de la voiture", observe-t-elle. "Les tensions financières qui en résultent menacent par ailleurs les projets d'investissement nécessaires pour le verdissement des bus et le développement du réseau", soulignent les magistrats.

En conclusion, ils recommandent notamment de recentrer les réductions tarifaires sur les critères de ressources, augmenter la lutte contre la fraude ou d'encourager les collectivités à publier des évaluations en cas de changement tarifaire significatif.

Le maire PS de Montpellier, Michaël Delafosse, a rapidement dénoncé "un rapport à charge". Dans une réaction envoyée à l'AFP, il défend "une mesure de pouvoir d'achat" et "pour le climat". Selon lui, "on constate sur le territoire que la qualité de l'air s'améliore" et que la fréquentation des transports en commun a augmenté "de 27% un an après l'entrée en vigueur de la gratuité".

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