On en a la pieuvre, les tentacules des poulpes répondent à un comportement et un usage bien spécifiques

Les fameux céphalopodes préfèrent utiliser leurs bras antérieurs pour soulever et se recroqueviller. Ils privilégient, à l'inverse, leurs bras postérieurs pour faire l'échasse ou le roulement, deux techniques utilisées pour se déplacer, selon une étude.

Article rédigé par franceinfo
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Une pieuvre photographiée en mer au large de La Ciotat (Bouches-du-Rhône), le 9 juillet 2021. (ANTOINE BOUREAU / HANS LUCAS / AFP)
Une pieuvre photographiée en mer au large de La Ciotat (Bouches-du-Rhône), le 9 juillet 2021. (ANTOINE BOUREAU / HANS LUCAS / AFP)

Une nouvelle preuve de l'intelligence de la pieuvre. Ce céphalopode, que l'on appelle aussi poulpe, utilise certains tentacules pour certaines tâches spécifiques, révèle une étude publiée par Scientific Reports, revue du groupe Nature, jeudi 11 septembre. "Alors que certains humains se retrouvent avec deux pieds gauches sur la piste de danse, les pieuvres parviennent à coordonner huit bras très flexibles à travers une multitude de comportements", s'amuse le quotidien britannique The Guardian, qui a relayé cette étude.

Les chercheurs du Marine Biological Laboratory (MBL) de Woods Hole, aux Etats-Unis, ont analysé 25 vidéos de pieuvres enregistrées entre 2007 et 2015 dans six milieux différents, de la mer des Caraïbes à l'océan Atlantique. L'équipe explique avoir répertorié une quinzaine de comportements, comme ramasser un objet, se déplacer ou attaquer. "Douze actions distinctes des bras constituant ces comportements ont été définies, ainsi que les quatre déformations [flexion, raccourcissement, allongement et torsion] qui composaient chacune de ces actions", explique l'étude.

Les tentacules à l'avant privilégiés

Résultats : les pieuvres ne mobilisent pas leurs tentacules au hasard. Si tous les bras peuvent exécuter chaque action, "les bras antérieurs ont effectué plus d'actions que les bras postérieurs, tandis qu'aucune différence n'a été observée entre les bras gauche et droit", peut-on lire sur le document. Dans le détail, les poulpes préfèrent utiliser leurs bras antérieurs pour soulever et se recroqueviller. Ils privilégient, à l'inverse, leurs bras postérieurs pour faire l'échasse ou le roulement, deux techniques utilisées pour se déplacer. L'étude révèle aussi que les tentacules à l'avant effectuent plus fréquemment que ceux à l'arrière les quatre déformations possibles du bras.

Elle montre surtout que les poulpes peuvent faire plusieurs actions sur un seul bras ou sur plusieurs bras simultanément. "Cela signifie que les pieuvres peuvent être très flexibles et adaptables dans de nombreux environnements et tâches différents", a déclaré Kendra Buresch, co-auteure de l'étude, dans des propos relatés par The Guardian.

Des connaissances utiles pour la robotique

"De telles démonstrations de flexibilité pourraient éclairer les éthologues, les écologistes sensoriels, les neuroscientifiques et les ingénieurs qui conçoivent des appendices robotiques souples", estiment les chercheurs du MBL.

La spécialisation des membres a déjà été bien étudiée chez les vertébrés – primates, rongeurs et poissons –, contrairement aux céphalopodes, pour lesquels les études sont limitées. Mais la perspicacité de la pieuvre est reconnue depuis longtemps par la communauté scientifique. Elle possède un cerveau central relié à huit cerveaux secondaires... dans ses huit tentacules. Son intelligence, hors norme pour un invertébré, a été révélée au grand public grâce au documentaire La sagesse de la pieuvre, oscarisé en 2021 et en ligne sur la plateforme Netflix. 

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