Crise climatique : l'observatoire Copernicus lance un outil pour traquer les fuites de méthane partout dans le monde

Ce gaz impliqué dans le réchauffement de l'atmosphère s'échappe d'infrastructures pétrogazières mais aussi de décharges urbaines, contribuant ainsi fortement à la crise climatique.

Article rédigé par franceinfo
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Un site d'exploitation du gaz de l'entreprise Petrochina, au Turkmenistan, le 28 septembre 2023. (CFOTO / SIPA)
Un site d'exploitation du gaz de l'entreprise Petrochina, au Turkmenistan, le 28 septembre 2023. (CFOTO / SIPA)

Le laboratoire européen Copernicus déploie lundi 24 février un nouvel outil de lutte contre le réchauffement climatique. Lancée ce matin, l'application Methane Hotspot Explorer permet de surveiller et de visualiser les fuites de méthane, ce gaz à effet de serre dont le pouvoir réchauffant est 80 fois supérieur à celui du CO2. Difficiles à repérer et longtemps oubliés de la lutte contre le réchauffement planétaire, ces "panaches" de gaz s'observent principalement aux abords des infrastructures énergétiques fossiles (mines de charbon, raffineries, sites d'exploitation ou d'extraction de pétrole et de gaz), mais aussi dans les décharges urbaines et autres sites d'enfouissement. 

Dans un communiqué, Copernicus se réjouit ainsi que ce dispositif "contribue à évaluer les écarts entre les émissions de gaz à effet de serre déclarées et les observations indépendantes." Pour ce faire, l'observatoire combine ses propres données satellites et des techniques d'apprentissage automatique par intelligence artificielle, dont les conclusions sont vérifiées "par des experts humains", précise-t-il.

Détecter ces panaches de méthane "n'est que la première étape dans l'atténuation des émissions" du gaz, estime Bram Maasakkers, scientifique de l'Institut néerlandais de recherche spatiale SRON, qui a développé l'outil. Elle permet de porter le sujet à la connaissance du grand public et des décideurs politiques  "en toute transparence".

Des fuites observées partout dans le monde

L'application permet de constater que la Chine est le pays où le plus de fuites de méthane en provenance de l'industrie du charbon ont été observées, tandis que l'Inde a connu le plus grand nombre de fuites issues de décharges urbaines depuis le début de l'année. Ces émissions concernent également le continent européen : la carte interactive mise en ligne par Copernicus montre ainsi une fuite observée en continu entre le 1er janvier et le 14 février, en provenance de décharges proches de Madrid, en Espagne.

Parfois équipées d'unités de méthanisation visant à transformer les déchets organiques en biogaz, ces décharges avaient déjà été épinglées pour de telles émissions en février 2024 par The Guardian. Le quotidien britannique citait des données satellites de l'Agence spatiale européenne et de la société d'information environnementale Kayrros. 

L'outil de Copernicus met aussi en lumière les importantes émissions de méthane liées à l'activité pétrogazière du Turkmenistan. L'ex-République soviétique, connue pour sa "Porte de l'enfer", un cratère gazier en combustion continue depuis 1971 devenu une attraction touristique, est aussi l'un des pires élèves en matière de pollution au méthane. 

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