Soja, cacao, café... La France contribue à la destruction de 137 848 hectares de forêts par an à cause de sa consommation de matières premières importées
"La déforestation mondiale amplifie le changement climatique", rappelle dans un rapport l'ONG Envol vert. La COP30, organisée en Amazonie mi-novembre, doit permettre de renforcer la lutte contre ce fléau, auquel la France participe à hauteur de 23 terrains de football par heure.
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Combien d'arbres coupés pour que la France consomme du soja, du cacao ou de l'huile de palme ? Le pays détruit l'équivalent de 137 848 hectares de forêts par an, soit 23 terrains de football par heure, selon le rapport de l'ONG Envol vert publié mardi 14 octobre. Cette "empreinte forêt" correspond à la déforestation causée chaque année par la France en dehors de ses frontières en raison de sa consommation de matières premières importées.
Un chiffre alarmant pour le climat, alors que l'on sait que les forêts sont des puits de carbone actifs. Selon plusieurs études, elles séquestrent un quart des émissions annuelles de gaz à effet de serre et permettent d'atténuer les effets du changement climatique en régulant le climat aux échelles locales et régionales. La déforestation, en plus de détruire ces services, est responsable de 12 à 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, en libérant le carbone qu'elles stockent. Le sujet va de nouveau être sur la table lors de la COP30 qui se déroulera à Bélem (Brésil), en Amazonie, du 10 au 21 novembre. "Agir n'est plus un programme, c'est une nécessité immédiate", affirme l'association l'ONG Envol vert dans son rapport.
Le soja et le cacao en première ligne
Dans le détail, six matières premières sont responsables de l'essentiel de la déforestation causée par la France. En premier lieu, et de loin, le soja. Les importations françaises proviennent à 66% du Brésil et sont destinées principalement à l'alimentation des animaux qui sont ensuite consommés, ainsi qu'à l'alimentation humaine, sous forme d'huiles utilisées par l'industrie agroalimentaire, précise le rapport. Cette culture est l'un des moteurs de la déforestation en Amérique du Sud.
Le cacao arrive en deuxième position, avec un impact également très important. La Côte d'Ivoire, premier fournisseur de cacao pour le marché français, a ainsi vu sa forêt disparaître à 90% depuis les années 1960, notamment à cause de la culture intensive du cacaoyer. Suivent, dans une moindre mesure, le caoutchouc, le café, l'huile de palme et le cuir de bœuf.
Si la France est le premier pays au monde à avoir adopté en 2018 une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI), l'ONG Envol vert appelle les autorités à faire davantage, en renforçant les obligations de transparence et de traçabilité, en favorisant les filières durables et en soutenant les peuples autochtones. Les entreprises peuvent aussi agir, en mettant en place des politiques d'achat responsables intégrant des critères environnementaux et sociaux et en s'engageant dans des démarches de labellisation indépendantes. Enfin, les citoyens peuvent contribuer à réduire la déforestation en limitant leur consommation de produits contenants des matières premières à risque et en interpellant les élus sur leurs actions en la matière.
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