: Reportage Panneaux solaires : les fabricants français en difficulté face à la concurrence chinoise
La société Systovi, l'un des deux derniers fabricants qui assemblent des panneaux en France, près de Nantes, cherche un repreneur.
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Le boom du photovoltaïque ne profite pas à tout le monde. Si les Français installent de plus en plus de panneaux solaires sur les toits de leurs maisons pour produire de l'électricité, très peu sont fabriqués en France.
Face à la concurrence chinoise, l'un des deux derniers fabricants qui assemblent des panneaux en France cherche un repreneur au plus vite. Cette entreprise, c'est Systovi, installée à Carquefou, près de Nantes : 87 salariés, et 15 ans d'existence.
Une ligne de production à l'arrêt
Dans l'usine de Loire-Atlantique, seule une ligne de production sur deux fonctionne. Pourtant, les machines sentent encore le neuf. "Cette ligne de production, on a fini de l'installer complètement en octobre dernier", explique Paul Toulouse, directeur général de Systovi depuis deux ans et demi.
"Aujourd'hui, on produit entre 300 et 400 panneaux par jour. Malheureusement, une partie de cette production est stockée, parce que le carnet de commandes ne suffit pas à vendre toute cette production".
Paul Toulouse, directeur général de Systovià franceinfo
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Des panneaux deux fois moins chers en Chine
Un effondrement des commandes qui aurait débuté l'été dernier, à cause de la concurrence chinoise, explique Paul Toulouse. N'ayant plus accès au marché américain, les fabricants chinois bradent leurs panneaux solaires en Europe et "ont divisé le prix de leur panneau par deux", explique Paul Toulouse, qui illustre son propos.
"Aujourd'hui, si vous êtes un particulier, et que vous voulez équiper votre maison avec des panneaux photovoltaïques (ndlr : pour une installation globale, en plus du panneau en lui-même), il vous en coûtera en gros 1 000 euros de plus, sur une facture estimée à 8 000 euros, d'installer des panneaux français par rapport à des panneaux chinois. Tout ce qui fait la qualité de la marque ne suffit plus à convaincre les clients de payer cette différence de prix là".
Pour limiter les pertes, Systovi a réduit la cadence d'assemblage dès janvier. Désormais, les deux lignes de production de Systovi fonctionnent en alternance, avec deux équipes qui se relaient : une le matin et une l'après-midi. La direction a ainsi mis fin à des contrats d'intérim. Une stratégie insuffisante : la direction cherche donc un repreneur d'ici mi-avril. L'annonce bouleverse les salariés comme Yannick Fasseel, 46 ans. Ce conducteur de ligne a rejoint l'équipe il y 11 mois.
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"Moi, j'ai fait ce choix de faire des panneaux solaires en me disant que c'est un format d'avenir. Le choix de créer en France quelque chose qui va nous permettre de sortir du réchauffement climatique, pour que le panneau solaire français ait un nom et une existence. Et de voir ce projet brisé, c'est décevant, il n'y a pas d'autre mot. C'est la déception totale".
"Ça fait des années qu'on nous promet qu'on sera protégés"
Une désillusion aussi pour Amélie Sicard, 41 ans. La responsable des achats depuis quatre ans et demi de Systovi rappelle les discours du gouvernement sur la réindustrialisation et la souveraineté française : "Ça fait des années qu'on nous promet qu'on sera protégés, si finalement l'Europe et la France pouvait mettre des barrières ou en tout cas, une égalité par rapport à cette concurrence qui est déloyale, ça pourrait nous aider".
Il y a bien en ce moment des discussions à l'échelle de l'Europe pour changer la réglementation et valoriser les fabricants français et européens. Mais ces nouvelles mesures arriveront "trop tard" pour la direction actuelle de Systovi. D'après Paul Toulouse, les effets significatifs ne se feront pas sentir avant deux ans.
Le directeur général appelle l'Europe et la France à soutenir les entreprises locales et à "rendre l'accès au marché européen un peu moins facile pour les panneaux importés". Pour que la France reste "maître de sa transition énergétique", il plaide pour le développement d'une filière plus forte, à la fois pour l'assemblage et pour les composants. Car si Systovi assemble ses panneaux à Carquefou, le groupe importe les cellules photovoltaïques de Chine, comme la grande majorité de ses concurrents.
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