Sécheresse : des capteurs de brouillard pour récolter l'eau au Maroc

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Article rédigé par France 2 - L. Chaussay, K. Le Bouquin. Édité par l'agence 6Medias
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Fournir de l'eau à des habitants en plein désert est possible, grâce à système innovant et particulièrement ingénieux qui permet de capter l'humidité de l'air. Et si la brume devenait une source d'eau potable ? C'est ce que pratiquent les habitants de Sidi Ifni, dans le sud du Maroc.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Les oliviers d'Abdessalam Amiri sont morts, emportés par la sécheresse qui frappe le Maroc depuis six années consécutives. "Cette terre, on la surnommait Faïd, littéralement 'l’eau abondante'. Il y avait de l'eau partout, il n'y avait pas de débat. C'était une région où l'on avait suffisamment d'eau. Maintenant, si l'on veut en trouver, on doit creuser à 160 ou même 240 mètres. Mais pour forer à cette profondeur, il faut avoir de l'argent. Regardez, tout est sec. Il n'y a plus une goutte d'eau là-dedans. Il n'y a plus rien. Tout est mort. Et tout ça, c'est à cause de la sécheresse", déplore l'homme.

Abdessalam Amiri ne peut plus vendre ses olives. Les vignes aussi ont brûlé. Comme lui, de nombreux Marocains souffrent du manque d'eau. Le pays a connu des records de chaleur allant jusqu'à 50 degrés et les précipitations sont en baisse depuis plusieurs années. Les villages de montagne les plus isolés sont en première ligne. Dans le sud du Maroc, des scientifiques se sont lancé un défi : trouver de l'eau pour ceux qui n'en ont plus. Et ils ont réussi.

Grâce à d'immenses filets installés à plus de 1 200 mètres d'altitude, ils capturent le brouillard pour en extraire de l'eau. "Vous voyez ces filets-là, ils sont tridimensionnels. Donc, quand le brouillard arrive ici, il est piégé. C'est comme une espèce de toile d'araignée. Et donc l'eau, elle a le temps d'être coincée, de descendre ici. Et puis de là, ça s'en va vers la citerne qui est en bas, où tout est stocké", explique Aissa Derem, responsable des filets à brouillard, de la Fondation Dar Si Hmad.

37 000 litres d'eau par jour

L'endroit est idéal. La région de Sidi Ifni (Maroc) se couvre régulièrement d'un épais brouillard, poussé jusque dans les filets par les courants froids venus de l'océan. Le dispositif 100 % écologique permet de récolter 37 000 litres d'eau par jour en moyenne, distribués dans les villages voisins. Pour environ 4 euros par mois, les familles ont désormais accès à l'eau courante.

"Avant, ils allaient dans des puits. Et puis, avec les puits, ce n'est pas toujours garanti qu'il y ait de l'eau. Avec la sécheresse, les puits sont épuisés. Avec le changement climatique, c'est encore pire. Et maintenant, pour eux, c'est complètement... C'est un miracle. Parce que ramasser de l'eau de brouillard et avoir de l'eau avec cette abondance, c'est quasiment impossible à penser", témoigne Aissa Derem.

Aujourd'hui, près de 1000 personnes ont accès à l'eau grâce au projet. Le Maroc, qui possède les plus grands capteurs de brouillard au monde, compte installer d'autres filets pour lutter contre les changements climatiques et les pénuries d'eau.

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