Finistère : deux ans après la tempête Ciaran, l'île de Batz et son jardin botanique renaissent pour le bonheur des visiteurs
La tempête Ciaran en novembre 2023 et ses rafales jusqu'à près de 200 km/h l'avaient dévasté : le jardin Georges Delaselle, joyau botanique situé sur l'île de Batz, dans le Finistère, vit une véritable renaissance. Entre jungle, palmeraie et vue sur la mer turquoise, les visiteurs sont conquis par la balade. Le pari d'un jardin exotique sur une île bretonne semble gagné.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Sous les feuillages d'une palmeraie luxuriante, les visiteurs se transforment en explorateurs. Ce n'est qu'en scrutant l'horizon que l'on découvre que ce joyau végétal se trouve en pleine mer, à 15 minutes de bateau du continent. L'île de Batz (Finistère) est fréquemment tourmentée par des vents impitoyables. Ses deux hectares de jardin semblent comme préservés du climat breton. "Les mouettes, le vent, les plantes. C'est merveilleux", confirme un visiteur.
Le rêve d'un assureur parisien
"On penserait qu'il faut un peu plus de sec ou plus d'humidité pour certaines plantes. Et au final, on voit qu'elles se sentent bien et c'est agréable à voir", s'étonne une femme. Guénaëlle Daujon a vécu sur l'île pendant six ans. Elle connaît les moindres recoins du jardin et surtout l'histoire incroyable de son créateur, Georges Delaselle. Pour comprendre l'étendue de son travail, il faut pénétrer au cœur du jardin, dans la palmeraie. "Pour que les plantes puissent vivre, il fallait les protéger. Et pour les protéger du vent, du sel, Georges a eu cette idée de génie de construire ces jardins en escalier et donc de creuser cette palmeraie", résume l'écrivaine du Jardin de Georges.
Né en 1861, ce riche assureur parisien tombe amoureux de cette île qu'il découvre par hasard. Il achète alors un terrain quasi désertique et entreprend des décennies de travaux pour pouvoir planter ici des variétés du monde entier. Le rêve fou d'un jardin exotique en plein Finistère Nord. "Il avait envie de quelque chose qui soit de l'ordre de la démesure. Ça faisait partie de l'époque. C'est cette période de l'entre-deux-guerres. Il a commencé à travailler ce jardin vraiment comme un amateur. Et puis, au fil du temps, l'amateur est devenu pionnier de la botanique en Bretagne", explique encore Guénaëlle Daujon.
50 000 visiteurs annuels
Pour protéger son œuvre, il entoure son parc de cyprès, des arbres imposants censés garder la chaleur dans le jardin et l'abriter du vent. Mais en 2023, la tempête qui a ravagé l'île balaie tout sur son passage : 200 km/h de vent, 130 cyprès centenaires s'effondrent sous les rafales.
Benjamin Klein est aujourd'hui l'héritier de Georges Delaselle. Comme lui, il choisit chaque variété présente dans le jardin. Les cactus s'adaptent particulièrement au climat de l'île. "C'est une plante qui est originaire de Californie, qui pousse vraiment dans le désert, et qui n'avait jamais fleuri jusqu'à présent. Aujourd'hui, nous avons la chance d'avoir les premières fleurs et c'est là l'effet bénéfique de la tempête : nous avons gagné en lumière et surtout en chaleur puisqu'on s'est ouverts vers le sud", explique-t-il.
Le jardin de l'île de Batz, sans cesse réinventé et façonné par l'homme, victime parfois des colères de la nature, continue de traverser le temps pour le plus grand plaisir des 50 000 visiteurs annuels.
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