Vague de chaleur : en quoi consiste le "plan grand chaud" expérimenté à Paris cet été pour protéger les personnes sans abri ?
Alors que des températures dépassant les 35°C sont attendues à partir de samedi à Paris, le dispositif test 'grand chaud' pourrait être déclenché dès ce week-end par la préfecture.
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Distribution de "kits chaleur", maraudes renforcées, horaires élargis des structures d'accueil… Sur le modèle du plan grand froid, la mairie de Paris expérimente les mesures d'un plan grand chaud, que la préfecture peut déclencher cet été, afin d'assurer une meilleure protection des personnes sans-abri durant les périodes de forte chaleur.
Alors que le thermomètre tutoiera les 35°C en Ile-de-France, samedi 21 juin, cette expérimentation doit permettre la création d'un plan "aussi robuste que possible" pour "les étés à venir", affirme Dan Lert, adjoint à la maire de Paris chargé de la transition écologique et du plan climat, interrogé par franceinfo. Pour l'élu, ces mesures constituent "un enjeu de protection des populations les plus vulnérables face au réchauffement climatique" alors que plus de 3 500 personnes vivent dans les rues de la capitale, selon le recensement de l'édition 2025 de la nuit des solidarités. Contactée pour savoir si le plan serait déclenché ce week-end, la préfecture n'avait pas encore répondu, jeudi soir.
Quatre niveaux d'intensité
Le dispositif s'articule autour de quatre niveaux, allant de "vigilance saisonnière" à "chaleur extrême". La préfecture de Paris les déclenche, en accord avec l'Agence régionale de santé (ARS), en fonction des températures diurnes et nocturnes. Selon le niveau d'intensité, le Samu social peut bénéficier du soutien de partenaires associatifs comme la Croix-Rouge, la Protection civile de Paris ou les Restos du cœur.
"Quand il fait très chaud, on vient en renfort du Samu social, parce qu'on sait que ce sont des moments où les gens ont plus besoin de nous", explique Jeremy Blanchet, responsable des maraudes de la Croix-Rouge à Paris. Les personnes sans abri sont en effet particulièrement vulnérables durant les canicules, car il est plus difficile pour elles de se mettre à l'ombre ou de s'hydrater suffisamment. Un danger renforcé par l'état de santé général de cette population "souvent âgée, avec des pathologies latentes qui empirent avec la chaleur", poursuit Jeremy Blanchet. Entre 2012 et 2023, plus de 1 500 personnes sans abri sont mortes dans la rue durant l'été en France, selon le collectif Les morts de la rue.
Des bénévoles en renfort
Parmi les mesures mises en place à partir du 21 juin si le mercure monte très haut : l'augmentation des horaires de maraude de l'Unité d'assistance aux sans-abri (Uasa). En période de fortes chaleurs, ces policiers municipaux et travailleurs sociaux œuvrent quotidiennement jusqu'à minuit au lieu de 22 heures, selon la mairie. Idem pour les maraudes associatives : "En cas d'alerte, on essaie de mobiliser plus d'équipes pour faire de la surveillance des personnes identifiées comme les plus vulnérables", confirme Jeremy Blanchet. Durant ces rondes, les bénévoles sont vigilants aux signes d'insolation ou de déshydratation, principaux risques auxquels les personnes sans abri sont exposées. "On propose systématiquement de l'eau, on demande s'ils se sont bien alimentés. Quand c'est possible, on distribue des brumisateurs, de la crème solaire et des casquettes, mais c'est en fonction des dons, c'est très variable."
Ce renforcement est crucial car, en période de vacances estivales, "il y a moins de distributions alimentaires, moins de structures ouvertes et ça se ressent, c'est plus tendu", constate Jeremy Blanchet. Le bénévole explique que si la Croix-Rouge arrive à maintenir une activité toute l'année, les équipes sont tout de même réduites "à trois ou quatre personnes, au lieu de cinq en temps normal". La Ville essaie de compenser la fermeture des associations "en ouvrant deux restaurants solidaires supplémentaires en soirée (...) qui permettent de distribuer entre 250 et 300 repas par jour supplémentaires", d'après les services municipaux.
Des distributions de "kits chaleur"
"Cet été, dans le secteur Rivoli-Les Halles, qui rassemble un grand nombre des personnes sans abri, on expérimentera la distribution de 'kits chaleur'", assure Dan Lert. Ces kits contiendront des gourdes et des informations sur les lieux de refuge disponibles, dont les îlots de fraîcheur recensés sur le site de la mairie (églises, parcs, jardins, musées avec la climatisation), où les personnes sans abri et autres publics vulnérables peuvent se rendre.
Le 'kit chaleur' inclut également "des vêtements légers et des chaussures d'été", selon Dan Lert. Les personnes sans abri sont en effet "généralement beaucoup trop couvertes" et ne possèdent que rarement des habits adaptés à la météo, détaille Jeremy Blanchet. "Même par 35°C dehors, elles gardent leur bonnet et leur manteau." Une situation qui peut aggraver l'impact des températures sur leur santé.
En cas d'alerte canicule, la Ville de Paris prévoit enfin "l'extension des horaires d'ouverture des Espaces solidarité insertion [lieux d'accueil de jour] ouverts en continu, le week-end si nécessaire", selon la mairie. Idem pour les 14 bains-douches municipaux opérationnels cet été : la mairie déclare vouloir "garantir au moins sept ouverts en demi-journée, en même temps", pour que les personnes à la rue puissent s'y rafraîchir.
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