Lutte contre la pollution plastique : les négociations en vue d'un traité international ont échoué, la France fait part de sa "colère"

Malgré une prolongation des discussions à Genève, les différentes délégations n'ont pas réussi "à trouver un consensus", empêchant tout accord final, ont fait savoir plusieurs délégués.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, président des négociations pour un traité mondial sur la pollution plastique, ouvre une séance plénière à Genève, le 14 août 2025. (FABRICE COFFRINI / AFP)
Le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, président des négociations pour un traité mondial sur la pollution plastique, ouvre une séance plénière à Genève, le 14 août 2025. (FABRICE COFFRINI / AFP)

Les 185 pays réunis en Suisse à l'initiative de l'ONU ont échoué, vendredi 15 août, à se mettre d'accord sur un texte contraignant pour lutter contre le fléau grandissant de la pollution plastique. "Nous n'aurons pas de traité sur la pollution plastique ici à Genève", a résumé le représentant de la Norvège, au cours d'une séance plénière au lever du jour. "Après dix jours de négociations, je suis déçue et en colère", a commenté la ministre de la Transition écologique française, Agnès Pannier-Runacher, déplorant l'absence du moindre "résultat tangible".

Alors que le sommet avait été prolongé faute d'accord jeudi soir, un nouveau texte de compromis avait été proposé dans la nuit pour tenter d'aboutir à la signature d'un traité international. Mais les chefs de délégation, réunis en session informelle, n'ont pas réussi "à trouver un consensus", ont fait savoir les délégués de l'Inde et de l'Uruguay. "Le texte présenté cette nuit constitue un progrès, même s'il comporte encore beaucoup de points insuffisants. En tout état de cause, je regrette qu'il n'ait pu constituer notre nouvelle base de négociation", a déclaré la ministre française lors de la plénière de clôture.

L'avenir incertain des négociations

L'Ouganda a demandé une nouvelle session de négociation à une date ultérieure et la Commissaire européenne à l'environnement, Jessika Roswall, a estimé que Genève avait permis d'établir "une bonne base" pour une reprise des négociations. "Il nous faut maintenant reprendre rapidement les négociations sur la base des progrès réels accomplis ces derniers jours", a abondé dans ce sens Agnès Pannier-Runacher, tout en appelant à "tirer les conséquences" du processus de négociations qui s'est montré jusqu'ici "si chaotique".

Le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, qui présidait déjà aux négociations lors de l'échec de la précédente séquence diplomatique en Corée du Sud, à Busan, fin 2024, devrait donner une brève conférence de presse, selon les services onusiens. Sa méthode et le processus de négociations ont été sévèrement critiqués tout au long de la séquence diplomatique de Genève, mais souvent de manière anonyme.

De profondes divisions demeurent entre les deux camps qui se sont affrontés sur le sujet. Les "ambitieux", dont l'UE, le Canada, l'Australie, beaucoup de pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'îles, veulent nettoyer la planète du plastique qui commence à la gangréner et affecte la santé humaine, et surtout réduire la production mondiale de plastique. En face, des pays essentiellement pétroliers qui refusent toute contrainte sur la production d'hydrocarbures à la base de l'industrie plastique et toute interdiction de molécules ou d'additifs dangereux.

Les pays du Golfe dans le viseur

"Les pays qui ont mis en place cette stratégie d'obstruction sont connus : ce sont les pays producteurs d'énergie fossile, les pays du Golfe", a déploré sur franceinfo Agnès Pannier-Runacher, accusant également les États-Unis de ne pas avoir été "aidants" dans cette négociation.

"Certains pays ne sont pas venus ici pour finaliser un texte, mais pour faire le contraire : bloquer toute tentative de parvenir à un traité viable", a abondé David Azoulay, directeur du Centre pour le droit international de l'environnement. "La crise du plastique s'accélère et l'industrie pétrochimique est déterminée à nous sacrifier au profit de ses intérêts à court terme", s'est alarmée l'ONG écologiste Greenpeace, alors qu'une grande majorité des gouvernements "veulent un accord fort". "Une poignée d'acteurs mal intentionnés ont été autorisés à utiliser le processus pour réduire à néant cette ambition", a-t-elle martelé.

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