: Reportage "Il faut un traité sur la production mondiale" : sur la côte atlantique, des bénévoles luttent contre la pollution au plastique et appellent à une meilleure régulation

De la fosse des Mariannes jusqu'au mont Everest, le plastique est partout. Pour tenter de freiner cette pollution catastrophique, les représentants de 170 pays se réunissent, à partir du mardi 5 août et jusqu'au 14, à Genève en Suisse, pour une nouvelle session de négociations. L'objectif est de mettre sur pied le premier traité mondial de lutte contre la pollution plastique. Les négociations s'annoncent difficiles, après l'échec de la dernière session en Corée du Sud à l'hiver dernier.

Le constat est pourtant alarmant. Rien qu'en France, à Pornic, en Loire-Atlantique, au bord de l'océan, le cadre semble idyllique avec le soleil, l'océan et le sable fin. Mais en y regardant d'un peu plus près, la plage est envahie de plastique. Dix minutes que Sixtine, de l'association Surfrider, ramasse des déchets. "Ça donne un fond de seau bien rempli, décrit-elle. On est toujours surpris par ce qu'on trouve, il y a des mégots, quelques fragments de gobelets, des bouchons, une plaquette de médicament et également un embout de raquette de plage."

Dans le sac de Pascale, autre bénévole, même constat : "Je pense qu'on n'est pas loin des deux kilos de déchets plastiques." Car chaque marée rapporte inlassablement de nouveaux déchets avec parfois des pollutions impressionnantes. Par exemple, les plages sont envahies de ce qu'on appelle les "larmes de sirènes" (ci-dessus). Pascale préfère un terme moins poétique : "Ce sont des granulés plastiques industriels qui transitent par voie de conteneurs. Dès qu'il y a une perte de conteneur, ces petits granulés vont arriver en masse sur nos plages. Il y a deux ans, on a découvert des paquets d'algues comme s'il avait neigé dessus. "

Avec des conséquences évidemment sur la faune, qui avale ces déchets. Et il ne s'agit que de la pollution visible, car l'environnement est contaminé par les microplastiques que l'on retrouve dans l'eau, dans l'air, dans notre nourriture et jusque dans notre cerveau.

"Des pays font obstruction systématiquement" 

Il y a donc urgence à agir pour enrayer cette pollution et c'est l'objectif du sommet qui s'ouvre en Suisse. Entre 5 et 12 millions de tonnes de plastique terminent chaque année dans les océans, sur 400 millions de tonnes de plastiques produites tous les ans dans le monde. Le chiffre risque de tripler d'ici 2060 et il est donc urgent de s'attaquer au problème à la source. "L'idée, ce n'est pas d'avoir un énième traité de gestion des déchets, parce que ça, on en a déjà, mais vraiment avoir un traité qui vient agir sur la production mondiale de plastique. Et donc avoir un engagement des États pour la réduire", explique Lisa Pastor, de Surfrider.

Sauf que les pays pétroliers ne veulent pas d'une réduction de la production plastique, ce qui a fait échouer les dernières négociations. "On a eu des pays qui ont fait obstruction systématiquement, typiquement les Etats pétroliers qui voient dans le plastique une manne financière parce que plus de 99% du plastique est produit à partir des énergies fossiles", indique Lisa Pastor, de Surfrider.

Une centaine d'autres pays, dont la France, poussent pour un traité ambitieux, pour bannir aussi certains types de plastiques, les plus toxiques. Mais une source de la délégation française prévient que "la discussion sera difficile", surtout que la position des Etats-Unis va sans doute se durcir avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.