Fraude aux eaux minérales de l'usine Perrier dans le Gard : "C'est la goutte de trop", réagit la sénatrice Antoinette Guhl

L'élue, membre de la commission d'enquête sur les eaux en bouteille, déplore l'"attitude opaque" de Nestlé lors des auditions. Elle dénonce "un scandale d'État".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La sénatrice écologiste Antoinette Guhl après une visite de l'usine Perrier, à Vergèze, le 7 février 2025. (SYLVAIN THOMAS / AFP)
La sénatrice écologiste Antoinette Guhl après une visite de l'usine Perrier, à Vergèze, le 7 février 2025. (SYLVAIN THOMAS / AFP)

"C'est la goutte de trop", a réagi la sénatrice écologiste de Paris Antoinette Guhl, membre de la commission d’enquête sur les eaux en bouteille et autrice d’un rapport d’information sur les eaux minérales, vendredi 18 avril sur franceinfo, après les révélations de la cellule investigation de Radio France sur de nouveaux épisodes de contamination de l'eau au sein de l'usine Perrier de Vergèze (Gard).

Ce qui agace particulièrement la sénatrice écologiste de Paris c'est la manière dont Nestlé, qui détient la marque Perrier, a agi ces derniers mois pendant les auditions notamment de la commission d'enquête : "Je me souviens d'avoir moi-même interrogé, au mois de mars, la dirigeante de Nestlé et lui avoir demandé si les eaux étaient polluées et elle m'a répondu, sous serment, que les eaux étaient pures. Et ces révélations aujourd'hui prouvent que les eaux étaient bel et bien polluées et le sont toujours (...) C'est clair qu'il y a eu parjure à ce moment-là." Et d'ajouter : "Nestlé a eu une attitude opaque qui consistait à répéter des éléments de langage que leurs avocats leur avaient donnés."

"Un scandale sanitaire et un scandale d'État"

Et si Nestlé a pu mentir de la sorte, selon Antoinette Guhl, c'est parce que l'entreprise a pu bénéficier de l'aide de personnes haut placées. "Les mensonges étaient couverts par un certain nombre de ministres et de personnalités au plus haut niveau de l'état (...) C'est un scandale d'État. Je pense qu'il y a à la fois un scandale sanitaire et un scandale d'État", affirme la sénatrice.

Les révélations de ces derniers mois, quant aux qualités des eaux de l'usine Perrier, doivent amener une réflexion plus large, selon l'élue. "Les pollutions que nous créons en surface se retrouvent à un moment ou à un autre au niveau de nos nappes phréatiques", rappelle-t-elle. "Nous avons impérativement besoin d'écologie et d'une agriculture qui soit propre pour pouvoir garantir la qualité de nos eaux. C'est aussi un travail à plus grande échelle que nous devons accomplir parce que la qualité de l'eau est sans doute le défi du siècle à venir", affirme-t-elle.

Un rapport fin mai

Reste maintenant à savoir ce que cette usine va devenir, la préfecture du Gard doit se prononcer ces prochains jours alors que l'Agence régionale de santé d'Occitanie "préconise de ne plus autoriser la production d'eau minérale à Vergèze", comme l'a révélé la cellule d'investigation de Radio France. "Je ne souhaite pas que ce site ferme, ce que je souhaite c'est que de l'eau minérale soit produite, si elle peut être produite.( ...) Perrier a déjà inventé une nouvelle marque qui s'appelle Maison Perrier et qui n'est pas de l'eau minérale naturelle (...) C'est peut-être ça l'avenir de la marque, je ne sais pas", explique l'élue parisienne.

Les sénateurs et sénatrices doivent encore réaliser quelques rendez-vous fin avril, selon Antoinette Guhl. Elle ajoute que le rapport de la commission d'enquête sur les eaux en bouteille doit être rendu courant mai. 

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.