Reportage "Ce serait vraiment catastrophique" : les habitants de Vergèze redoutent la fermeture de l'usine Perrier après de nouvelles contaminations

Sur demande de l'Agence régionale de santé d'Occitanie, le préfet du Gard doit annoncer fin avril si l'usine Perrier de Vergèze peut garder son label "eau minérale naturelle".

Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'entrée de l'usine Perrier de Vergèze, dans le Gard, le 20 janvire 2023. (SYLVAIN THOMAS / AFP)
L'entrée de l'usine Perrier de Vergèze, dans le Gard, le 20 janvire 2023. (SYLVAIN THOMAS / AFP)

"Bien sûr, ça nous inquiète un peu", déplore Pierre*. Ce salarié de Perrier est l'une des rares personnes qui acceptent de parler à Vergèze, dans le Gard, après les dernières révélations qui touchent la célèbre marque d'eau gazeuse. La cellule investigation de Radio France rapporte que l'usine Perrier du département a subi de nouveaux épisodes de contamination, notamment par des bactéries pathogènes. L'Agence régionale de santé d'Occitanie (ARS) a demandé au préfet du Gard de retirer à la marque son label "eau minérale naturelle". Une telle décision serait dramatique à  Vergèze, où l’usine Perrier emploie un millier de personnes.

Pierre travaille chez Perrier depuis dix ans  et il s'inquiète pour l'avenir. "On se demande s'il ne va pas y avoir un plan social, quelque chose qui va être fait dans ce sens. Je pense qu'il y a des gens qui se posent des questions sur l'avenir, sur ce que l'on va devenir", explique-t-il. Une restructuration serait incompréhensible, selon Pierre, d’autant que l’usine a beaucoup investi dans le site de Vergèze ces dernières années.

"On a des formations, on a l'équipement, on est au top. Les salaires sont corrects, on n'a pas à se plaindre. On espère tous à l'usine que ça va perdurer."

Pierre, salarié de Perrier

à franceinfo

Un pack de Perrier dans le chariot

Pour que cela perdure, les salariés peuvent compter sur la solidarité des habitants. Sur le parking d'un supermarché, Emmanuel se dit "fier d'être Vergézois". D’ailleurs, dans son chariot de course, il y a un pack de Perrier. "Moi je continue à en acheter, ça ne me dérange pas", affirme ce père de famille. Il déplore ce nouvel épisode de contamination, mais ce qu’il craint surtout, lui aussi, ce sont les éventuelles conséquences sur l’emploi dans un département, le Gard, où le taux de chômage dépasse les 10%. "Ça serait le plus dramatique, parce que le travail de nos jours est difficile à avoir. Pour retrouver du travail derrière, dans les conditions actuelles, ça serait déplorable", s'inquiète Emmanuel.

Vergèze ne se relèverait pas de la perte de l’usine, selon Miguel. Cet enseignant sait tout ce que Perrier a apporté à la commune. "À l'époque des taxes professionnelles, avec toutes les taxes, il y a des infrastructures à Vergèze qui sont énormes par rapport à la taille de la ville", explique-t-il. "Il faut entretenir ces infrastructures, donc si ça venait à fermer ou si les chiffres baissaient, forcément il y aurait moins d'entrées d'argent, donc ce serait vraiment catastrophique", prévient-il.

Toute la commune attend fébrilement la décision du préfet du Gard, qui doit annoncer dans quelques jours si Perrier peut garder son label "eau minérale naturelle".

* Le prénom a été modifié

Nouvelles révélations sur Perrier : les réactions à Vergèze - Reportage de Boris Loumagne

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