Traité mondial sur le plastique : plus de 700 ONG francophones appellent à un texte "contraignant" pour lutter contre cette pollution

"Il est urgent d'agir contre la pollution plastique et la triple crise planétaire du climat, de la biodiversité et des pollutions qui en découle", alertent les signataires d'une lettre ouverte.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des déchets, dont du plastique, le long d'une route à Boissy-Levignen (Oise), le 5 février 2022. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)
Des déchets, dont du plastique, le long d'une route à Boissy-Levignen (Oise), le 5 février 2022. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)

"Nous voulons un monde libéré de la pollution plastique, pas un monde qui s'adapte à elle". Alors que les négociations pour parvenir à un premier traité mondial sur les plastiques (INC-5.2) entrent dans leur dernière ligne droite, mercredi 13 août, à Genève, en Suisse, 723 organisations francophones à travers le monde tapent du poing sur la table. Après l'échec fracassant de la précédente session de discussions sur ce sujet, elles préviennent, dans une lettre ouverte portée, entre autres, par l'ONG française Objectif zéro plastique : "Nous refusons de répéter les erreurs d'autres grands accords environnementaux : des accords ambitieux dans les mots, mais sans obligations de résultats, qui laissent chaque Etat libre de ses objectifs." "Il est urgent d'agir contre la pollution plastique et la triple crise planétaire du climat, de la biodiversité et des pollutions qui en découle", poursuivent-elles. 

Réunis depuis le 5 août sous l'égide de l'ONU, les représentants de près de 180 pays n'ont plus que quarante-huit heures pour arracher un accord visant à lutter collectivement contre le fléau de la pollution plastique. Ce texte, négocié depuis 2022, "doit être juridiquement contraignant, non seulement sur les plans d'action, mais surtout sur les résultats, avec des cibles claires et mesurables de réduction de production", poursuivent les signataires, mobilisés depuis la France, le Sénégal, la République démocratique du Congo, la Suisse, l'Algérie, l'Egypte, les Seychelles ou encore le Canada. 

Or, les tractations "sont particulièrement difficiles parce qu'une poignée de pays bloquent", a déclaré mercredi sur RTL la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, pointant les Etats producteurs de pétrole, la matière première de la production plastique. "On a beaucoup de mal à avancer", a-t-elle déploré. 

Un "jumeau plastique" de l'humanité produit chaque année 

De nombreux pays francophones ont déjà signé des déclarations ambitieuses, comme le "Nice wake up call", un appel lancé en juin, à Nice, lors de la 3e Conférence des Nations unies sur l'océan. Mais face à l'obstruction de certains pays, les ONG exhortent les Etats ambitieux à faire davantage : "parler haut et fort, sans attendre le consensus d'une minorité réticente au changement", expliquent-elles dans le communiqué de presse qui accompagne le courrier. 

"Nous fabriquons déjà chaque année l'équivalent du poids total de l'humanité en plastique (460 Mt). En d'autres termes : chaque année, nous mettons au monde un 'jumeau plastique' de notre espèce", alerte le président d'Objectif zéro plastique, Jules Vagner. "Et si rien ne change, nous en produirons trois par an d'ici 2060. Ce n'est pas une crise des comportements individuels, c'est une crise systémique", continue-t-il. 

Alors que "le plastique contamine tout et tout le monde, à chaque étape de son cycle de vie", cette "trajectoire" à la hausse "aggrave le changement climatique, creuse les inégalités, ravage la biodiversité et nuit à notre santé", poursuit la lettre ouverte, qui dresse l'inventaire des conséquences de la pollution plastique sur l'agriculture, les océans, les droits humains et les écosystèmes.

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