Affaire abbé Pierre : "Une sensation de colère et d'amertume", confie une victime, après l'annonce qu'aucune enquête ne sera ouverte

La Conférence des évêques de France (CEF), qui avait demandé au parquet de Paris d'étudier la possibilité d'une enquête, "regrette [sa] décision", "tout en la comprenant" et exprime "sa proximité aux personnes victimes".

Article rédigé par franceinfo
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Le portrait de l'abbé Pierre, accusé de violences sexuelles, dans un magasin Emmaüs à Quimper, le 16 septembre 2024. (FRED TANNEAU / AFP)
Le portrait de l'abbé Pierre, accusé de violences sexuelles, dans un magasin Emmaüs à Quimper, le 16 septembre 2024. (FRED TANNEAU / AFP)

"J'ai parlé, mais on m'a pas entendue", déplore, mardi 4 février sur franceinfo, Rachel qui dit avoir été victime à 8 ans d'attouchements de la part de l'abbé Pierre en 1973. Aucune enquête pénale ne sera ouverte pour établir des responsabilités dans les multiples accusations d'agressions sexuelles visant depuis l'été 2024 l'abbé Pierre : le prêtre est décédé en 2007 et la non-dénonciation des faits est couverte par la prescription. À ce jour, 33 victimes ont été identifiées et cette décision provoque une vive émotion pour beaucoup d'entre elles, comme Rachel.

En 1973, Rachel a 8 ans au moment où elle est subi des attouchements, un baiser forcé. Son beau-père était un ami de l'abbé Pierre. Et, dès cette époque, elle dénonce ses agressions sexuelles. "Ce n'est pas que je n'ai pas parlé. J'ai parlé, mais on m'a pas entendue", explique-t-elle. Plus de 50 ans plus tard, Rachel décrit la décision du parquet de Paris comme une douche froide : "Je tombe des nues et j'ai une sensation de colère et d'amertume. Pendant tout le mois de juillet [2024], on n'a pas arrêté de nous solliciter pour raconter notre histoire. On s'est de nouveau mis à nu et ce qui nous arrive, c'est catastrophique."

Continuer à témoigner

Rachel espérait une enquête et un procès pour, dit-elle, déterminer les responsabilités de ceux qui savaient et n'ont rien fait. Désormais, elle veut se mobiliser, témoigner pour défendre les victimes de violences sexuelles, notamment les enfants. "Ça va être mon cheval de bataille à partir de maintenant, parce que je me suis tue pendant 50 ans. Maintenant, j'ai envie d'être aussi la voix de ceux qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas s'exprimer", assure-t-elle. Rachel espere aussi que cette absence d'enquete n'empechera pas d'autres éventuelles victimes de l'Abbé Pierre de témoigner.
 

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