Procès des viols de Mazan : douze ans de prison requis contre l'unique accusé ayant fait appel, le délibéré attendu en fin de journée
En première instance, Husamettin Dogan avait été condamné à neuf ans de réclusion. En appel, face à Gisèle Pelicot, il a maintenu la même ligne de défense, niant tout viol et se présentant en victime de Dominique Pelicot.
"La honte doit changer de camp." Au quatrième jour du procès en appel des viols de Mazan (Vaucluse), jeudi 9 octobre, l'avocat général, Dominique Sié, a requis 12 ans de prison contre Husamettin Dogan, ex-ouvrier du BTP de 44 ans jugé pour des "viols aggravés" sur Gisèle Pelicot à son domicile, dans la nuit du 28 au 29 juin 2019. "Bien sûr que madame Pelicot n'était pas consentante. C'est visible sur les vidéos, il n'y a aucun signe de participation de quoi que ce soit. (...) C'est confirmé par les expertises psychologique, médicale, de madame Pelicot. C'est confirmé par divers autres accusés" du premier procès, a égrainé l'avocat général.
"Vous êtes coupable d'avoir participé, comme tous les autres, à l'œuvre de destruction massive d'une femme livrée en pâture par son mari."
Dominique Sié, avocat général, lors de son réquisitoire au procès en appel des viols de Mazanà la cour d'appel de Nîmes, le 9 octobre 2025
En première instance, le ministère public avait déjà requis 12 ans de réclusion contre l'accusé, finalement condamné à neuf ans de prison avec mandat de dépôt différé, pour raisons de santé. S'il risque de nouveau jusqu'à vingt ans de prison, cette peine semble peu probable, car elle le mettrait au même niveau que l'instigateur des viols sur la retraitée durant une décennie, Dominique Pelicot, condamné à la peine maximale en première instance. En décembre 2024, lors du premier procès, 49 autres hommes avaient été condamnés à des peines allant de trois ans de prison, dont deux avec sursis, à 15 ans, pour un homme venu à six reprises au domicile du couple.
"Vous n'avez pas compris ce qu'est un viol"
"Une victime endormie, on n'y touche pas", a rappelé mercredi dans sa plaidoirie Antoine Camus, l'un des avocats de Gisèle Pelicot, demandant à "revoir" la peine attribuée en première instance. "Oui, on a le droit de faire appel. Mais on a aussi le droit, quand on est victime, de se demander pourquoi on a fait appel", a de son côté avancé son autre conseil, Stéphane Babonneau.
Durant trois jours, l'accusé a réitéré la version selon laquelle il a été "piégé" par un Dominique Pelicot "manipulateur". Le quadragénaire assure s'être rendu au domicile du couple pour un "plan libertin", convaincu d'avoir recueilli en amont le "consentement" de Gisèle Pelicot sur le site Coco.fr. Ce dernier, désormais fermé, était utilisé par Dominique Pelicot pour contacter des hommes qui venaient violer sa femme, préalablement droguée par ses soins, à leur domicile. "Je n'ai jamais rencontré cet individu, je n'ai même jamais échangé avec lui", a assuré la septuagénaire, martelant qu'elle ne lui avait "jamais donné (s)on consentement". "On n'a retrouvé aucun écrit probant sur des prétendus échanges sur un plan à trois", a rappelé l'avocat général dans son réquisitoire.
La diffusion d'une dizaine de vidéos prises par Dominique Pelicot, où on voit l'accusé pénétrer à de multiples reprises Gisèle Pelicot alors qu'elle est nue, inerte et ronflant, a glacé la cour. Et mis à mal cette version. Tout comme le rappel, par deux enquêteurs, des propos tenus par Husamettin Dogan face aux policiers. Ce dernier a en effet reconnu que Gisèle Pelicot avait l'air "morte", lorsqu'il est entré dans sa chambre, se demandant si son mari ne l'avait pas "droguée". "C'est désespérant M.Dogan", a estimé jeudi l'avocat général. "Je pensais quand même qu'en un an, il aurait fait une introspection (...). Vous n'avez pas compris, monsieur Dogan, ce qu'est un viol", a aussi souligné la victime, auditionnée mercredi face à l'accusé.
Contrairement au premier procès, devant la cour criminelle du Vaucluse qui était composée de cinq juges professionnels, c'est cette fois un jury populaire de cinq hommes et quatre femmes, épaulés par trois magistrats, qui compose la cour d'assises statuant en appel. Sa décision est attendue jeudi après-midi.
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