Ce que l'on sait de la mort d'un adolescent de 17 ans poignardé devant un lycée à Yerres, dans l'Essonne

Six suspects ont été interpellés lundi. Le département est marqué par de nombreux affrontements entre bandes rivales.

Article rédigé par franceinfo
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L'entrée du lycée Louis-Armand de Yerres, dans l'Essonne, établissement à proximité duquel un adolescent de 17 ans est mort poignardé, le 24 mars 2025. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)
L'entrée du lycée Louis-Armand de Yerres, dans l'Essonne, établissement à proximité duquel un adolescent de 17 ans est mort poignardé, le 24 mars 2025. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Un adolescent de 17 ans est mort, lundi 24 mars, après avoir été poignardé devant un lycée de Yerres, dans Essonne, dans un contexte de rixe entre habitants de différents quartiers. C'est ce qu'a annoncé le procureur de la République d'Evry, Grégoire Dulin, précisant qu'une enquête pour homicide volontaire et violences volontaires en réunion avait été ouverte.

Franceinfo récapitule ce que l'on sait à ce sujet.

Un adolescent de 17 ans poignardé dans une rixe

Le jeune homme a été poignardé au thorax aux alentours de 17 heures, devant le lycée professionnel Louis-Armand de Yerres, établissement dans lequel il n'était pas scolarisé. Le drame est survenu lors d'une rixe entre deux bandes : l'une venue du quartier des Tourelles, à Yerres, l'autre des Hautes-Mardelles, à Brunoy. La victime était originaire du quartier des Hautes-Mardelles.

Le maire de Yerres, Olivier Clodong, a raconté à "ici Paris Ile-de-France" l'affrontement des deux bandes rivales. Il y a eu selon lui "des invectives, des insultes", entre "une vingtaine de jeunes, mineurs pour la grande majorité d'entre eux". Certains étaient "armés de bâtons, pour l'un au moins d'entre eux, d'un couteau, et même de mortiers" d'artifice.

Il s'ensuivit une "escalade, [une] course poursuite, et puis le drame, avec un coup de couteau dans le dos d'un des jeunes". "Il a été pris en charge très rapidement par les secours, mais il a malheureusement succombé à ses blessures", précise encore le maire de Yerres.

Six suspects interpellés

Le procureur de la République d'Evry a annoncé, dès lundi soir, que six suspects avait interpellés. Ils étaient toujours en garde à vue mardi matin. L'auteur du coup de couteau mortel est toutefois en fuite, a appris franceinfo de source proche du dossier.

Une montée des tensions récente entre deux bandes

Plusieurs bagarres opposant des jeunes venus de Brunoy et Yerres se sont déroulées récemment, selon le maire de Yerres. Les deux communes essonniennes faisaient en tout cas face à une "montée en puissance des invectives" entre bandes rivales.

Après cette rixe mortelle, l'élu a exhorté les adolescents "à ce qu'il n'y ait pas de match retour", affirmant qu'il s'agissait d'un drame "inhabituel" dans cette commune "très sûre" de l'Essonne. Après les faits, "la nuit a été calme, même si quelques jeunes rôdaient", a-t-il précisé à l'AFP.

L'Essonne est régulièrement secouée des affrontements entre bandes de jeunes adolescents venus de quartiers rivaux. Un quart des rixes recensées en France ont lieu dans ce département, affirmait la préfète de l'Essonne, Frédérique Camilleri, lors d'une conférence sur le sujet organisée en avril 2024.

Des moyens de police mobilisés "pour les jours qui viennent"

Une réunion s'est tenue lundi soir à la préfecture de l'Essonne entre maires du département et les services de police et de gendarmerie sur la question des rixes, a appris l'AFP, confirmant une information de BFMTV. "La semaine dernière, ça s'est pas mal agité sur les rixes, notamment sur ce secteur-là, à Brunoy… On a voulu monter une réunion pour remobiliser un peu tout le monde", a déclaré Frédérique Camilleri à l'AFP. "Je les ai informés qu'on avait engagé des CRS pour 'saturer' le terrain" après l'annonce de la mort de l'adolescent. "Je vais engager des moyens pour les jours qui viennent", a précisé la préfète. 

Des agents de sécurité de la région étaient présents devant le lycée Louis-Armand, mardi matin, aux côtés de membres de la police municipale et nationale, selon les informations de France Télévisions.

Des violences impliquant des mineurs toujours plus jeunes

Ce drame est le signe d'un "un ensauvagement des mineurs", a estimé Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, dénonçant une politique pénale "trop laxiste" les concernant. "Un mineur peut aussi être un individu dangereux. Il n'y a pas de prévention s'il n'y a pas de sanction", a-t-il estimé.

"La délinquance des mineurs, de manière générale, baisse, a tempéré le préfet de police Laurent Nuñez, mardi, dans "Télématin", sur France 2. En revanche, ce que l'on constate, c'est qu'ils sont de plus en plus impliqués dans des faits de délinquance extrêmement violents", comme des vols. Les rixes sont en augmentation et les armes blanches sont de plus en plus utilisées, puisqu'on les retrouve dans un cas sur deux, a-t-il précisé. Dans ce type d'affrontements, 80% des personnes impliquées sont des mineurs et leur âge baisse rapidement, souligne-t-il : "On est à 16 ans en âge moyen, on était à 17 l'année dernière."

"Le constat est alarmant, on a une augmentation du phénomène de bandes", avait déclaré le préfet de police, en février. Le nombre d'affrontements entre bandes rivales a doublé en un an à Paris et dans la petite couronne : vingt-six rixes ont été enregistrées en 2024 à Paris, contre 13 en 2023. Ces affrontements, dans la capitale et les trois départements de son agglomération, ont fait six morts, à chaque fois des mineurs ou de jeunes majeurs.

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